… L'ancien Premier ministre s'est ... déclaré prêt à "servir les Français". ... "Je veux offrir une alternative à une politique" qui "ne donne pas de résultat" et "comme gaulliste" "me situer au-delà des clivages partisans". (rtl.fr)
Dominique de Villepin aux responsabilités, ce n'est pas ancien. Avant le volontarisme fictif de l'actuel Président, nous avions connu avec lui le volontarisme verbal. "Nous sommes en 1914. C'est la guerre de tranchées. Moi, j'ai des couilles !". (selon Le Point, 23 mars 2006)
Déjà quand Villepin avait été nommé en mai 2005, on entendait derrière la tchatche flamboyante, l'absence de vision et de solutions. Avec la privatisation des autoroutes, en juillet, les grands groupes privés étaient les premiers servis, et magnifiquement servis, par ce nouveau gouvernement.
Il savait de ce qui compte pour l'électorat : l'emploi, l'emploi et l'emploi. Mais ne pensait pas possible d'obtenir des résultats en 2 ans seulement. Alors il a choisi contre le chômage l'action virtuelle, les sabres de papier, le CNE/CPE. Le récit qu'a publié son directeur de cabinet Bruno Le Maire, le montre bien : ce gouvernement est, dès l'intention initiale, celui du CPE.
On pond de la réforme, on l'empile à la précédente, sans défaire celle-ci ni forcément appliquer ni l'une ni l'autre, on sonde les gens mais sans les écouter, on "concerte les décisions" (verbe étatiquement transitif), c'est-à-dire qu'on dialogue avec les parties prenantes après avoir écrit et proclamé le relevé de décisions, et surtout, surtout, on ne dit jamais "oups". Peut-être qu'il suffirait de changer ce dernier point pour que tout aille mieux ? 13 mars 2006
Faut-il faire crédit à M. de Villepin d'une bonne réforme sur sa seule image de vaillance face à l'hydre du chômage ? Ce serait céder à l'illusion de l'activisme de "la réforme", de "la mesure", qui se résument souvent à la représentation de celles-ci.
Aussi les manifestations anti-CPE me semblent-elles être l'expression d'un salutaire bon sens et d'un non moins salutaire refus de la "com pour la com" : non, considérer quelqu'un comme "à l'essai pendant 2 ans" n'est en rien "le contrat le plus social jamais proposé aux jeunes". 20 mars 2006
Si je doute de la valeur du CPE, j'apprécie la priorité mise par M. de Villepin sur la question de l'emploi et espère que toute cette fermentation fera enfin avancer le débat vers des solutions qui marchent ...! 21 mars 2006, et le souhait reste d'actualité …
Pour passer le pont d'Arcole, la méthode qui produit de bonnes décisions est l’initiative individuelle du chef. Pour que le marché du travail fonctionne de manière plus conforme à l’intérêt collectif du territoire français (de ses habitants et entreprises), la méthode qui produit de bonnes décisions est la concertation entre acteurs qui partagent cet intérêt commun. 26 mars 2006
Quand on aura des gouvernants qui aiment la concertation au lieu de la traiter comme une corvée, on sera sur la bonne voie.
Excellent, Frédéric...
On voit à quel point les médias en collusion avec les politiques "font" les "sauveurs" et les vendent pour mieux rester aux manettes...
Merci de tes voeux, je ne t'ai pas répondu car j'étais à l'étranger, sans accès internet.
Je rentre de 2 semaines en Pologne où j'ai poursuivi l'apprentissage de cette langue slave qui me donne aussi accès à la culture de ce pays, à celle de la Tchèquie - pays qui a créé la première Université au monde - et à la culture russe et sa richesse, les langues slaves étant tout à fait différentes de nos langues ouest-européennes, mais très proches les unes des autres...
Tu soulèves toujours de bonnes questions... on attend les solutions...
Tu écris
"Quand on aura des gouvernants qui aiment la concertation au lieu de la traiter comme une corvée, on sera sur la bonne voie."
Sauf qu'un pays n'est que la somme de l'EDUCATION de ses enfants. Et là, le chat se mord la queue. Les enfants français sont éduqués depuis des lustres au "RESPECT DE L'AUTORITE". Il y a même des "appréciations" dans les bulletins scolaires du primaires sur ce point. Je viens de le constater en écoutant mon frère me lire celui de son fils.
J'aurais plutôt souhaité une éducation à la CRITIQUE objective d'un fait.
Car en éduquant au "respect de l'autorité", l'Ecole formate des citoyens dociles au pouvoir, dès la plus petite enfance pour avoir moins de résistance de la population et mieux la diriger entre soi, les "technocrates", les "énarques", les "banquiers", les "intellectuels", les "experts" auto-proclamés... On dicte, le peuple opine du chef et exécute, tout en râlant fortement, mais cela reste sans conséquences effectives.
Râler, protester, car ils sont conscients qu'agir ne sert à RIEN. J'ai souvent entendu cet argument à Paris devant des choses qui me semblaient inacceptables. Les gens étaient totalement résignés. Jamais ce n'avais vu ce comportement de moutons en Europe du Nord. Là, les gens sont éduqués à être parti prenante des décisions qui les concernent.
C'est d'ailleurs pour cela que tous les pays d'Europe du Nord sont classés en tête pour la liberté de la presse, l'éthique et la lutte contre la corruption (voir Eva Joly et la Norvège), et l'EDUCATION...
On n'a rien sans rien. C'est une prise de conscience qu'il faudrait, un CHOC puissant qui fasse se réveiller les gens...
Mais là... j'ai peu d'espoir dans le courage de mes concitoyens.
Ce qu'a fait V. Peillon en fait partie, mais ce n'est qu'une petite goutte d'eau...
Il faudrait beaucoup plus fort pour réveiller les gens et leur faire prendre conscience de l'état du pays... Mais là, quid
D'accord!
(j'assume la redondance
"Quand on aura des gouvernants qui aiment la concertation au lieu de la traiter comme une corvée, on sera sur la bonne voie."
certes, mais je ne suis pas persuadé que l'accession au pouvoir tel qu'il est prédéterminé par nos institutions et l'équilibre des pouvoirs laisse beaucoup de place à l'altruisme naturel chez les impétrants... et attendre l'avènement d'une telle femme ou d'un tel homme providentiels risque de laisser dériver notre société au delà du point de non retour. L'échec de la démocratie participative selon Ségolène (dont témoigne sa non récupération par les autres partis) illustre d'ailleurs la difficulté de l'exercice. Et si la revendication en 2007 par François Bayrou d'une génération de citoyens responsables avait souligné la nécessité d'une prise de conscience large dans la nation pour créer les conditions de réussite et d'adhésion à une politique autre que l'immobilisme (fût-il brownien comme sous le Président actuel), j'ignore combien de temps nous sépare encore de ce grand soir...
Aussi il faut bien faire avec ceux qui ont des chances d'accéder aux responsabilités, et tenter d'imposer par la base un minimum (souvent moins que cela) de concertation au système qu'il ou elle met en place pour qu'il ne soit pas totalement déconnecté de la réalité. Un écueil supplémentaire reste le réflexe du maintien au pouvoir par les politiciens professionnels qui y accèdent, et qui a selon moi largement contribué à l'absence de réformes dans notre pays depuis trois décennies, hormis quelques fulgurances, et causé par ce conservatisme d'appareil même si transpartisan un déclin qui devient chaque jour plus inexorable.
Ce constat désabusé n'est probablement pas étranger à celui de plus de 3 français sur 4 qui déclaraient en décembre 2009 ne pas faire confiance aux partis politiques (http://www.cevipof.msh-paris.fr/dos...), qui sont pourtant l'alpha et l'omega du système démocratique français actuel en tant qu'outil de pouvoir.
La responsabilité n'en revient pas aux seuls politiciens figurant sur les affiches, mais pour une part aux militants et adhérents des partis quand ils abandonnent trop vite leur appareil aux dérives imposées d'en haut.
Bonjour et merci pour ces contributions très construites (merci aussi GuillaumeD pour le +1, ça fait toujours plaisir !).
@ Nicolas Mauduit, l'idée "d'altruisme" et la référence à Ségolène Royal (que je n'avais jamais entendu qualifier d'altruiste) m'ont fait tiquer. Il y a là quelque chose d'intéressant à creuser. Je connais mal la psychologie du pouvoir, mais j'imagine qu'il y a au moins deux sources de motivations (non altruistes) pour ce poste : celle de "domination" (échapper au risque de mort et à ses angoisses personnelles, survivre / être porté et protégé par d'autres / se venger) et celle de "création" (animer un corps social / faire réussir une oeuvre collective / être reconnu et se reconnaître soi-même dans une oeuvre).
Des personnes qui auraient le goût de la création me semblent tout à fait capables d'adopter un comportement démocrate, ou de fonctionner dans un système démocratique, si elles voient que c'est une stratégie gagnante pour leur projet.
En revanche, des personnes qui ont le goût de la domination considéreront plutôt les règles démocratiques comme une contrainte limitante et un risque, mais aussi comme une source de légitimité pour leur domination (j'ai dans mon contrat le droit de faire en permanence ce que je veux sur les autres, puisqu'ils peuvent, aux échéances prévues, mettre fin à mon contrat).
Et dans toute organisation sociale, j'ai trouvé un peu de ces deux profils … Et d'autres encore sans doute !