Suite aux émeutes de fin juin / début juillet 2023, j’ai relu ou réentendu des “la politique de la Ville coûte un pognon de dingue” et autres “l’Etat s’est ruiné pour les banlieues”.

AU CONTRAIRE, l’argent public va aux centres, va aux riches.

Le seul chantier de la rénovation intérieure du Grand Palais, c’est 10 ans de budget d’investissement d’Argenteuil (115000 habitants).


Si l’Etat s’intéressait “aux banlieues”, ça ferait au moins 27 ans que la grande horloge de la gare du Val d’Argent serait réparée (et je dis ça parce que je suis arrivé dans le quartier il y 27 ans. Avant, je ne sais pas.)

Les bureaux de Poste ferment par paquets. Et je ne parle pas de bureaux perdus avec 1 habitant de passage par samedi dans le bureau. Certains de nos bureaux étaient pleins à craquer.

Les collèges manquent en permanence de profs.

Des rues datent des années 1920, je crois (le joli goudron rouge).

Brûler le peu qu’on a nous appauvrit encore ; ça c’est sûr.

Les magasins défoncés, les bus à l’arrêt forcé, les salariés du McDo renvoyés chez eux (une nuit de salaire en moins), le car brûlé, ça nous enfonce encore, ça fait mal au coeur.

Mais pitié, les ami·e·s qui habitez centres villes et autres quartiers chics, épargnez vos leçons de vie aux ados des cités.

Ou alors, venez partager leur quartier, vivre avec eux.

(Déclameur, ce n’est pas mon cas ; j’habite à plus de 500 m de la cité la plus proche).


Notre agglomération parisienne est menacée d’explosion sociale, par la ségrégation croissante entre riches et pauvres.

Cette ségrégation, qui s’est manifestée en boucle sur nos écrans de télé en 2005, n’est ni un hasard ni un odieux complot ; c’est la conséquence logique des conditions sociales, économiques, techniques actuelles.

Mais il se trouve que cette ségrégation (logique, “naturelle”) des habitants et des emplois appauvrit les espaces pauvres, et enrichit à ne savoir qu’en faire les communes et départements riches.

Et cela amplifie encore la ségrégation (qui aura envie de s’installer dans des rues défoncées, d’envoyer ses enfants dans des écoles vieillotes, de payer des taxes locales qui s’envolent dans des villes surendettées ?).

Et cela augmente les risques d’explosion.

Ce ne sont pas un métrocade ni un soutertrain à plus de 50 milliards d’euros, passant à des kilomètres de chez nous, qui changeront cela.

Ce serait - pour commencer - une répartition équitable des ressources fiscales entre communes, entre collectivités locales, fonction des services qu’elles ont à rendre, pas de la valeur du foncier.

C’était la seule raison valable pour avoir créé les communautés de communes, agglomérations, etc. (malgré leur millefeuilles paralysant, réserve à consultants en rédactions de projets et désentortillages de finances locales).

Et elle n’a pas lieu. Le Grand Paris ne partage pas.


La 1ère partie de ce billet est reprise de ce fil twitter. La 2ème partie, de ce billet de 2009.