Un bourg, si ce n'est une ville.

Pour la carte géographique, c'est l'orée des champs ; pour la télé et Ségolène Royal, c'est une banlieue ; pour la gauche c'est le souvenir d'une forteresse ouvrière ; pour la droite, le fantasme d'un quelque chose "que nous aimons" d'avant l'industrie ; pour Karl Marx c'était un lieu de villégiature ; pour Claude Monet, une galerie de formes, de couleurs et de paysages tout près de ses clients parisiens ; pour ses habitants, ce sont sans doute trois villes (avec Orgemont et le Val-Notre-Dame) et non une ; pour le Parisien suffisamment haut placé, une ligne de collines qui ferment l'horizon ; pour l'athlète, c'est un 10-kilomètres.

Jacques-Antoine Dulaure, peu avant la Révolution — nous étions à l'époque la plus grande commune viticole de France — nous a donc définis ainsi :

"Si ce n'est une ville, c'est un des bourgs les plus beaux de l'Europe".

C'est dans cet esprit exactement que la Municipalité a tracé le nouveau parcours des 10 kilomètres, ce dimanche 9 octobre[1].

Je l'ai testé pour vous !

Départ près du milieu du pont, face à l'ancienne île où tout a commencé ; c'est aussi la première image de la ville pour beaucoup de visiteurs, au moins perplexes devant le pignon de mur bariolé et torturé auquel M. Pignon a donné le nom de Vingtième Siècle.

Puis 1,5 km de mise en jambes sur le plat : passage devant l'ancienne Poste, retour dans la rue marchande "PVC" et traversée de ce qui reste de vieille ville, en passant devant la basilique Saint-Denis.

Puis 4 km de montée vers les Coteaux qui, pour leur gypse aux reflets d'argent, ont donné son nom au lieu. Montée progressive, sans raidillon, accessible aux coureurs de tous âges et de toute état de forme ! Tour de la mosquée, passage tout près de la synagogue, puis par les petites rues anciennes, on arrive à mi-course..

À mi-course donc, le ravitaillement, juste avant le vignoble (qui vient d'être vendangé le 1er octobre). On ne fait que longer le coin maraîcher de la plaine agricole (plaine de Mainville), mais assez pour prendre l'air et le vert.

Une fois en haut du centre de loisirs désaffecté où se tenait chaque année la Fête Médiévale, on part pour 2 bons kilomètres à flanc de coteau, avec de petits ressauts qui peuvent casser le rythme du coureur fatigué : attention à ne pas tout brûler dans la montée !

Peu après le passage aux 7 km, on tourne à droite sec dans la rue Marcel Loffel, face à la plaine de Paris — le panorama qui fait du mont Trouillet un des plus jolis sites d'Ile-de-France.

La côte dégringolée, il reste à longer la voie de chemin de fer qui fit jadis venir les usines, "délocalisées" depuis Paris, et qui ainsi fit sans doute fuir Monet. Descendre encore Jean Allemane, traverser les indices épars de notre ancienne industrie automobile — quand nous étions le 2ème pôle industriel d'Ile-de-France après Paris.

Et sprinter entre les arbres au carré, façon années 60 "comme un arbre dans le ville", du boulevard Léon Feix, jusqu'à la Mairie et la ligne d'arrivée.

Si ce n'est 10000 m de championnat du monde, c'est un des 10-kils les plus beaux de la région — et peut-être de l'Europe, qui sait.

Il reste possible de s'inscrire … de 8h30 à 9h30 ce dimanche, au tarif substantiel de 13 euros.

Autre option : mes camarades du MoDem feront de 10h à 12h une promenade sur le même parcours. Occasion de découvrir ce qu'est devenu "un des bourgs les plus beaux de l'Europe", Argenteuil !

Notes

[1] Déplorons au passage ce changement de date qui, une fois de plus, nous met le même jour que le 10-kilomètres de la commune limitrophe, Sannois (Foulées de Cyrano). Un coup de fil aux voisins ne ferait pas de mal.