Mes 8 jours au Faso, sans transfo pour mon mac, m'ont permis de terminer enfin la lecture de "L'audace d'espérer : un nouveau rêve américain".

Quelques passages, pour les obamaniaques et les autres !

Dans la presse, vos propos ne seront pas publiés si vous déclarez "je comprends l'opinion de l'autre" ou "le problème est vraiment compliqué". ... L'homme politique d'aujourd'hui ... ne ment pas forcément, mais il sait que ceux qui disent la vérité ne doivent pas s'attendre à être récompensés. ... (Et si, par) honnêteté personnelle, il ... tient (à) dire la vérité telle qu'il la voit,... il le fait en sachant que ce qui compte, ce n'est pas qu'il croie à son opinion mais qu'il ait l'air d'y croire, ce n'est pas qu'il parle franchement mais qu'il ait l'air de parler franchement à la télévision.[1]

En poussant (encore plus loin) la "révolution conservatrice"..., les républicains livrent la dernière guerre, celle qu'ils ont engagée et gagnée dans les années 1980, tandis que les démocrates sont contraints de mener une bataille d'arrière-garde en défendant le programme du New Deal des années 1930. Aucune de ces stratégies ne marche aujourd'hui. L'Amérique ne peut rivaliser avec la Chine et l'Inde en réduisant simplement les coûts et le rôle de l'État ..., elle ne peut pas non plus se contenter d'ériger des barrières douanières.[2]

En 1980, le P-DG moyen touchait 44 fois le salaire d'un travailleur payé à l'heure. En 2005, le rapport était de 265. Des porte-voix conservateurs (expliquent que ces rémunérations) sont nécessaires pour attirer des hommes de talent et que l'économie marche mieux lorsque les P-DG de l'Amérique sont riches et heureux. Mais l'explosion de leurs rémunérations n'a rien à voir avec leurs compétences. En fait, certains des patrons les mieux payés du pays ont pris des décisions conduisant à d'énormes baisses des bénéfices, ..., à des licenciements massifs, ... Les Américains ont conscience des dégâts qu'une telle éthique de la cupidité a causés à notre vie collective. (Selon une enquête), ils considèrent la corruption au gouvernement et dans les affaires, la cupidité et le matérialisme comme deux des trois principaux problèmes à résoudre, (la préoccupation classée n°1 étant) la nécessité "d'inculquer aux enfants les bonnes valeurs".[3]

Les milieux d'affaires prétendront qu'une main d'oeuvre plus syndicalisée privera l'économie américaine de sa souplesse et de sa compétitivité. Mais c'est précisément à cause d'un contexte mondial plus concurrentiel que nous devons souhaiter que les travailleurs syndiqués désirent collaborer avec leurs patrons... et la condition première en est qu'ils reçoivent une part juste d'une productivité plus élevée.[4]

Warren Buffett m'avait invité à Omaha pour discuter de politique fiscale. ... "Le marché est le meilleur mécanisme jamais créé pour faire l'utilisation la plus efficace des ressources" (dans le processus de production), m'a-t-il dit. "L'État ne le fait pas très bien. Mais le marché n'est pas aussi performant pour garantir que la richesse produite soit répartie équitablement ou utilisée judicieusement. ..." J'ai demandé à Buffett combien de ses collègues millionnaires partagent son opinion. "Pas beaucoup", m'a-t-il répondu en riant. "Ils estiment que c'est 'leur' argent et qu'ils doivent le garder jusqu'au dernier centime." L'opinion de Buffett n'est pas forcément le signe d'un coeur tendre. Elle indique plutôt que, pour apporter une bonne réponse à la mondialisation, ... il faudra ... la volonté de placer nos intérêts communs et ceux des générations futures avant les opportunités à court terme.[5]

Le mécontentement devant la situation des cités (insécurité, trafics...) ne se (limite) pas aux Blancs. ... En privé,... des Noirs se plaignaient souvent de l'érosion de l'éthique du travail, des parents démissionnaires et du déclin des moeurs sexuelles avec une virulence qui aurait fait l'envie de la fondation Héritage. ... L'attitude des Noirs à l'égard des causes de la pauvreté chronique est bien plus conservatrice que les hommes politiques noirs ne veulent bien l'admettre. Vous n'entendrez cependant jamais des Noirs utiliser les mots "prédateur" pour désigner un jeune d'une bande ou "marginales" pour qualifier les mères vivant de l'aide sociale ... Pour les Américains noirs, se séparer ainsi des pauvres n'est jamais un choix possible ... Les Afro-Américains comprennent que la culture compte mais qu'elle est le fruit des circonstances.[6]

70% des familles avec enfants ont les deux parents, ou le parent unique, qui travaillent. Il en est résulté ce que ma conseillère ... Karen Kornbluh appelle la "famille jongleuse" dans laquelle les parents se décarcassent pour payer les factures, s'occuper des enfants, maintenir leur foyer et leur couple. Garder toutes ces balles en l'air pèse lourdement sur la vue familiale.[7]

La mondialisation fait dépendre notre économie, notre richesse et notre sécurité d'événements qui se déroulent de l'autre côté du globe. ... Que cela nous plaise ou non, si nous voulons rendre l'Amérique plus sûre, nous devons d'abord rendre le monde plus sûr.[8]

Notes

[1] pp. 159-162 de l'édition poche.

[2] p. 197.

[3] p. 83.

[4] pp. 226-227.

[5] pp. 236-238

[6] pp. 313-314

[7] p. 410.

[8] p. 373.