Plein de progrès de la société, tandis qu'une bien grande partie de la classe politique française se révèle (à qui en doutait) comme une mafia toujours plus accro à ses magots.

Plein de bonnes nouvelles.

Gaël Monfils vient de battre, en 5 sets, David Ferrer, en Coupe Davis.

Je me souvient du "Gaël Monfils" des premières années. C'était un nom que j'entendais à la radio, France Info en général. Peut-être parfois un nom que je lisais écrit sur des brèves de nouvelles, dans les journaux ou sur internet. Et puis, il a gagné je ne sais quoi d'important, et je l'ai vu à la télé. Et là, apparition : Gaël Monfils est noir. Il est noir, il était noir et on ne me l'avait pas dit. Ni explicitement ni implicitement. Quarante ans après Arthur Ashe, dix ans après Tiger Woods en golf, rien dans l'inflexion des journalises de radio ne m'avait laissé entendre que Gaël Monfils avait quelque chose de différent.

Ça a été un grand jour de bonheur pour moi, le jour de l'égalité.

Autre grand jour : Christophe Lemaître est le premier Blanc de l'Histoire à courir le 100 mètres en moins de 10 secondes. Et c'est bien là-dessus que titrent les journaux et les télévisions, qui nous montrent un jeune grand Blanc souriant, très content de sa course et décidé à réussir les Championnats à venir.

Evidemment, Claude Nougaro et Nino Ferrer avaient chanté brillamment, il y a des décennies, le handicap du Blanc. Mais on pouvait leur répondre que c'était une question de goûts autant que de couleurs - la musique est aussi diverse que les ethnies, et bien plus encore.

Le 100 mètres, c'est différent : le chrono, c'est objectif. Tous ceux qui disent que c'est le hasard n'ont qu'à essayer. Ou à demander aux statisticiens si 71/71, la proportion de Noirs parmi les sprinteurs les plus rapides de l'Histoire, ça peut être un hasard.

Christophe Lemaître a tiré un trait sur son "handicap statistique", a tenté sa chance, a travaillé très dur, a surmonté les déceptions de courses imparfaites, il a passé la barre la plus symbolique de toutes les disciplines sportives. Bravo Christophe !


Pendant ce temps, les politiques de droite et de gauche[1] s'évertuent à nous répéter qu'il n'y a rien, à part quelques nauséabondes rumeurs d'internet.

En fait, ces drogués du pouvoir, et de l'argent qui va avec, ne voient pas où il peut y avoir corruption dans toutes ces naturelles bonnes manières. Ils ne peuvent tout simplement pas sentir le scandale - on peut certainement faire une bonne comparaison avec l'aristocratie d'avant 1789, qui ensablait la France et ruinait ses finances en toute bonne conscience de ses légitimes privilèges hérités. Cf. dans rue89 le décryptage de Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot : "la classe au pouvoir est la seule classe qui fonctionne véritablement de manière collective et solidaire. Ça se passe naturellement parce que la classe est mobilisée ainsi : pour elle-même et contre les autres. … Ils sont pris au piège de l'impunité ressentie, c'est-à-dire que depuis vingt à trente ans, la pensée unique, la concurrence, le marché, le capital financier se sont établis. Ils se sentent à l'abri des mouvement sociaux…"

Les politiques ont instauré il y a quelques années une règle sympathique : ils échapperont désormais aux juges, ils se jugeront entre eux. Ça s'appelle "la Cour de Justice de la République" et elle se distingue par un grand talent pour la relaxe ou, à défaut, la dispense de peine. Parfois au prix de décisions "insuffisamment motivées" et "contradictoires", ce n'est pas moi qui le dit, c'est l'avocat général près la Cour de Cassation. C'est qui, ce Christian Raysseguier ? Il se croit en démocratie, ou quoi ?

Notes

[1] Ce matin sur Télématin, Jean-Marc Ayrault expliquait (si je l'ai bien compris) que ce sur quoi il attendait l'intervention de Nicolas Sarkozy lundi, c'était sur les retraites et la crise. Comme si on pouvait raisonnablement attendre un système de retraites juste, et une sortie de crise, d'un pouvoir étroitement lié aux grandes fortunes et aux professionnels de l'évasion fiscale. D'autres appellent à un changement de gouvernement, comme si François Fillon était en cause, ou à une dissolution de l'Assemblée… Ça ne s'appellerait pas tourner autour du pot ?