10km_mai.jpgJe n'avais rien au programme hier dimanche. Avant-hier samedi, je voyais que je n'aurais pas tout à fait assez d'énergie pour attaquer la montagne de travail en retard, et trop besoin de soleil pour que traînasser sur le web orange me fasse du bien.

Renseignements pris par mail, mes collègues de club allaient courir à Montsoult le 10km ou le semi-marathon de La Croix Verte. Va pour un semi.

J'ai couru mon premier semi l'an dernier à la même date, celui de la Goële. Je m'étais entraîné assez correctement. J'étais parti en coupant le moteur, dans la foulée d'un Vétéran avec un grand V : foulée chronométrée, chevelure grise et bouteille d'eau à la main - tout d'un sage de la course de fond. Je m'étais abreuvé et nourri soigneusement à chaque ravitaillement. J'avais accéléré au fur et à mesure, et dans les derniers kilomètres, j'avais eu l'impression de doubler comme un avion quelques randonneurs épuisés et assoiffés. J'étais arrivé en pleine forme, super content de cette première expérience, avec un chrono médiocre. "Niveau départemental" dit-on gentiment pour les vétérans - si j'étais encore senior, ça ne serait pas un niveau du tout.

J'ai donc couru, hier, mon deuxième semi.

Pour trouver le bon rythme, j'avais repéré dans le classement de l'an dernier où je devais me situer, autour de la 8ème place ; mais c'était plus compliqué cette année, le 10km et le semi partaient ensemble. Je me suis calé autour de la 20ème place, puis j'ai vu mes deux camarades de club dix mètres devant, je les ai rejoints pour partager quelques hectomètres - j'étais déjà dans l'orange. Je me suis bagarré pour tenir la foulée de concurrents jusqu'au 9ème - puis il s'est avéré que mes voisins couraient le 10 - quand la 2ème boucle a commencé pour le semi, je suis étrangement passé en 4ème position et je me suis dit "là, c'est grave". La suite l'a été. Long décrochage, mal aux orteils dans mes chaussures de course trop petites, mal aux jambes, fatigue générale.

On voit quand on ne va pas vite : quand vous n'avez personne derrière vous, et soudain un coureur vous rattrape, vous l'accrochez trois cent mètres et à la première côte il s'envole, comme un avion.

Moteur en première dans chaque côte. Début de point de côté.

On entend quand on ne va pas vite : le bruit de la semelle qui frotte - ça c'est grave de grave - c'est quand la foulée est tellement affaissée qu'une jambe dépense de l'énergie à freiner l'autre[1].

Rester debout - regarder les épaules de celui qui est devant s'il y en a un - dégager la poitrine pour respirer - relancer de partout où on trouve de la relance - les coudes, les hanches, les épaules - et sentir, du haut en bas, qu'on se traîne quand même.

Dans un jeune temps très éloigné, je faisais mon footing sur "Beat It", parfois avec le walkman (je n'ai jamais su faire mon footing lentement). Hier je me demande quel tempo aurait été assez lent pour faire l'affaire, à part un requiem.

Au fond, si hier j'ai cédé à la tentation de partir trop vite, ça devait être pour me tester - pour savoir si à 43 ans je pouvais encore tenir la fatigue, la douleur, si je pouvais encore faire le show - j'avais pris 200mg de kétoprofène la veille pour mes épaules calcifiées - mais n'est pas Michael Jackson qui veut !!! J'ai fini tout à fait vivant, vidé mais vivant. En 3 minutes de plus que l'an dernier. Une éternité : 10 secondes de plus par kilomètre, deux tiers de kilomètre-heure de moins.

L'an prochain, promis juré, je prendrai le bon rythme dès le début. Je gérerai la fatigue. J'aurai des chaussures de marathon. J'aurai ma bouteille d'eau comme cette année et ma montre comme l'an dernier.

La troisième fois sera la bonne.

Notes

[1] Ce n'est pas du tout ce que vous voyez sur la photo, et pour cause, elle date de mai aux 10km de Fontenay-le-Fleury.