La Cour des Comptes nous apprend que l'Elysée a consacré sur la seule année 2008, 1,5 millions d'euros (soit l'équivalent du coût de 20 à 30 personnes dans une entreprise de services) aux enquêtes et sondages d'une seule société spécialisée, OpinionWay. Sans appel d'offres, et avec un contrat tenant sur 1 page. Sur une seule de ces enquêtes, le Politoscope, un cabinet conseil non cité a facturé 392 288 euros à l'Elysée, note le Figaro (le même Figaro publiait le Politoscope sans mentionner, que je sache, l'intervention et la rémunération dudit cabinet).

Occasion de revenir sur les dépenses de campagne des candidats à la présidentielle, selon les comptes publiés par le Journal Officiel du 27 juillet 2007.

On y constate que le candidat Sarkozy a consacré aux "enquêtes et sondages" 527 800 euros : la facture 2008 du cabinet de conseil anonyme sur le Politoscope représente, à elle seule, à peu près le même ordre de grandeur.

Comparons les différents candidats en commençant par ceux qui ont déclaré le plus de dépenses d'enquêtes et sondages au regard des suffrages obtenus[1] Ça donne :

  • Ségolène Royal : 836 807 euros ; 9 500 112 voix ; 8,8 centimes/voix
  • Philippe de Villiers : 67 813 euros ; 818 407 voix ; 8,3 centimes/voix
  • Nicolas Sarkozy : 527 800 euros ; 11 448 663 voix ; 4,6 centimes/voix
  • Dominique Voynet : 26 312 euros ; 576 666 voix ; 4,6 centimes/voix
  • François Bayrou : 56 212 euros ; 6 820 119 voix ; 0,8 centime/voix

... et zéro euro ou presque de sondages pour les 7 autres :

  • Olivier Besancenot : 388 euros ; 1 498 581 voix
  • José Bové : 0 euro ; 438 008 voix
  • Marie-George Buffet : 0 euro ; 707 268 voix
  • Arlette Laguiller : 0 euro ; 487 857 voix
  • Jean-Marie Le Pen : 0 euro ; 3 834 530 voix
  • Frédéric Nihous : 0 euro ; 420 645 voix
  • Gérard Schivardi : 0 euro ; 123 540 voix

Déclameur : J'approuve les déclarations de François Bayrou en Conseil national ("Il faut une organisation pour suivre l’opinion au jour le jour et professionnaliser celle-ci", selon les notes de Jérôme Charré). Mais c'est normal que j'approuve, ce genre de choses est mon job.

Précision : Je respecte la valeur du travail des confrères en général et d'OpinionWay en particulier. Le 28 mai dernier, je remarquais la stabilité des intentions des intentions de vote MoDem (à 13%) depuis trois vagues de leur baromètre, signe d'effritement de la dynamique de notre campagne. Même après les révélations de la Cour des Comptes, je ne mettrais pas ces résultats publiés au compte d'influences externes à OpinionWay.

Notes

[1] Évidemment les candidats présents aux deux tours avaient droit à plus de dépenses. D'un autre côté ils n'ont pas pu acheter des mégatonnes de sondages en deux semaines d'entre-deux-tours. Je ramène donc les euros de sondages aux voix obtenues au 1er tour.