Comme l'écrit L'Hérétique, "c'est tout de même fort de voir un (parlementaire) socialiste voler au secours de l'impéritie sarkozyste..."

Hélas la réponse est dans la question. "L'impéritie" a été solidairement partagée par l'UMP et le PS. La LOLF dont M. Migaud était le co-auteur était certes une initiative honorable, mais limitée au champ technique, à l'image de la RCB jadis et de la RGPP maintenant.

Les grands et coûteux délires qui nous ont plongé dans un déficit structurel relèvent, eux, de décisions politiques, de logiques de parti, d'une rivalité de buveurs entre UMP et PS.

Quand on fera les comptes, je suppose qu'on mettra en évidence, comme causes essentielles de notre dette publique :

  • l'incompétence et surtout le désintérêt des politiques pour la gestion économique depuis 1981 à quelques exceptions près (Delors, Balladur, Rocard) ;
  • les surcoûts structurels du fonctionnement des administrations publiques depuis la décentralisation Defferre, amplifié par la décentralisation Raffarin : doublons à tous les étages et manque de contrôle sur l'accroissement galopant des dépenses de fonctionnement des collectivités ;
  • les 35 heures payées 39, dont le surcoût pour les organismes sociaux a été planqué dans une énorme jeu de bonneteau entre "Caisses" créées pour l'occasion - en réalité, c'était de l'endettement public pur et simple ;
  • l'accélération des défiscalisations et baisses d'impôt sous les présidences Chirac II et Sarkozy (paquet fiscal) ;
  • l'intérêt du Parlement (parlons poliment) pour enlever au secteur public ses investissements économiquement rentables, dont la privatisation des autoroutes en 2005 est le gaspillage le plus scandaleux ;
  • le désintérêt du Parlement (parlons poliment) pour la maîtrise des investissements publics sans rendement économique, dont la modernisation accélérée de l'arme nucléaire est le gaspillage le plus scandaleux ;

... L'accélération démesurée des dépenses présidentielles, de cabinet ou de prestige sous le président Sarkozy n'est pas à elle seule la cause de l'effondrement. Pas plus que ne l'étaient les dépenses de Versailles sous Louis XVI.

Pourtant, le "ici on se goberge" sarkozyen (©Cabu) symbolise de façon parfaitement justifiée ces 30 ans d'irresponsabilité : quand les décideurs dépensent sans compter, à leur propre profit, l'argent qu'ils n'ont pas, il n'y a aucun espoir qu'ils fassent preuve pour l'ensemble des budgets publics, de la responsabilité dont tous leurs prédécesseurs ont manqué.