Nous disions donc : quelle stratégie permettra à la France de conquérir les nouveaux territoires du numérique, et ainsi, de retrouver une économie compétitive, une société rayonnante, un développement durable ?


Parlons d’abord de l’informatique financière. Ce n’est pas seulement une informatique comme un autre ; elle transporte et elle modélise l’argent, elle joue ainsi un rôle de circulation sanguine pour l’ensemble des entreprises et des services publics.

Or la finance a développé, depuis un quart de siècle, une modélisation informatique tournée essentiellement sur elle-même et sur ses fameux « produits dérivés », de plus en plus déconnectés des réalités économiques et sociales[1].

La finance a développé, en même temps, ses propres connexions, ses propres canaux de communication internationaux qui lui permettent d’échapper à la fiscalité et aux lois. Depuis 20 ans, les administrations financières ont abdiqué, elles ont laissé les acteurs privés, les seuls qui semblaient détenir l’information sur ce qu’ils faisaient, prendre ou inspirer les décisions politiques qui les concernaient.

La priorité numéro 1 d’un Ministre des Finances devrait être de reprendre le pouvoir. C’est à dire, de comprendre ce qui se passe dans la bulle financière mieux que les acteurs privés de la finance, de modéliser mieux qu’eux, d’avoir un temps d’avance sur leur réflexion. C’est à cela que devrait servir notre recherche publique en finance ou notre Inspection des Finances.

Un exemple : le G20 avait décidé que toutes les transactions sur produits dérivés soient déclarées sur un registre électronique central, d’ici fin 2012. Cela permettrait enfin de les contrôler, et/ou de les taxer, par exemple en créant la fameuse taxe Tobin. A dix semaines de l’échéance, où en sommes-nous, où sont les décisions politiques pour reprendre le contrôle de la bulle financière en s’appuyant sur de tels outils ?


Suite au prochain n° !

Notes

[1] Vous savez : leurs « sous-jacents »