Je me demandais à quoi consacrer le 500ème billet de ce "nouveau" blog. L'amie Marianne m'en donne l'occasion avec son simulateur, destiné à suggérer qu'une alliance centre-écologie-républicains peut l'emporter en 2012. Et Jean-Pierre Bozzone, en commentaire, voit là "une construction arithmétique qui n'a aucun fondement idéologique.".
Il me semble que le "fondement idéologique" du changement en 2012 est évident. Il me semble y avoir un accord très élevé, sur ce que serait une meilleure façon de façon de gérer le pays, entre la grande majorité des écologistes (électeurs ou élus), les démocrates, les centristes-de-droite et une bonne partie des républicains-classés-à-droite.
Et la plupart d'entre eux seraient, je pense, fous de joie de pouvoir échapper à la tutelle des deux systèmes claniques actuellement au pouvoir.
La difficulté est ailleurs. Elle est dans : convaincre les citoyens - et les militants, et les élus - que ce changement a une chance d'arriver (change we can believe in). Sans quoi tous ceux qui veulent survivre en politique se réfugieront sous la "protection" de l'un ou l'autre des deux clans précités[1].
Les résultats de François Bayrou en 2007, et d'Europe-Ecologie en 2009, n'ont pas été suffisants pour diffuser cette conviction que le changement est possible. La preuve en a été donnée aux régionales de 2010, qui ont massivement reconduit les sortants.
Pour surmonter ce blocage, il faudra donc beaucoup de nouveau dans les 2 prochaines années dans les mouvements sociaux, intellectuels, économiques, et au final, politiques (car les politiques finiront bien par suivre leurs électeurs).
Il faudra que la grande majorité de la société française retrouve l'espoir, non seulement de s'en sortir individuellement, mais de réussir ensemble.
Et pourquoi pas ?
Notes
[1] Et comme ils l'anticipent, ils montent en épingle quelques différences entre programmes, comme "marqueurs symboliques" destinés à prouver qu'on est bien à gauche - un peu plus d'attachement à l'âge légal mitterrandien de 60 an pour le droit de prendre sa retraite - ou au centre droit - pincer le nez un peu plus fort si on prononce le nom de James Tobin. Poudre aux yeux, ou poivre au nez.
"Il me semble y avoir un accord très élevé, sur ce que serait une meilleure façon de façon de gérer le pays, entre la grande majorité des écologistes (électeurs ou élus), les démocrates, les centristes-de-droite et une bonne partie des républicains-classés-à-droite."
L'accord le plus évident me semble être que le pays ne doit être géré ni "à gauche", ni "à droite".
A part ça, je reste un peu dubitatif. Le changement oui, mais lequel ?
Déshabiller Martine et Nicolas pour habiller François, Cécile ou Eva, ça risque de ne pas mener bien loin.
Je parlais bien de ligne politique. Par exemple, toute la presse l'a remarqué, la dernière interview de Daniel Cohn-Bendit sur la sécurité, "c'est du Bayrou". Corinne Lepage veut un "libéralisme humaniste", on se croirait à l'UDF. Eva Joly est soupçonnée de social-économie bayrouiste mais a eu son billet poinçonné par Jean-Vincent Placé parce qu'elle s'est déclarée pour le maintien de l'âge légal (mais virtuel, compte tenu des annuités demandées) de 60 ans. Le programme politique d'Alliance centriste est un résumé de Bayrou 2007. Une idée nouvelle du Nouveau centre par rapport à ce même programme Bayrou 2007 est toujours attendue (à part la suppression de l'ISF, que François Bayrou proposait plutôt de restructurer complètement). Quant au discours fondateur de Dominique de Villepin à son nouveau parti, je laisse chacun pointer paragraphe par paragraphe les ressemblances et les différences.
Est-ce que le seul point de désaccord ne serait pas justement (mais il est profond) que sur tous ces gens là, près de la moitié s'arrangent finalement très bien d'un pays géré à gauche dans lequel leurs propositions seraient marginalisées, tandis que près de la moitié s'arrangent finalement très bien d'un pays géré à droite dans lequel leurs propositions seraient marginalisées ?...