Il y a deux mois, j'ai commis un billet "Pour réconcilier François Bayrou et Patrick Lozès...". Je parlais du besoin de chaque personne d'être reconnue comme une personne, et de la souffrance de celles et ceux qui sont "barrés" simplement à cause de la teinte de leur peau ou de la consonance de leur nom. Je n'y connais presque rien, je citais juste François Bayrou. Et Patrick Lozès.

J'avais été surpris, un peu, par certains des commentaires, et avais moi-même commenté "réduire les cultures noires à un ensemble de difficultés socio-économiques qu'il s'agirait de résoudre par une politique égalitaire, on ne peut répondre à ça que par un grand éclat de rire, que j'espère libérateur :-o0O"

Une libération de la parole, lemonde.fr y a contribué à grande échelle en publiant un simple témoignage de son journaliste Mustapha Kessous, suite à la blague dont M. Hortefeux n'a regretté que les conséquences. Cet article "a suscité un nombre record de réactions, sur Lemonde.fr et par courriel : encouragements de lecteurs "horrifiés", réflexions et récits personnels."

J'en conseille vivement la lecture. Chacun donne à wum[1] le bruit et l'odeur de la vie vécue. Pas un seul de ces témoignages n'utilise la novlangue "divers" ou "diversité", c'est dire.

Je regrette juste deux choses, le titre et la chute.

Lemonde.fr conclut la série par une phrase peu représentative des autres témoignages. Il y a des "esprits ouverts", écrit Camille. Quant aux "parasites", ce "sont le plus souvent des 'péquenauds' méfiants ... plutôt que des racistes purs et durs (allez, il faut s'en persuader, c'est bon pour le moral !!!)".

Soit, et Camille a besoin d'espoir, puisque, écrit-elle plus haut : "Quand je parle des préjugés qui pourrissent la vie au quotidien, je vois bien l'agacement chez certains de mes amis, alors je préfère balayer le sujet, et en même temps mes angoisses pour mes enfants."

Lemonde.fr juge-t-il si important de nous remonter le moral, ou de se remonter le moral ? Il y a peu d'années, pour parler d'une des personnalités les plus riches et corrompues de la planète, l'éditorialiste du Monde avait employé l'expression "comme un chef africain"[2]. Qu'y connaît-il, Le Monde ?...

Quant au titre donné par la rédaction à cette série de témoignages, c'est "Etre français d'origine arabe en 2009".

Pourquoi pas "arabe d'origine française" ?

L'arabité est-elle rejetée dans un passé originel, quand on a une carte d'identité française ?

C'est d'autant plus étrange qu'il y a dans ces témoignages à peu près autant de Noirs que d'Arabes. Le Monde aurait-il pu titrer "d'origine noire" (mais Français donc délavé ?...).

Enfin, pour se remonter le moral nous aussi, lisons des choses grandes, fortes et passionnantes comme La pensée noire, l'anthologie publiée par Le Point. Et les Rêves de mon père.

Notes

[1] "sentir" et "entendre", en moore.

[2] Je leur avais écrit, d'ailleurs. Ne rien laisser passer.