"La France en courant" est une épreuve par équipes de 8, en deux demi-équipes de 4. Chaque jour, une des demi-équipes prend le départ à 3 heures du matin, et ses 4 coureurs se relayent pendant 50 à 60 km. Puis elle passe la main à la 2ème demi-équipe qui court ainsi jusque vers 10 ou 11 heures.

On recommence l'après-midi (qui commence à 11 heures ou midi) dans le même ordre, pour à peu près 30 km par demi-équipe. Et comme ça on en boucle 180 ou 190 dans la journée. En deux demi-étapes, ou quatre quarts d'étape ;-)

La 5ème étape de "La France En Courant" se disputait ce 19 juillet de Thorens-Glières à Aiguebelle[1].

Je faisais partie de la demi-équipe qui devait prendre le relais à 6:45, nous avions donc le choix : rester à la ville étape de Thorens-Glières et prendre la route vers 6h pour rejoindre le point de relais, le plateau des Glières, ou y monter le soir pour bivouaquer. Ce que nous fîmes ; nous y avons gagné un joli orage de montagne. J'ai fini la nuit dans la camionnette.

Nos coéquipiers partis dans la nuit ont couru en peloton avec les concurrents des 2 autres équipes en tête du classement. Bon moyen, en principe, de conjuguer les pouvoirs de leurs 3 lampes frontales, pour repérer les indications de parcours. En fait, non : les trois ont fait ensemble une erreur de navigation… qui a raccourci leur parcours de 12 km.

Nos coéquipiers, qui avaient ainsi "gagné" près de 50 minutes, sont passés au point de relais sans que nous les voyions : trop occupés à plier nos tentes trempées.

Nous les rattrapons avec la camionnette, à un point de relais décalé, par force ; nous bénéficions donc d’une matinée raccourcie. Avec tout de même le col des Aravis et le col des Saisies.

Aravis_Saisies.jpg

Sur une bonne partie de ces montées, nous sommes au contact de nos concurrents directs pour le podium, qui l’emportent, à la demi-étape, de poignées de secondes. L'après-midi sera donc décisive.

Déjeuner informel, comme chaque jour, à la demi-étape, aux Saisies. L’équipe de l’Armée de Terre offre le café ; la paramédicale recommande de boire plutôt de L’EAU.

Defense_Saisies.jpg

L’après-midi, nous prenons le relais à l’autre demi-équipe plus tôt que prévu, histoire de partager les 12 km économisés le matin.

S’ensuit une longue route droite de fond de vallée sous le cagnard. On n’a pas envie de sortir de la camionnette pour prendre des photos.

Dans le mano à mano du matin, mon coéquipier et coach Mohamed avait essayé de suivre un concurrent bien plus grimpeur. Choc « lactique », qu’il avait payé toute la matinée. L’après-midi, Mohamed retrouve progressivement ses jambes et notre moyenne dépasse 14 km/h, sur un parcours de plus en plus varié.

Reprise du fil, interrompu par la fin de batterie. Alors j’ai fait la sieste sous les ???? du champ de foire d'Aiguebelle, ville étape. Sylviane, la cheffe de bord, est passée récupérer quelque chose dans la camionnette (avec la clé), j’en ai profité pour récupérer un chargeur.

Nouvelle reprise du fil, interrompu par la mauvaise connexion. J’avais donc branché mon téléphone sur une prise électrique (vous suivez) de la salle des fêtes d’Aiguebelle. À la fin du dîner, je le retrouve branché avec un bouquet d’autres sur la multiprise d’un autre coureur.

Moralité des 2 reprises : une caravane de 120 personnes sur 2800 km en 15 jours demande logistique + solidarité. Mon récit des péripéties sportives passe un peu à côté de cet essentiel.

Bon. Nous en étions à l’après-midi. On traverse maintenant Albertville, d’abord par un itinéraire touristique (ça me va très bien) puis sur une route toute droite avec trafic (moins bien). Pas de concurrence en vue devant ni derrière. L’élan se tasse. Nouvelle ligne droite sur 5 km. Fatigue et ennui.

Nous spéculons sur le temps perdu sur notre concurrent direct pour la 3ème place, l'équipe Riou Glass, que nous avons largement perdue de vue : 10 minutes devant nous ? 20 minutes ?

Et soudain, levant les bras devant nous, un coureur Riou : « Vous n’avez pas vu B. ? ». Non ! B. a perdu sa route, et depuis longtemps apparemment… Ou alors, nous n’étions pas si loin.

Nous sommes à un carrefour. La piste marquée au sol tourne à gauche et passe place de l’Église, où est garée la camionnette Riou, qui attendait B., tranquillement, trop tranquillement. B. n'avait pas vu le changement de direction, avait fait un tout droit, et en accélérant : 3’40 au km. Il est d’autant plus loin.

Belle opportunité de combler les 35 secondes de retard de la matinée, et de finir 3èmes sur la journée (avec quel prix à la clé ? un panier garni, des survêtements ?). Nous retrouvons des ailes. Il reste une quinzaine de km jusqu'à la ligne d'arrivée. Mon temps au km passe miraculeusement de 4’15 et plus, sous les 4’. Nous sommes bien sur le podium… mais sans prix cette fois-ci !

podium_Aiguebelle.jpg

Repos et tweets sur le champ de foire d'Aiguebelle. Posant au premier plan, l’oeuvre réalisée l’avant-veille par la podologue de La France En Courant.

champ_de_foire_Aiguebelle.jpg

Dîner préparé par les bénévoles de La France En Courant (merci pour les pommes de terre et la sauce ciboulette !). Et on reprend la camionnette, pour bivouaquer à La Chapelle. D’où nous repartons le lendemain 20 juillet à 3h pour la Grande Étape Alpine, avec Glandon au petit déjeuner et Galibier en pousse-café.

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Envie de participer ?

Ce tour un peu incroyable (unique au monde ?) est accessible à toute personne capable de courir 1 km sans s'arrêter, et de recommencer après un quart d'heure de repos. Plusieurs des participants de cette année n'avaient aucune expérience de la course à pied. Les âges : 19 à 70 ans. Ça coûte x fois moins cher qu'un "Marathon des Sables".

Et que la France est belle !

Merci aux organisateurs, aux bénévoles, aux coéquipiers (équipe du département de l'Eure), et spécialement au coach !

Notes

[1] Je reprends ce récit de twitter.