karaba1.jpgIl y a quelques jours, Gulli a diffusé "Kirikou et la sorcière". Nous l'avons revu avec plaisir et émotion.

Spontanément j'appelle ce film "Karaba", tellement ce personnage domine le film.

Qu'est-ce qu'une sorcière ? Une personne blessée qui, ne trouvant pas de saveur à sa vie, s'acharne, pour surnager parmi les Autres, à les priver de la saveur de leur propre vie.

J'y repensais il y a quelques jours à l'occasion du triste billet de Christophe sur la "haine". Je commentais chez L'Hérétique : je me souviens d'avoir, dans ma vie professionnelle, subi, avec d'autres collègues, une engueulade qui me semblait non seulement injuste (tout le monde peut se tromper) mais de mauvaise foi. Je ne me suis plus senti capable ensuite de travailler avec la personne qui s'était comportée ainsi. Une autre collègue m'avait dit à juste titre "tu n'es pas assez politique". C'est-à-dire, en l'espèce, pas assez limace, je présume.

Il y a quelques mois, j'ai lu chez Anselm Grün[1] une description de cette situation dans laquelle je me suis bien retrouvé (même si la personne en question n'était pas mon supérieur hiérarchique).

Quand les supérieurs hiérarchiques souffrent d'un complexe d'infériorité, la situation devient difficile... le chef va essayer d'écraser ses collaborateurs, en particulier ceux qui le contredisent.

La première chose à faire est de prendre des distances par rapport à un tel chef. ... L'important, ici, est d'échapper à l'emprise de l'autre et de laisser sa soif de pouvoir tourner à vide. ... Il finira peut-être par laisser tomber lui-même cette mise en scène. ... Mais ... certains ... choisissent de passer toute leur vie abrités derrière leur pouvoir, quitte à vivre en permanence dans la peur ... Dans ce cas, toute tentative de faire évoluer les choses est vouée à l'échec. ll faut alors soit se protéger, soit quitter l'entreprise.

Et si on a de solides raisons de ne pas la quitter ?

On ne peut que rester ferme dans ses convictions et, éventuellement, résister au supérieur hiérarchique si on a confiance en sa capacité d'évoluer. Si je ne me laisse pas paralyser par la peur de sa réaction, ... je pourrai me comporter vis-à-vis de lui en toute liberté. Sa réaction lui appartient : s'il réagit en enfant blessé c'est son affaire. ...

L'important est la confiance que l'on met dans la force du bien. Il finira par s'imposer un jour ou l'autre.

Karaba2.jpgKirikou a été pour Karaba ce "Noël" là.

Je n'ai pas eu le courage d'envoyer le DVD à la personne en question (et aurait-ce été très judicieux ?). Je lui souhaite modestement, à la cantonade sur ce blog, "Noël" et une heureuse année. Je lui souhaite de sentir qu'on l'aime. Non la force, mais la faiblesse. Non ce qui impose le respect, mais ce qui respecte. Je lui souhaite la joie immense de la guérison.

Le temps et l'âge ne font rien à l'affaire.

"Fais que j'entende les chants et la fête : ils danseront, les os que tu broyais." (Psaume 51)

Notes

[1] "Vie privée, vie professionnelle : comment les concilier", Desclée de Brouwer 2006, pp. 77ss