lexpress.fr me fait l'honneur de commenter un de mes commentaires.

Dans "La dette explose… c'est grave ?", Thomas Bronnec donnait la parole à Mathieu Plane. "Chaque nouvel enfant ne naît pas avec 19.500 euros de dettes, mais avec un actif net public de 12.500 euros selon les calculs de l'OFCE", écrit L'Express.

J'ai répondu en commentaires : "Ces calculs de l'OFCE (et les estimations de l'INSEE) reposent essentiellement sur la valorisation des bâtiments appartenant à l'Etat (hors logements), pour 731 milliards d'euros fin 2007. En clair, les autoroutes étant vendues, la dette financière du secteur public est gagée sur l'Elysée, les mairies et les gymnases..."

Puis "LEXPRESS.fr a demandé à Antoine d'Autume, professeur à l'Université Paris I, de ... passer au crible (les) réactions" des lecteurs. Et M. d'Autume se déclare "plutôt d'accord avec Frédéric. Certes, il est absurde de parler du passif de l'Etat sans évoquer aussi ses actifs. Et mesurer les actifs publics, c'est très, très compliqué... On peut donner une valeur à des routes, des bâtiments, des infrastructures. Mais comment mesurer la valeur des dépenses de santé, qui allongent le durée de la vie, ou celle de la R&D ?

Alors, oui, il faut parler des actifs de l'Etat, mais dire que ces actifs sont supérieurs au passif, comme le fait l'OFCE, ça me paraît quand même un peu osé... Selon l'Insee, la dette publique a été multipliée par 13 entre 1980 et 2007, alors que le capital public était multiplié par 4. Cela signifie que la dette augmente beaucoup plus rapidement et qu'on utilise l'argent emprunté pour les dépenses courantes, pas pour les dépenses d'investissement. C'est pourquoi le débat sur la réduction de la dette a une grande importance. Il faut faire baisser le taux d'endettement, ce que la France n'a pas réussi à faire depuis trente ans. Bill Clinton y est bien parvenu, pourquoi pas nous ?"

(Moi aussi, je suis plutôt d'accord avec M. d'Autume).

Si je vous dis tout ça, c'est que lexpress.fr fait bien les choses : ils ont envoyé un mail pour me prévenir de cette parution.

Moralité :

Les commentaires, c'est important. Et même les commentaires des commentaires.

Parce que cette histoire a commencé il y a 9 mois chez vogelsong. S'appuyant déjà sur Mathieu Plane, vogelsong écrivait "en évaluant les actifs de l’Etat, (la) dette ... mute en cagnotte. Et plutôt tintante, elle s’élèverait à plus de 10 000 euros par chérubin.".

Je répondais : "Le bilan de l’Etat présente une situation nette négative de 656 Md€. Je me demande si Mathieu Plane n’a pas simplement compris ce dernier chiffre à l’envers ? Ça ferait effectivement 11000 euros, mais de dette nette. J’ai bien vu son article mais il ne cite aucune source." De mémoire, j'ai aussi écrit à M. Plane ou à la rédaction d'Alternatives économiques pour les inviter à revoir ces chiffres. Vogelsong ne semblait pas non plus apprécier mon argument - et les choses en étaient restées là.

Le 6 mars, revoyant Mathieu Plane citer les mêmes chiffres, j'ai été chercher un peu plus loin, et trouvé sur le site de l'OFCE, et de là sur celui de l'INSEE, le détail des chiffres.

Nous avions tous les deux raison sur les chiffres (surtout lui ;-) ) : l'État est bien dans le rouge d'environ 11000 euros par Français, mais les administrations publiques dans leur ensemble sont dans le vert, d'à peu près autant. Grâce, surtout, aux bâtiments des communes et autres administrations.

Autre moralité : ce n'est pas nouveau : mes commentaires continuent à avoir plus de succès que mes quelque 905 billets de blog. Faut que je pense à une reconversion !