Lundi dernier, j'ai passé le TOEIC : le test d'anglais qui est devenu la référence sur les CV.
Je dois avouer ma stupéfaction devant le niveau du test. "Niveau intermédiaire à avancé ... en anglais international et professionnel", ça veut dire concrètement : si vous entendez quelques phrases d'anglais standard, prononcé standard sans bruit de fond en prenant tout son temps, est-ce que vous pouvez prouver en cliquant la bonne case que vous avez compris l'essentiel de ce qui était dit ?
Bref - l'un dans l'autre, écrit et oral - avez-vous les capacités de compréhension d'un enfant anglophone de 7 ou 8 ans ?
Ça m'a fait bizarre de terminer 3/4 heures avant la fin. Ça m'a fait bizarre de voir tous ces étudiants (apparemment) qui passaient le test autour de moi, galérer sur des textes de dix lignes.
Bien sûr, c'est très bien d'apprendre l'anglais à tout niveau. Et c'est très bien qu'il existe un test d'anglais "intermédiaire". Un QCM qu'un scanner saura dépouiller, donc, pas cher. Bravo à tous ceux qui passent le test, surtout s'ils sont moins "intermédiaires" que mon intermédiaire de pomme. (Non, je n'ai pas encore reçu mon résultat).
Mais... comment font les entreprises pour travailler en multinational avec des gens qui ont ce genre de niveau intermédiaire là ? Quelles idées échangent ces gens entre eux ? Comment font-ils pour déceler l'initiative prometteuse, la bonne compréhension, comment font-ils pour innover ensemble ?
Je retiendrai de ce TOEIC qu'en vidéoconférence devant un groupe de travail multinational composé de personnes ayant un niveau raisonnable au TOEIC, il faut faire simple, simple et simple.
Mais que peut-on attendre d'un groupe où la conversation doit être simple, simple et simple ?
À part ça, ce soir sur Public Sénat, il y avait un débat sur les mines d'uranium, avec William Bourdon (Sherpa), excellent, et Corinne Lepage, excellente aussi.
Même en français, il faut faire simple, simple, simple à la télé. Et calme, calme, calme. Comment je ferais à leur place ? Déjà au naturel quand je crois devoir faire le malin sur un sujet que je découvre, ça craint.
Eh oui. C'est une manifestation de plus d'un phénomène général : la dévaluation phénoménale des diplômes et "peaux d'ânes" divers, à force d'abaisser le niveau d'exigence pour pouvoir se targuer d'une augmentation quantitative des diplômés. Le temps que les entreprises se rendent compte de l'imposture et elles exigeront non plus le "niveau intermédiaire" mais le "niveau supérieur".
Comme dit un de mes copains ex-prof : "Le niveau monte, mais c'est parce qu'il y a un gros trou dans le fond du bateau".
A l'époque où je l'avais passé (2002), j'avais eu un très bon résultat, tout comme la plupart de mes camarades de classe...normal me direz-vous puisqu'il fallait parler une à deux langues étrangères correctement pour intégrer ce DESS.
J'avais le souvenir que le score obtenu correspondait bien à la réalité à l'époque. (925/990) Plusieurs de mes camarades ont eu plus...(et ils étaient effectivement excellents dans l'exercice!)
Bon si je devais repasser le TOEIC aujourd'hui, mes collègues se moqueraient de moi si je n'obtenais pas 985/990... aux lecteurs qui liront mon commentaire, je vis et travaille en Angleterre. :D
Le TOEIC n'évalue de toutes façons pas son bilinguisme mais bien une maîtrise suffisante de l'anglais professionnel, anglais de type "international", version allégée de la langue.
Je dirais qu'entre 700 et 800 on se débrouille suffisamment, et qu'à partir de 900, on est plutôt à l'aise.
De mémoire, le recrutement de cadres chez Renault se fait à partir de 750 (ou en tous cas, il se faisait encore à ce niveau il y a peu).
Ce constat sur le TOEIC ne me surprend pas et ne me choque pas. Pendant mes études j'avais eu un résultat honorable au TOEFL (à l'époque le TOEIC n'existait pas mais je suppose qu'il n'y a pas grande différence entre les 2). Cela ne m'a pas empêché d'être relativement dépourvu la première fois où il m'a fallu communiquer en anglais dans mon travail. Ce n'est qu'avec le temps que les choses se sont grandement améliorées.
Sauf cas exceptionnel, il me parait de toutes façons illusoire d'attendre d'un étudiant une maitrise parfaite, autant dans la pratique de l'anglais que sur tout autre sujet. Une entreprise qui embauche un jeune diplomé ne doit pas s'attendre à autre chose - et serait bien inspirée de favoriser une évolution des compétences.
@ tous merci de vos commentaires, et une fois de plus, le TOEIC est certainement très bien comme il est. Ce qui m'inquiète, c'est ce qu'il suggère de la pauvreté de la communication dans les organismes multinationaux.
Ce qu'il y a un peu de dommage avec tout cela, c'est que l'on se retrouve à payer un organisme privé une forte somme pour une certification qui ne certifie pas grand chose.
Apprendre l'anglais demande certes du temps, comme toute langue, le fait reste pourtant que c'est une langue ultra-présente ET ultra-étudiée... L'anglais c'est facile, ou ça devrait l'être après des années à l'école.
On paye aujourd'hui d'avoir trop étudié l'anglais PAR l'écrit à l'école... approche bien dommage lorsqu'il s'agit d'une langue par définition aussi vivante qu'orale/verbale.
Les choses sont en train de changer et la technologie est salvatrice à ce niveau. Elle efface les frontières, moyen somme toute bien utile pour pratiquer!
La réputation du TOIC et du TOEFL pour estimer le niveau oral de quelqu'un est mauvaise et justifiée. Les certifications "Cambridge ESOL" ont meilleure réputation, sans être toutefois aussi connues. ( http://en.wikipedia.org/wiki/Univer... )
Alors, au final, qui *parle* anglais?
Difficile à dire tant que l'oral sera négligé et le niveau d'oral méconnu. Plus généralement, j'ai envie de dire que les gens qui parlent anglais aujourd'hui sont de nombreux geeks et autres sous-cultures, dans et pour lesquelles l'anglais fournit un excellent moyen d'échange et de partage. Mais mon point de vue est nécessairement subjectif