Etre blogueur démocrate est assez facile : il suffit grosso modo de publier ce qu'on pense, en essayant de se concentrer sur ce qui pourra être utile aussi à autrui. Ne détenir aucune position de pouvoir, être financièrement indépendant de tout parti ou clan, avoir pour ambition essentielle de faire avancer la démocratie, donne une liberté de parole totale.
Etre un ancien de l'équipe de campagne présidentielle est autre chose. C'est une grande expérience, une chance, un honneur, mais ça m'attache l'ombre de quelqu'un d'autre. Forcément, les personnes qui correspondent en privé avec moi peuvent se dire "c'est une étape, un intermédiaire pour entrer en contact avec François Bayrou", au propre ou au figuré - lui faire passer des idées, anticiper ses réactions, etc.
Du moins j'en ai parfois l'impression, et elle me met mal à l'aise - peut-être faudrait-il que je m'entoure de quelque mystère, que je laisse imaginer quelque impondérable poids, quelque connaissance privilégiée de stratégies secrètes ? Mais personne ne me demande de me comporter ainsi. Et c'est incompatible avec le principe de publier ce qu'on pense en toute liberté.
Plus : je crois que dans notre période de crise, penser par soi-même est la priorité suprême. S'appuyer chacun sur son expérience pour trouver les chemins de la croissance de demain - trouver les solutions pour sauver la planète, et les faire avancer.
La politique est un royaume de l'urgence et de l'immédiat : le plus efficace pour une personne qui veut s'adresser à François Bayrou serait de lire une de ses biographies, ce n'est qu'une heure ou deux d'investies. Si on veut entrer en contact avec la personne derrière le personnage, il faut commencer par faire sa connaissance. Et s'agissant d'une personne publique, c'est facile. Peu le font.
Alors que répondre à ces demandes, à ces mails ?
Voici la décision que je prends après mûre réflexion. Elle est valable jusqu'à décision contraire. Je la publie ici, ergo tous mes correspondants sont dorénavant censés la connaître !!!
- Je ne mettrai désormais dans mes mails au sujet de François Bayrou ou du siège du MoDem, que ce que je pense pouvoir publier sur ce blog.
- J'en publierai ce qui me chante.
- Je respecterai naturellement, et invite mes correspondants à respecter de la même façon, les lois qui garantissent le secret de la correspondance.
" dans notre période de crise, penser par soi-même est la priorité suprême "
Voilà une pensée on ne peut plus juste.
Une initiative dans ce sens, que nous prévoyons de démarrer cet été (ce sont des pages de travail) :
http://repdem.free.fr/mw2/index.php...
Frédéric, tu écris:
"Etre un ancien de l'équipe de campagne présidentielle est autre chose. C'est une grande expérience, une chance, un honneur, mais ça m'attache l'ombre de quelqu'un d'autre. Forcément, les personnes qui correspondent en privé avec moi peuvent se dire "c'est une étape, un intermédiaire pour entrer en contact avec François Bayrou"
Etrange comportement qui me scie...
En ce qui me concerne:
1) Je ne savais pas que tu avais fait partie de son équipe, car j'ai rejoint le mouvement en janvier 2007
2) Je t'apprécie pour ce que tu écris et penses et non pour quoi que ce soit d'autre - et tu penses librement, une rareté...
3) "La politique est un royaume de l'urgence et de l'immédiat "
Je ne le pense pas. Elle devrait être le royaume de la vision sur le long terme pour un pays. On ne peut pas gouverner un pays comme on dirige un petit voilier, mais plutôt un très lourd pétrolier... il faut voir longtemps à l'avance et poser les jalons pour le futur "voyage".
L'urgence et l'immédiat ne peuvent découler que de cette vision sur le lointain...
4) "penser par soi-même est la priorité suprême"
Absolument d'accord. C'est pour cela que je t'apprécie, car je pense aussi par moi-même au vu de mon expérience et de mes observations... je te rejoins donc sur ce plan...
Cordialement
Danièle
Entièrement d'accord avec l'esprit de ce billet,
Je comprends parfaitement votre position.
@ tous merci et Danièle, oui sur tout, mais ton point 3 est un souhait. Le monde est plein de choses qui ne peuvent pas se passer comme on souhaiterait qu'elles se passent même dans les entreprises, non ?...
Mon ami Herr B m'indique que le billet est un peu confus, on ne voit pas où je veux en venir. C'est que je trouve parfaitement logique que des personnes qui m'écrivent se disent "en lui écrivant, j'écris à quelqu'un qui était dans l'entourage de François Bayrou", c'est un fait. Simplement, je voulais prévenir une fois pour toutes, que je publierai volontiers les réponses que je leur enverrai.
Stupide petite langue de bois, (commentaire édité : suppression d'une attaque personnelle. FrédéricLN, 30 juin 2009 23:10)
Ne pas se souvenir de moi pour ce blog
Tout à fait Frédéric ! Bien connaître quelqu’un avant de lui écrire ou écrire sur lui est indispensable…
Voici le tout premier passage tiré de la première édition de la biographie écrite par Violaine Gelly en septembre 1996.
1- La trace d’une terre
Il est une catégorie d’hommes dont on ne peut rien comprendre de ce qu’ils sont si on ne sait pas d’où ils viennent. (…) Certains sont des hommes de la mer, sauvages et emportés comme la houle. D’autres sont des hommes de la montagne, âpres, courageux et rudes. François Bayrou est un homme de la terre.
- « Il existe une question essentielle qui est celle de l’identité. Les hommes deviennent fous s’ils ne savent pas d’où ils viennent parce qu’ils ne peuvent pas comprendre où ils vont », explique-t-il. François Bayrou sait d’où il vient. Il est né sur une terre qui possède sa propre histoire, qui la chérit et l’entretient. Il est né, le 25 mai 1951, au cœur du Béarn. Un pays qu’il connaît, qu’il aime, dont il parle la langue, où il continue à vivre et à retrouver les siens. Un pays dont il connaît l’histoire mais dont il a également labouré et travaillé le sol, n’ignorant rien de ses efforts qui cassent les reins et durcissent les mains. Cet attachement à sa terre, François Bayrou en a fait depuis longtemps un titre de fierté et de reconnaissance. Dans les années 80, alors rédacteur en chef de la revue du CDS, il signait des billets « Saint Signatus », référence à peine masquée d’un voile démocrato-chrétien au général romain Cincinnatus. Ce dernier, dit l’Histoire, labourait son champ lorsqu’on vint lui qu’il avait été choisi pour devenir général en chef des armées romaines en péril. Seize jours plus tard, l’ennemi vaincu, il retournait à sa charrue. (…)
...labourait son champ lorsqu'on vint "lui annoncer" qu'il avait été choisi...
Et le passage que je viens de te recopier, Frédéric, pourrait expliquer, à mon avis (Je ne prétends pas détenir seule la vérité naturellement, c’est mon ressenti, parce que depuis deux ans, j’essaye de lire et regarder tout ce qui est possible sur François Bayrou.), pourrait expliquer, donc, son échec aux dernières présidentielles !
Certes son livre « Projet d’Espoir » a suscité un engouement sans précédent dans l’Histoire, engouement parmi les personnes dites plus ou moins intellectuelles cependant, celles qui lisent les journaux et qui prennent le temps de chercher à conforter leurs convictions, qui ne veulent pas se faire imposer quoi que ce soit. Mais la plupart des électeurs ne prennent pas forcément le temps de le faire. Ils reçoivent donc toute l’information déjà formatée, l’information au premier degré. Ce n’est pas plus compliqué que ça. Et toutes ces personnes, où vivent-elles pour la plupart ?! Dans des villes justement, dans la région parisienne principalement… Un homme affirmant revenir le plus souvent possible, « chez lui », à la campagne, au calme, renie en quelque sorte -sans qu’il le veuille- mais désapprouve bel et bien toutes les personnes qui elles ne peuvent pas le faire. Ceci a été accusé par le fait que son épouse, Elisabeth, ne soit pas à ses côtés pour militer et soutenir François Bayrou du début à la fin. Elle reste en retrait, discrète, semblant ne pas vouloir risquer de lui voler la vedette. Mais certains peuvent penser qu’elle ne daigne pas s’intéresser tant que ça au projet de son mari ! Ce que la majorité des électeurs veulent en France, c’est connaître en quelque sorte toute la famille, savoir pourquoi sa femme croit en lui, ce qu’elle espère apporter ensuite en tant que « première dame de France », pour la cause des femmes, des enfants par exemple… Oui, très franchement, je crois que le fait de revendiquer une région, peut étrangement en exclure toutes les autres et cela risque justement de ne pas être bien compris. Par ailleurs, beaucoup de personnes ne sont pas forcément d’une région en particulier, soit par une naissance de parents inconnus, soit par déménagements successifs. Ces personnes aussi peuvent « ne pas se sentir concernées ».
Voilà c’est juste une explication. Comme une autre encore, pour le dernier clip des Européennes : Personnellement si j’avais eu à filmer un seul homme, ici François Bayrou, plutôt que toute l’équipe, je l’aurais fait obligatoirement d’un homme « souriant et confiant » et non pas d’un homme « triste et grave ». Le ton grave ne peut pas fédérer un large public me semble-t-il. Et quel que soit le message à faire passer ! (Evidemment je ne parle pas du cas de l’enterrement, encore que…)
Je ne sais pas ce que tu en penses Frédéric.
@ Françoise Boulanger
Voila une idée intéressante à creuser. En effet, du point de vue médiatique, François Bayrou apparait comme un homme seul non seulement politiquement, mais aussi du côté familial. Dans un monde où l'image fait tout, le retrait de Mme Bayrou peut, effectivement, être un handicap. Cependant il s'agit là d'un domaine strictement privé et seul François Bayrou peut décider de quoi que ce soit à ce sujet. Je pense tout de même que mettre le doigt dans ce type d'engrenage peut s'avérer dangereux à terme.
@ Françoise Boulanger #6 : merci pour cette citation (dont nos lecteurs apprécieront le sel sur la page http://lecanardalorangedeslandes.ov... commentaires compris). Justement, ce qui me fait le plus défaut pour mieux comprendre, "deviner" un peu, François Bayrou, c'est que je connais très mal le Sud-Ouest en général et le Béarn en particulier. Et pour le coup, les lectures ne suffisent pas, ne remplacent pas l'air du pays.
A "Avic"
Je faisais juste une réflexion par rapport aux trois situations des trois couples en lice en définitive : ce qui est sûr c'est que le seul couple encore et toujours existant et solide est celui de FB...
Il a été dit par la suite que le couple Sarko/Cécilia n'avait été que façade de campagne, pourtant sur le moment tout le monde le voyait comme idéal, glamour, collaboratif, équilibré. Le couple Sego/Hollande était déjà houleux donc pouvait paraitre fragile ! Le couple Bayrou/Elisabeth était existant mais peut-être trop discret, et lointain de Paris...
Conclusion : puisque Sarko a été élu et que ce sont les voix des personnes âgées qui l'ont fait gagner en finale, on pourrait en déduire aussi que le couple et la famille heureuse (bien que recomposée) qu'il semblait incarner avec Cécilia est toujours porteur d'une image de confiance dans la France actuelle. C'est uniquement cela que je veux dire. Je recherchai seulement une explication à l'échec d'un homme pourtant porté par des milliers de personnes enthousiastes. (Cela n'a rien à voir avec le choix de la vie privée de François Bayrou qui ne me regarde pas en effet !)
Et le fait de se revendiquer "de la terre" est-il finalement à notre époque moderne, une valeur apportant des voix favorables ? Le fait de se revendiquer du Béarn est-il payant ?! (Ah... si François Bayrou avait été du Nord et que le film des ch'tis était sorti à ce moment-là...) Les gens sont-ils bêtes à ce point ?! Non, les gens, et j'en fais partie, sont capables d'être influencés par des détails apparemment anodins.
Les personnes les plus remarquables ne sont pas forcément celles qui sont remarquées et il nous faut le comprendre si nous voulons gagner des élections me semble-t-il non ?
Là se situait ma réflexion.
Elle faisait suite aux biographies dont parle Frédéric dans son billet.
Il faut trouver le moyen de faire une campagne sans que ce soit de la manipulation cependant.
Pratiquement : comment aider les gens honnêtement et malgré eux ?!
Vous avez une idée vous ?
Je crois comprendre ton texte Frédéric, et moi-même lorsque j'ai intégré il y a maintenant longtemps un ancien groupe de travail dont tu faisais partie, je me suis dit: "ah, ce gars-là est polytechnicien et en plus il a été conseiller de Bayrou?!"
Après, il faut se rendre compte de la réelle valeur des personnes en elles-mêmes, indépendantes de leur curriculum vitae ou de leur proximité avec un personnage politique, même si je suppose que c'est moins le cas aujourd'hui.
Certaines de tes analyses sont transcendantes, et c'est bien l'essentiel.
@ Françoise Boulanger
Je suis d'autant plus d'accord avec vous que Samedi dernier, lors de Convention départementale de la Gironde, il y a eu des échanges au sujet de la visibilité de Bayrou et de son épouse et de l'impact que cela pouvait avoir. Malheureusement cela ne dépend pas de nous.
Avons-nous une idée pour être plus visible? J'en ai une que je vous livre.
Partant du constat que la plupart des partis politiques ont des slogans qui, même si souvent, ne veulent pas dire grand chose, n'en frappent pas moins les esprits et les cœurs de certains électeurs. Ces slogans suffisent souvent, à eux seuls de déterminer les contours d'un programme, même s'il n'y en a aucun. En partant de l'extrême Droite à l'extrême Gauche on peut trouver: Immigration chez Lepen, Identité nationale (volée à Lepen) et insécurité chez Sarkozy, Egalité des chances et redistribution au PS, Protection de l'Environnement et écologie chez les Verts, anti-capitalisme, Classe ouvrière, lutte des classes... Au Modem qu'avons-nous? Rien ou presque qui puissent nous définir en propre et provoquer l'adhésion en masse dont nous avons besoin. Nous prétendons regrouper à peu près toutes les bonnes idées que l'on retrouve ici et là dans les partis non extrêmes. Mais la crédibilité n'est pas toujours au rendez-vous. Par exemple, pour convaincre de notre positionnement en matière de Développement Durable, il nous faudra mettre en œuvre toute notre capacité de persuasion là où la seule présence d'un Noël Mamère suffit. Cet exemple peut s'appliquer presque à tous les cas de figures.
Il faut donc trouver quelque chose qui soit à nous, qui nous identifie. Etre enfin parmi ceux dont la seule présence suffit.
Dans tous nos discours sur les libertés, la Démocratie, le redressement économique ou le développement durable, nous avons un souci constant: la QUALITE DE LA VIE. Giscard d'Estaing avait, en son temps, crée un Ministère de la qualité de la vie. Nous pourrions nous resservir de cette notion et en faire une marque de fabrique. Cette notion va bien au-dela des simples thèmes écologiques, du pouvoir d'achat, des retraites... Elle évoque le bonheur qui est le but ultime de toute démarche humaniste. Chacun ayant sa propre notion de la qualité de la vie, il n y a rien à expliquer. A nous d'enrichir et de structurer son contenu qui sera forcément évolutif en fonction des circonstances futures ou régionales. Et les citoyens y verraient enfin notre réel désir de faire la politique autrement.
Que pensez-vous de cette idée?
@Francoise,
Je ne partage pas ton point de vue sur "les couples", je ne suis pas anti certains cloisonnements bien au contraire.
La famille, est peut-etre le seul havre de paix ou se ressourcer pour un homme public. La transparence c'est bien dans certains domaines mais tout le monde a droit à son jardin secret, il y a parfois des mélanges de style de fort mauvais gouts.
Martine, moi aussi je suis pour le jardin secret, naturellement ! Mais en l'occurence lorsqu'un homme devient public -et qui le serait plus qu'un chef d'état ?!- c'est toute sa famille, son épouse au moins qui est exposée. Comme s'il ne s'appartenait plus tout à fait. C'est un choix délibéré qu'il fait là non ? Et je ne sais pas si actuellement les français seraient prêts à voir le président de la république à Paris tout seul et son épouse rester à l'autre bout de la France, "semblant" ne pas s'intéresser au projet de son époux; c'était juste cela ma réflexion.
Mais si François Bayrou arrivait à être élu pour lui seul, sans que l'on s'intéresse à sa famille plus que de mesure, quel triomphe en effet ce serait !
Puisque ce serait le triomphe de "l'être" sur "le paraitre" !
Merci Frédéric du lien vers mon projet ! C'est vraiment sympa, surtout avec ton commentaire encourageant.
Je prépare les premières "offres"...
Merci Avic de votre réponse.
Je vois que vous êtes du sud-ouest vous aussi ?! Pour abonder dans votre sens, la proposition que vous faites de "nous trouver" une identité en quelque sorte qui nous distinguerait de tous les autres partis, rejoint ce que Frédéric soulevait ici-même sur son blog au sujet d'un slogan de 4 mots maximum. Slogan qui devrait résumer ce que nous mettons en priorité. Ce genre de débat plus technique ne doit cependant pas être fait "publiquement" en pleine lumière il me semble, car un slogan se protège, se dépose.
Personnellement j'ai moi aussi ma petite idée sur la question.
Donc suite des idées... en privé peut-être ? (Si nous voulons être efficaces et proposer quelque chose à FB lui-même, il vaut mieux sur ce plan-là redevenir prudents je crois.)
J'ai une adresse e-mail sur mon blog...