Être conseiller municipal, le rang le plus modeste dans l'immense pyramide des élus, mobilise depuis le printemps 2014 une grande partie de mon énergie, de mes préoccupations et de mon temps.

Je n'ai pas trouvé l'occasion d'en parler ici, et j'aurais maintenant cent fois trop à en dire pour un billet de blog ! Je vais me contenter d'en rappeler quelques instants. Vous qui passez par là, si quelque chose vous interroge ou semble mystérieux, vos questions seront bienvenues !

Fin 2013 / début 2014, la majorité de l'équipe MoDem d'Argenteuil, qui avait voté pour une alliance avec le maire sortant, accepte de reprendre ce projet bien que le parti nous ait annoncé l'intention d'accorder son investiture à la droite dans toutes les grandes villes[1]… dont la nôtre. Nos nouveaux partenaires de gauche me demandent d'être candidat en première partie de liste, me considérant comme la personne la plus visible de l'équipe. Nous oublions de demander à figurer en même temps sur la liste pour le conseil d'Agglomération. Notre accord avec le PS précise que nous constituerons notre propre groupe au Conseil municipal, tout en étant solidaires sur le budget et quatre grands programmes dont la défense de l'hôpital ; liberté de vote pour le reste.

Au soir du 2ème tour, la liste est devancée, de très peu certes, par celle de l'ancien maire et ancien député : je me retrouve conseiller municipal d'opposition. Le nouveau Maire tente aussitôt de prendre le contrôle de l'Agglomération, et convoque dans cette manoeuvre un conseil municipal illégal. Je m'oppose à cette manoeuvre anti-démocratique et, solidaire de ma liste, je décide de siéger avec le groupe qu'elle constitue, "Tous fiers d'être Argenteuillais". Au moins le temps d'apprendre le job !

Désigné par le groupe pour siéger à la "commission des Finances et des Affaires générales" et à la commission d'Appel d'offres, je serai en pratique le seul membre de l'opposition à y participer. Je me spécialise donc rapidement sur l'examen des comptes, des budgets, des contrats, et des retombées des emprunts toxiques. Cela va bien à mon emploi du temps de "start-upper" (ou à mon tempérament ours ?). Normalement, un élu municipal passe ses soirs et son week-end en manifestations publiques et événements associatifs. Les Argenteuillais·es ne me voient pas beaucoup… Une brève exception :

Heureusement, mes camarades d'Engagés pour Argenteuil, le mouvement municipal issu de l'ancienne équipe MoDem, font mieux que compenser.

Ensemble, nous préparons chaque Conseil Municipal, nous répartissant l'examen des différents sujets et documents. Nous essayons, sur chaque sujet, d'ouvrir une perspective ou d'apporter une nouvelle idée à creuser, au lieu de nous "positionner" simplement pour ou contre. Notre blog rend compte, sur toutes les délibérations, de mes votes et de leurs raisons. Le "live-blogging" des conseils municipaux y est suivi par des centaines de nos concitoyen·ne·s.

Cela sert-il à quoi que ce soit ? De mémoire, en 3 ans et demi, sur 700 votes et quelques, la majorité municipale a accepté 1 amendement (sur la gratuité de salles municipales). Formellement, les commissions sont tenues, mais sur des décisions fixées d'avance. Nous y posons des questions, on nous promet parfois des réponses, qui n'arrivent presque jamais. En Conseil municipal, suite à une de mes interventions, le Maire s'est amusé à regretter que la Ville ne m'ait pas comme conseiller… C'est pourtant le cas !

Quand les comités de quartier ont été constitués, j'ai été envoyé par le groupe pour siéger à celui du Moulin d'Orgemont. Un nouveau quartier… dont la vie fut brève, car vite refusionné avec Joliot-Curie, sans que j'en comprenne les raisons. Au moins, cela m'aura donné l'occasion de participer aux premières initiatives pour sauver et relancer le marché de la Colonie. Après quoi j'ai été réaffecté au comité de quartier du centre ville. Je boucle ainsi le tour de notre grande ville — j'habitais à la limite du Val d'Argent et du Val Notre-Dame, et ai ensuite déménagé aux Coteaux.

En mars 2016, à la surprise générale, le Maire annonce la vente du point focal de notre ville, l'espace Jean Vilar au bord du pont d'Argenteuil, propriété communale depuis des temps immémoriaux. Avec une collègue du groupe d'opposition, Marie-José Cayzac, nous sommes seuls à voter contre. Avec plusieurs militants et anciens élus de gauche, nous constituons une association, le comité Jean Vilar.

Et voilà comment, dix ans après avoir vécu une campagne présidentielle, je suis entré en politique. La vraie, celle où on se rencontre, on discute, on débat, on entreprend, on combat, sur et pour ce qui nous tient à coeur. Très grand merci aux cofondateurs du comité Jean Vilar, et à celles et ceux qui nous ont rejoint : très divers par leurs parcours, ils m'ont tous donné des leçons de militantisme, disons, des master class. Mention spéciale à la dernière leçon en date, celle de Lucienne Moreau, avec son intervention compacte et percutante devant le Figuier Blanc.

À la rentrée de septembre, j'ai repris mon indépendance par rapport au groupe PS. Je continue à travailler avec lui et à représenter toute l'opposition en commission des Finances, à la commission d'Appel d'offres et au comité de quartier Centre ville (merci au PS pour sa confiance renouvelée !). Mais je peux maintenant exprimer plus directement la position d'Engagés pour Argenteuil sur les sujets municipaux, et spécialement sur Jean Vilar. Cette indépendance m'a valu bon nombre d'invitations à discuter et d'informations plus ou moins confidentielles. Ça me donne l'impression que le tissu politique argenteuillais bouge : il y a de l'espoir que ces années de travail critique, celui d'opposant, servent au final à construire quelque chose !

Notes

[1] Sauf celles avec une liste du centre indépendante. Paragraphe édité et précisé le 27 décembre 2017.