L'IAURIF, c'est un organe de la Région Ile-de-France. Je viens d'être "sondé" au téléphone par un enquêteur se réclamant de l'IAURIF. Jusqu'à la moitié du questionnaire, sans doute - 12 minutes en tout cas.

La plupart des questions portaient sur le sentiment d'insécurité et d'abandon dans les quartiers. J'ai répondu de mon mieux.

Puis l'enquêteur m'a posé une question difficile :

Parmi les 4 causes suivantes de la délinquance, laquelle vous paraît la plus importante ?

  • la justice est trop indulgente
  • il n'y a plus de moralité
  • il y a trop de chômage
  • il y a trop d'étrangers en France.

J'ai répondu : aucune des quatre.

Vous pouvez vérifier :

  • La justice est rarement indulgente. Ce qu'on peut lui reprocher, c'est d'être souvent trop lente. Mais le problème amha, c'est plutôt la police qui traîne à accepter de prendre des plaintes en cas d'incivilités, vandalisme, menaces… (si si, j'ai des cas…). C'est cela, non la justice, qui donne une atmosphère d'impunité.
  • Tout le monde nous dit qu'on est dans une époque morale… On traque comme horreur suprême la pédophilie qui était (hélas) tolérée hier jusque dans de grandes institutions… La morale devient peut-être de plus en plus privée, de plus en plus tournée vers la liberté individuelle. Le civisme, oui, peut manquer. Mais dire qu'il n'y a plus de moralité, c'est franchement stupide.
  • Trop de chômage ? Oui, c'est le problème numéro 1 que les politiques devraient affronter. Mais les collégiens violents, ils sont au chômage, peut-être ? Dans la société de "plein emploi" des années 50-60, la délinquance ne manquait pas, que je sache.
  • Trop d'étrangers ? Mais il y en a toujours eu autant qu'aujourd'hui, depuis des décennies sinon plus. Et ce "jeune immigré de seconde génération" qui semble être, pour beaucoup de gens, la figure-type du délinquant, il n'est ni étranger ni immigré. Il est, a priori, Français né en France…

Eh bien, il fallait que je réponde par une des quatre.

L'enquêteur a, très poliment, insisté, insisté.

Son logiciel n'acceptait sans doute pas de "autre" ou "sans réponse".

J'ai fini par dire qu'on ni dans la Tunisie de Ben Ali, ni (etc.) : il n'a pas à m'imposer d'exprimer une opinion qui me semble stupide.

Alors il m'a "prié de patienter une seconde". Il est sans doute allé interroger son superviseur.

Au retour, il m'a expliqué que si je n'acceptais de choisir aucune des quatre réponses, il ne pourrait pas poursuivre l'interview. Qui s'est donc terminée.

Les 4 causes auront 100% au total. Tant pis pour la lutte et tant mieux pour la délinquance.