Comme je suis à bloc ces temps-ci, il est peu probable que je puisse aller à l'Université de rentrée du MoDem. Je regrette certes les Universités d'été organisées par les Jeunes (UDF à l'époque) - ceux-ci ont souvent montré une débrouillardise, un esprit d'initiative, une envie, qu'on ne peut raisonnablement exiger d'équipes permanentes. Mais là n'est pas l'essentiel. C'est le contenu qui compte.

Alors, quel contenu me semblerait valoir la peine de consacrer trois jours, et le budget afférent, en pleine rentrée des classes ?

Eh bien, trois choses : les élections régionales, les régionales et les élections.

François Bayrou a annoncé le 4 juillet que le Mouvement adopterait une "stratégie cohérente au niveau national et pas une stratégie différente dans chaque région ... Nous allons y réfléchir à partir de notre université de rentrée."

Le programme en ligne annonce simplement "un temps de réflexion ... réservé à la préparation des élections régionales du mois de mars prochain (compétences de la région, problématiques régionales…)".

Ça me semble ... mériter d'être précisé.

Le minimum me semblerait être de consacrer 26 sessions simultanées, durant chacune deux demi-journées, aux 26 régions françaises. Chacune réunirait les militants de la région, avec un animateur extérieur à la région. Chacune serait consacrée à faire émerger les attentes des habitants de cette région et les grands axes d'un projet démocrate pour cette région.

Il faut, bien sûr, des méthodes professionnelles d'animation - pour le remue-méninges, l'organisation des idées, la synthèse. Ça tombe bien : le MoDem regorge de très bons professionnels en animation de travail collectif, et a l'expérience de cette façon de travailler.

Puis une réunion de synthèse, avec des rapporteurs et les animateurs, dégagerait les moteurs possibles de notre campagne à l'échelle nationale, les lignes communes qui s'imposeront à chaque région.

On repartirait de la Grande Motte pour 6 mois de campagne avec une feuille de route claire et complète, avec un engagement commun déjà présentable aux électeurs, aux médias.

Resterait bien sûr à tenir les instances qui entérineraient le tout - le préciseraient, l'amenderaient aussi - et accorderaient les investitures. Mais selon ma courte expérience, le plus rare et cher dans un mouvement politique, c'est l'impulsion commune. Une fois celle-ci créée, ça déroule.

Si l'Université de rentrée est bien consacrée à construire ce mouvement commun dans chaque région, j'aurai bien envie d'y aller ![1]


Il y a un 2ème choix qui ferait aussi mon affaire : que chaque Région organise une session d'un week-end courant septembre, ouverte à ses militants, sur le même principe (ça permet de faire participer plus de monde, mais ce qui sera difficile, ce sera de converger entre Régions).

Dans ce cas, l'Université de rentrée devrait être une Université stricto sensu, consacrée à la formation pratique des militants. Conception de tracts et d'affiches. Relation presse. Interview radio. Débat public. Rédaction de communiqué. Enfin bref, tous les "actes militants" répertoriés sur le Forum démocrate. Nous sommes un Mouvement d'amateurs ès militantisme politique, nous avons tout à apprendre ? Apprenons-le !

Bien sûr, c'est au programme ("offrir une formation de qualité (..., training audiovisuel…) grâce à la présence de formateurs reconnus"), mais l'expérience d'Universités passées m'incite à la prudence. Training audiovisuel limité à quelques dizaines de personnes puis annulé ... atelier "campagne" organisé un petit nombre de fois dans une petite salle avec un seul formateur ... C'est tellement plus facile de monter un "atelier" sur un thème vaguement programmatique (genre l'avenir de l'agro-industrie) et de faire discourir dix minutes chacun une brochette de quatre ou cinq "sachants"... Et ça fait tellement plus plaisir aux invités, à leurs institutions respectives, aux gens d'influence au sein du parti ... que la tentation est grande. Et sans doute, ça fait aussi plaisir à quelques participants, qui apprennent des choses, plus efficacement et plus agréablement qu'en lisant le journal. Mais quel impact sur nos résultats aux prochaines élections ? Et sur la survie du Mouvement ?

Disons que je serais rassuré si le programme garantit à chaque participant dix heures de formation entièrement pratiques sur tous les aspects d'une campagne - en gros, de quoi être un "directeur de campagne" efficace dans son canton pour les cantonales qui ont lieu, 6 mois plus tard, dans la moitié de la France, soit 2000 cantons.

Et là encore, dans cette 2ème option, je participerais volontiers !

Notes

[1] Complément. Sur le même billet publié via Facebook, une amilitante me recommande de participer aux commissions thématiques (régionales ou nationales, ce n'est pas précisé). En fait, j'ai animé 8 des 10 commissions de l'époque pendant un an environ, j'encourage vivement à participer aux commissions actuelles ! Je crois cependant que pour sortir du train-train baratin, il faut un dispositif plus exigeant et plus concentré dans le temps. Un projet collectif ne peut émerger que si chacun dépasse sa propre expérience, son positionnement, ses attentes, pour se mettre à la place du citoyen "non-démocrate" et se dire "pourquoi je voterais ?". Ce décalage demande du temps, une forme d'énergie sociale qu'on ne trouve pas en réunissant un soir de semaine six personnes fatiguées par leur journée ; et une animation rigoureuse, au service du groupe, par une personne sans lien avec le sujet. En tout cas c'est ce que je pratique et vends à titre professionnel, j'aurais mauvaise grâce à prétendre que la seule bonne volonté militante permet de s'en passer ;-)