Après avoir essayé d’alerter (via Twitter) sur l’ampleur de la crise qui commence (ni la peste ni le choléra, mais une sorte de moyenne des deux), essayons d’imaginer ce que le gouvernement, la société, nous, pourrions faire.

Objectif : sauver des dizaines de milliers de vies[1] (P.S. 14 mars : lire : “des centaines de milliers de vies”).

Faut-il essayer de ralentir la propagation ? Oui, mais à en croire le rapport de l’OMS, avec les moyens militaro-policiers et technologiques dont nous disposons en Europe (très inférieurs à ceux de la Chine), ça ne permettra pas de contenir l’épidémie[2].

Nous devons donc chercher des mesures adaptées à la situation où des millions de personnes seraient touchées : c’est la tendance pour fin mars (P.S.: ajout : ou pour fin avril, si la France prend, pour ralentir la propagation, des mesures drastiques similaires à celles de la Corée du Sud ou du Japon ; reP.S., 3 avril : c’était donc le cas dès fin mars). Donc des centaines de milliers de personnes sévèrement touchées, des dizaines de milliers en besoin de réanimation.

Je dirais, en vrac et pour contribuer au débat …:

a) multiplier les capacités d’accueil. Réquisitionner gymnases, centres de vacances, etc., comme hôpitaux de campagne. Former d’ici fin mars des centaines de milliers d’aides-soignant.e.s ad hoc.

(N.B. : l’OMS dit que la Chine a déployé dans le Hubei plus de 1800 équipes d’épidémiologistes[3]. Ça donne l’échelle).

b) Publier une procédure d’hospitalisation à domicile des cas non critiques. Tutos youTube appris et répétés dans les collèges et lycées.

c) Réquisitionner et faire tourner 24/24 la production de désinfectants, ventilations, masques bien sûr pour les hôpitaux de campagne et les domiciles (pas seulement chirurgicaux : même un masque de bricolage réduirait beaucoup les risques pour autrui[4]).

d) Réquisitionner les professionnels de l’accueil et des locaux (agents de sécurité, agents de nettoyage, etc., en emploi ou au chômage) et les former à la désinfection. Les locaux d’accueil de malades et les lieux de fort passage devront être désinfectés plusieurs fois/jour.

e) Imposer le port du masque (au moins “de bricolage”) dans tout lieu clos (métro, bus…) ou rassemblement (manifs…). Rappel : le masque protège les autres des postillons du porteur. Le gel hydroalcoolique protège la poignée de porte de ce que vous aviez sur les mains. (P.S. : “si vous avez un masque normal (même ceux que vous utilisez pour faire un travail manuel), mettez-le.”, lire ici)

f) Notamment (ça donnera un signal important) imposer le port du masque, et le lavage des mains à chaque entrée, par les présidents, assesseurs, secrétaires de bureaux de vote les 15 et 22 mars, et les membres des Conseils municipaux qui se réuniront ensuite. (Le port du masque relève du freinage de la propagation[5]. Mais aussi, comme le dit le rapport de l’OMS, il montre visuellement à autrui que je prends au sérieux le risque pour lui. C’est un peu comme mettre un uniforme).

g) organiser le test comparatif massif de médicaments existants (‘chimiques’ comme naturels) ; former des milliers d’enquêteurs (les agents de recensement…), d’ici une semaine, à la conduite et au suivi de ces tests. Mobiliser tous les épidémiologistes, pour sûr :-)

h) accompagner les personnes en état critique (ça va très vite pour certains cas, notamment en Iran, à ce que je lis). Mobiliser dans les hôpitaux les psychologues, les clercs de notaire… pour aider les personnes qui en auraient besoin à mettre leurs affaires en ordre.

i) ne pas fermer les écoles. Les enfants, aux dernières nouvelles, ne tombent pas malades (sauf exceptions rarissimes) et ne transmettent pas le virus. (—P.S. : ce dernier point n’est qu’une hypothèse, voir la discussion en commentaire sur Facebook avec des sources—). (P.S. 2, 13 mars : le ministre dit que les enfants transmettent beaucoup le virus. Sans doute a-t-il accès à des sources scientifiques que je n’ai pas encore vues).

j) mais former le personnel des EHPAD (et le renforcer, et réorganiser les lieux) pour prendre en charge les cas sur place, dès que les hôpitaux seront saturés, ce qui devrait être le cas plusieurs jours avant fin mars.

k) Là c’est tout ce que je vois, sauf : un changement de ton.

Arrêter le “ne paniquez pas, le gouvernement s’en charge”.

Le gouvernement doit *mobiliser*.



Don’t mourn, organize!

Si on a une bonne surprise, que la mobilisation s’avère superflue… tant mieux !

publié sur Facebook pendant l’absence de ce blog. Republié ici avec des liens, le 14 août 2020

Notes

[1] On n’est pas dans le 80 km/h ou la couleur des paquets de cigarettes. L’ordre de grandeur a changé.

[2] C’est une correction ; j’avais d’abord écrit : ‘Faut-il essayer de ralentir la propagation ? Joker. Est-ce possible sans des moyens militaro-policiers et technologiques inexistants en Europe ? L’OMS dit, en gros, que non.’

[3] P.S. : chiffre corrigé

[4] P.S. 14 mars : c’est ce que je pense, parce qu’il empêcherait le dépôt de postillons, mais je n’ai pas trouvé de documentation ; un ami médecin me répond que je fais erreur, car ce masque bon marché inciterait la personne en face à se rapprocher, et le danger augmenterait. En tout cas, un masque de chirurgien simple, pas FFP2/FFP3, réduirait les risques

[5] P.S. : dans la rédaction initiale : “sur lequel j’ai un doute”. Je retire ce doute !