france2.fr me rappelle que

"Le débat avait été initié dès septembre 2010 par le secrétaire général de l'UMP Jean-François Copé qui avait chargé Hervé Novelli et le chef du groupe UMP au Sénat, Gérard Longuet d'un groupe de travail sur la question des 35 heures.

Mercredi, dans le cadre du bureau politique de l'UMP et après un mois de réflexion, Hervé Novelli va livrer un "état des lieux" de la loi et présenter son idée (...). La durée légale du travail étant supprimée (dans son projet), il proposera aux partenaires sociaux de négocier des conventions sur le sujet au niveau des branches, la directive européenne sur le temps de travail s'appliquant en l'absence d'accord."

Hervé Novelli est, au gouvernement, l'une des personnes en première ligne : "Secrétaire d’Etat chargé du Commerce, de l’Artisanat, des Petites et moyennes entreprises, du Tourisme, des Services et de la Consommation"[1].

C'est la première fois à ma connaissance qu'un membre du gouvernement chargé des questions économiques et sociales, propose de supprimer la durée légale du travail.

Et s'en remettre "au niveau des branches", c'est la pire des solutions imaginables.

Dans tout le secteur privé, les syndicats français sont si faibles (contrairement aux pays d'Europe du Nord de tradition social-démocrate) que la patronat imposera ce qu'il voudra. Sa seule limite serait donc le plafond de 48 heures prévu par "la directive européenne sur le temps de travail" ! Le flux des embauches va se tarir sévèrement, en tout cas pour les non-cadres.

Dans le secteur public et sous contrôle de l'État (SNCF, EDF, etc.), le pouvoir de blocage des syndicats est tel que les choses resteront en l'état actuel. Alors que ce sont les "35 heures" dans ces secteurs qui coûtent le plus cher à l'État.

On irait donc vers un élargissement du fossé entre secteurs publics et privés. Les halls d'aérogare ne suffiront plus pour organiser les concours d'accès à la fonction publique, il faudra tout le Parc des Expositions…

On sent tout de suite que la société française refuserait, enfin je l'espère, un délire pareil. Ça criserait. Mais autant ne pas aller du tout à la crise, non ?

La France a encore moins les moyens de s'offrir les 35 heures en 2011 qu'elle ne les avait en 1999. Hélas. Mais elle n'est condamnée ni aux 48 heures, ni à la loi de la jungle sur le marché du travail dans le secteur privé.

Défendons la durée légale du travail, égale dans les secteurs public et privé !

Notes

[1] admirez au passage la logorrhée de rigueur depuis 2007