Le 11ème sommet-européen-de-la-dernière-chance a débouché sur un 11ème sauvetage-de-l'Europe-par-super-Sarko.

Tout aussi bidon que les précédents, ce sauvetage-ci est quand même différent : il y a eu rupture. Le Royaume-Uni a refusé cet accord-inter-gouvernemental-qui-n'est-pas-un-traité"[1].

Qu'en penser ?

Deux choses à prendre en compte :

Le sujet de rupture : la règlementation de la finance. Le Royaume-Uni veut rester à part de nouvelles règles européennes. Certains disent que c'est pour continuer une finance de casino pendant que les Européens continentaux deviendraient plus prudents ; d'autres, que le Royaume-Uni veut imposer des règlementations plus strictes et trouve les Européens trop timides !

Nick Clegg: "This would have retained the UK's ability to take tougher, not looser, regulatory action to sort out our banking system." Britain had been arguing for the right to strengthen UK banks' capital ratios in line with the Vickers commission report. (The Guardian)

Selon Nick Clegg, l'accord "aurait limité la capacité du Royaume-Uni à imposer des règles plus strictes (et non plus souples) pour remettre en ordre le système bancaire". La Grande-Bretagne réclamait le droit de renforcer les exigences quant aux capitaux des banques, conformément au rapport de la commission Vickers. (ma traduction)

Et justement, l'autre chose à prendre en compte, c'est la politique politicienne, party-politics. Nick Clegg est le leader du 2ème partenaire de la coalition, les LibDems — europhiles et proches du MoDem, face aux Conservateurs europhobes.

Nick Clegg venait tout juste d'envoyer bouler les europhobes, qui en retour réclamaient une "re-nationalisation" de pouvoirs jusqu'ici délégués à Bruxelles.

Le "non" britannique de cette nuit me semble relever d'un compromis raisonnable, le temps de laisser retomber la poussière… et de voir de quoi cet accord est vraiment fait. En particulier pour ce qui est de réglementer la finance.

Je laisse la conclusion au prédécesseur de Nick Clegg à la tête des LibDems, Menzies Campbell :

"Si l'attitude de la France est bien représentée par la déclaration du Président Sarkozy, alors je crois que David Cameron n'avait pas le choix." (ma traduction du Guardian).

Notes

[1] Nouvelle espèce dans le bestiaire du droit international ? Ou chiffon de papier ?