Commentaire chez Patrick Beauvillard, un ami, un innovateur, un ancien président du MoDem 47 et un porte-parole national de Nouvelle Donne. Pour les Argenteuillais : ce nouveau parti est représenté à Argenteuil par Zouber Sotbar, conseiller municipal.
Quel que soit le parti, c’est l’engagement démocrate qui compte.
Je retrouve dans Nouvelle Donne plusieurs personnes qui avaient pu espérer un mouvement similaire en 2006-2007 autour de la candidature de François Bayrou, et ont été déçues par les résultats de l’époque.
Si je ne rejoins pas Nouvelle Donne, c’est en raison d’un désaccord hélas fondamental sur le diagnostic.
Quand je lis (dans cette interview de Patrick)
“la croissance ne reviendra pas, en tout cas pas au niveau que nous avons connu dans les 30 glorieuses, et que de toutes façons la croissance ne produira pas d’emploi pour tous puisqu’elle est fondée sur des gains de productivité. Et donc la question est comment obtenir de la prospérité et du développement sans croissance. C’est la question du XXIème siècle. C’est la question centrale. (…) C’est le socle des propositions de Nouvelle Donne.”…
… je crois exactement l’inverse. Nous vivons une révolution technologique comme le monde n’en a pas connu depuis les années 1875-1900. Elle redistribue les cartes de l’économie, ouvre des possibilités de croissance immenses, non seulement par la productivité au sens du XIXème siècle (faire en moins de temps ce que l’on faisait déjà en plus longtemps), mais par la diversification, la valorisation des lieux et du temps, la production de biens et de services destinés à chacun (Cf. médecine personnalisée, qui cible l’ADN de chaque tumeur), une gestion active des biens communs, etc. etc.
Je crois que le défi pour la France est de se lancer dans cette nouvelle croissance, qui est l’affaire d’une génération.
Je crois que raisonner en terme de “la croissance est impossible, nous ne pouvons que refondre l’existant, gérer mieux les systèmes hérités du passé” est se condamner à l’impuissance.
Mais j’espère que Nouvelle Donne me donnera tort et je partage, de toute façon, des combats comme la lutte contre les enfers fiscaux, un financement plus sain de la solidarité nationale, etc.
Merci beaucoup d'avoir signalé le lien avec ce très intéressant candidat qu'est Zouber Sotbar, dont je ne savais rien.
Je note la justesse de l'une de ses interventions :
"Le Maire d’Argenteuil ferait mieux d’assouplir les démarches administratives pour l’obtention d’un certificat d’hébergement pour les citoyens souhaitant accueillir sur le territoire français leurs familles et amis pour des périodes ne dépassant pas trois mois, dans la mesure où l’obtention d’un visa d’entrée en France ne dépend pas de la Mairie mais du Consulat Français dans le pays de départ."
J'ai découvert par la même occasion " la tribune d'Argenteuil" que je ne connaissais pas, et dont je ne sais d'ailleurs pas par qui elle est faite.
@ triton : merci à vous ! La Tribune d'Argenteuil s'inscrit dans une regrettable tradition d'anonymat (après argenteuil.politique, un regard sur Argenteuil etc.)
On est peut-être sur l'une des lignes de fractures entre la gauche et la droite.
La droite est pour un volontarisme économique qui va permettre à certains de s'enrichir, selon eux pour le bien de tous.
La gauche (et Larrouturou dans son dernier livre signé avec Rocard) voit la réduction des inégalités comme une condition première. Quitte à n'accepter les progrès économiques que s'ils sont pour les plus défavorisés (ou ceux identifiés comme tels, dans la forme clientéliste de la gauche).
Le centre, ce serait le goût pour la croissance pour tous, avec la conscience des inégalités à combler, et la méfiance face aux solutions trop convenues, de droite ou de gauche.
L'intérêt de Larrouturou, c'est au moins de dire que le discours classique de la gauche (ex:préservation des vieilles industries par Montebourg ou Mélenchon) n'est plus suffisant. Il faut penser hors des cases. La promotion de la semaine de 32h va dans ce sens, et dans le sens historique à long terme (celui de J.Fourastié). Elle intégre une économie du temps libre, qui serait à mieux définir (chez l'école de Toulouse?). Là où cela déraille, c'est quand le calcul des charges patronales devient une usine à gaz, ou que certains sujets sont éludés comme la baisse des revenus ou le financement des retraites.
L'intérêt de l'"iconomie" c'est aussi de savoir penser hors des cases, par rapport à la vision classique de droite qui serait de faire fructifier les secteurs économiques connus, privés, mais souvent un peu corrompus: finance, immobilier, commerce, luxe, professions libérales.
Là ou je suis perplexe, après avoir revu avec un intérêt renouvelé la présentation sur l'économie numérique, c'est sur la capacité de ces nouvelles activités à être réparties équitablement dans la population active. De facto, c'est à la portée du premier quidam venu de faire des martingales pourries avec des produits dérivés et de gagner beaucoup d'argent (on me dit que c'est là ou veulent aller les jeunes qui sortent de Supelec cette année) .
Par contre, modéliser de manière juste et réutilisable l'activité des entreprises est plus délicate, et n'est pas forcément accessible à n'importe quel diplômé (fut-il X!). Il faut en effet trouver le bon niveau d'abstraction et résoudre les conflits, y compris personnels ou encore statutaires. Les grandes SSII, y compris les "marchands de viande" ont depuis les années 1970-80 contourné le problème de manière simple et lucrative: pour chaque nouveau projet, on respécifiait tout avec des décideurs clés, qui s'empressaient de mettre l'accent sur des jargons ou des fonctions non réutilisables. La SSII et le décideur y trouvaient leur compte, mais pas la science informatique, ni le progrès économique en définitive.
Dans le domaine des systèmes d'exploitation (OS), on n'estimera jamais à sa juste valeur le travail de Linus Torvalds (le créateur de Linux) qui a su extraire le meilleur des Unix, et surtout coordonner des contributions très diverses. Peut-être qu'une approche collaborative Open Source est nécessaire pour l'économie numérique (notamment un sujet clé qui serait les MCD des ERP/PGI, si nous sommes d'accord).
Cette activité me semble adaptée pour 4 à 6% de la population des jeunes diplomés. Ce qui fait peu. Le point important, c'est qu'il faudrait que ces outils informatiques permettent à des services très pratiques de devenir rentables (ex: information temps réel et mobile, gestion précise des stocks, des invendus, des retours, et même de toutes les taxes afférentes). Ces services (ex: vente de glaces bio et de boissons chaudes sur les plages ou les grands sites) devraient pouvoir être assurés par des non-diplomés, ou du moins des non ingénieurs. L'informatique touristique semble en fait un domaine d'application idéal, avec de multiples débouchés. Avez-vous réfléchi plus avant sur ce sujet, chez les Xerfi?
@ XS : eh bien, je suis à peu près d'accord avec tout ça
(juste besoin de préciser l'acronyme MCD : modèles conceptuels de données ?).
Cependant je crois que l'iconomie donne du travail à une grande diversité de personnes, pas seulement pour les glaces bio (ou les automates de produits frais, publicité gratuite et familiale : http://www.o-tomat.fr ). Parmi les exemples classiques, http://www.capital.fr/enquetes/stra... , http://www.lippi.fr , http://www.axon-cable.com/en/00_hom... … dans l'industrie pure, celle-là même qui était décrite comme condamnée par la mondialisation et l'automatisation. Alors, dans les services, le commerce, les services publics, la culture et les événements… où est le problème ?
Il est, à mon avis, dans le fait que l'investissement (humain, financier, académique), s'est écarté de l'économie réelle et de la société réelle, pour se consacrer à berner l'économie réelle et la société réelle. Cela vaut pour le secteur financier, comme pour les "comités d'entreprise" de grands services publics, ou les multiples organismes parapublics financés par "contributions volontaires obligatoires". La société française finit par avoir trois rameurs pour dix passagers. Et plus le bateau pèse, plus l'emploi des rameurs est pénible, plus ceux-ci peuvent rêver de devenir passagers.
Salut Fred,
La lutte contre les enfers fiscaux ? Ça : http://www.wikiberal.org/wiki/Enfer... ?
@ l'hérétique : en fait le terme avait été détourné par la personne à qui je réponds (mais ça ne se voit plus dans le texte !) : les pays dits "paradis fiscaux" sont en fait des enfers et pour le fisc, et pour les contribuables-citoyens (à la rare exception de ceux qui mettent leur argent là-bas).