Le débat continue sur twitter, facebook et compagnie, sur la confiance qu'on peut faire ou non à François Hollande, et à une majorité constituée autour du PS, pour sortir la France de la crise.
J'ai mis quelques commentaires à ce sujet chez Art Goldhammer (septembre, octobre, janvier, février, février, mars, mars, avril, avril), et celui-ci hier 1er mai :
Il me semble que les différentes analyses de la crise, et des chemins pour en sortir, convergent : il faut partir de la réalité, des ressources naturelles, des capacités des gens, c'est-à-dire de l'économie réelle. Y compris sa part immatérielle : la réputation, les marques, la paix civile et la démocratie. Il faut arrêter la production de fausse monnaie, les paradis artificiels, les systèmes de corruption. Bien sûr, ils sont une constante dans l'Histoire. Mais les systèmes d'information mondialisés ont ouvert aux prédateurs la route du pouvoir maximal, et c'est cette route qu'il faut couper.
C'est aussi simple que ça — et alors, les gens investiront dans l'économie réelle, et il y a tant de ressources en France et dans le monde (humaines, culturelles, naturelles, etc.), que ça marchera de façon certaine.
C'est aussi simple que ça — mais encore faut-il que les personnes à qui nous confions le pouvoir suprême et le pouvoir législatif exercent une autorité sur les multinationales et les grands acteurs de la finance, au lieu de dépendre de ces acteurs.
Il y faut une indépendance personnelle. Il y faut l'indépendance de leur parti par rapport à ces intérêts privés. Il y faut l'équilibre budgétaire, pour pouvoir si besoin dire m… aux bailleurs de fonds. Et il y faut l'ambition de vraiment sortir le pays de la crise, au lieu de se contenter d'espérer qu'il en sorte avec le temps.
Ces quatre conditions seront-elles réunies avec François Hollande ? J'en doute sérieusement.
Une chose est claire : avec Nicolas Sarkozy, nous n'avions aucune des quatre.
Je crois qu'avec François Bayrou, nous en aurions eu quatre sur quatre. Mais c'est François Bayrou que nous n'avons pas comme Président. Alors ?…
D'accord avec toi sur presque tout. Je te trouve juste subjectif avec Sarko. Indépendance personnelle et indépendance du parti : évidemment non. Equilibre budgétaire : il a fait des réformes que personne n'avait osé faire depuis 30 ans, mais leurs effets bénéfiques ont été annulés par d'autres réformes qu'il s'est permis de faire. Ambition pour la France : c'est la vrai question sur cet homme, mais de toute façon, les deux premiers points annulent de mon point de vue ce quatrième point.
Pour Hollande : compte tenu de son discours sur (par exemple) les têtes qu'il faudrait changer parmi les hauts fonctionnaires de l'état (ce qui signifie pour moi : placer ses potes - en tout cas c'est comme cela qu'on dit ça dans une entreprise privée) ou encore sur le monde de la finance : pour moi c'est non pour ce qui est de l'indépendance personnelle et du parti. Pour l'équilibre budgétaire, confère le discours de Bayrou au sujet du programme de Hollande (d'ailleurs je ne sais pas ce que disait Bayrou du programme de Sarko sur ce sujet ?) Pour l'ambition de sortir la France de la crise : il faudrait déjà qu'il reconnaisse dans son discours politique qu'il y a une crise ! (ce qu'il minimise compte tenu de sa posture contre le bilan de Sarko.)
Dans tous les cas, Bayrou n'est plus dans la course... alors pourquoi pas espérer une cohabitation (comme je l'ai vu sur un autre blog) où tout le monde serait obligé de construire ensemble grâce au système du quinquenat ?
Je verrais bien les 4 conditions que tu désignes en liste à puces, voire numérotées.
Je pensais aussi hier soir à ces ressources personnelles immenses en la plupart des habitants de notre pays. (Je le crois profondément alors que je ne brigue aucun mandat...). Ressources morales, imaginatives, intellectuelles et ressources d'énergie, capacité à prendre des initiatives, autonomie des individus (la "résistance" dont a parlé Bayrou) : tous les pays n'ont pas de telles ressources. Ces ressources, pour être mobilisées au service de l'intérêt général, qui est aussi en ce moment l'intérêt de presque chacun, nécessitent une confiance dans les personnes à qui leurs détenteurs remettront leur "pouvoir". En effet, si on a peur de se faire abuser par ses élus, ces ressources personnelles, on les gardera soigneusement pour soi, pour sauver sa peau tant bien que mal.
Alors quels sont les facteurs et les événements qui peuvent amener progressivement à créer cette confiance et cet engagement collectif, un "team spirit" à l'échelle nationale ? (Suivez mon regard... vers le voisin du Nord-Est).
Je crois aussi que Bayrou est une personne fiable qui aurait pu entraîner une "mécanique vertueuse". J'ai admiré sa campagne courageuse. Malheureusement ça n'a pas convaincu assez de gens. A sa décharge, on pourrait dire que le phénomène que j'espère revient à une certaine culture politique et ça... Cela nécessite bien des années et même des générations pour advenir.
Alors... longue vie et bonne audience aux blogs politiques !
Rien à foot, vous n' avez fait que copier/coller des liens déposés ailleurs...
Bonne nuit!
Après écoute du débat de ce soir, on voit bien que Hollande part pour affronter de gros problèmes budgetaires.
Sarkozy, sur ce point, est plus mûr qu'en 2007. Sans abandonner la défiscalisation des heures supplémentaires ou augmentation des salaires et heures des enseignants, pour des raisons idéologiques. Et pas de remise en cause du pouvoir personnel,et de connivences.
D'accord avec ZigHug, en définitive, le vote Bayrou nécessite une certaine maturité politique, à commencer par le désir forcené de n'oublier personne, alors que le schéma habituel dans les autres partis est surtout de favoriser ou de protéger soi-même et ses semblables. Un président qui sait écouter peut être un progrès pour quelques années. Hollande peut rentrer dans ce rôle, mais saura t-il se libérer du PS?
"Il me semble que les différentes analyses de la crise, et des chemins pour en sortir, convergent : il faut partir de la réalité, des ressources naturelles, des capacités des gens, c'est-à-dire de l'économie réelle. Y compris sa part immatérielle : la réputation, les marques, la paix civile et la démocratie."
Oui, entièrement d'accord avec toi. Ce sont les ressources intellectuelles des gens, leurs capacités, leur savoir-faire, leur savoir-être, que l'on doit utiliser à leur juste "valeur". Ce que l'on nomme "apport en industrie" n'est pas assez connu de la plupart d'entre eux !
http://www.apce.com/pid1722/les-app...
C'est un tort, puisque c'est justement ce que fait (ou devrait faire !) un chef d'entreprise. En rémunérant une personne selon ses capacités ou ses connaissances, par son niveau d'étude ou son expérience il tient compte de ce fameux "apport en industrie".
Si les sociétés qui se forment sans cesse en associant uniquement des gens "déjà riches", abandonnaient cette idée que seul l'argent amène de l'argent, tout le monde s'en porterait bien mieux.
Parce que nous ne sommes pas l'argent que nous possédons : nous sommes notre potentiel. Potentiel infiniment plus riche que nous l'imaginions. Dès lors que quelqu'un croit en nous, nous réalisons des prouesses...
Le plus grand moteur de l'économie, c'est la confiance mutuelle.
Super ce que tu dis Françoise.
Et là c'est vrai que, ai-je l'impression, seul F. Bayrou a évoqué ces ressources et cette confiance comme levier du redressement. On a vu hier soir au débat qu'en revanche, quand l'un à ma gauche se limite à protéger les plus faibles, rendre justice, etc. l'autre à ma droite protège avant tout ceux qui gagnent leur vie à la sueur de leur front, tout du moins en déclaration.
Ouaip... accrochage permanent dans la mauvaise foi ambiante, sous l'oeil passif des journalistes, cette opposition frontale a priori, "dès le départ" et jusqu'au bout, certes plus manifeste à ma droite, confinait à un dialogue de sourds. Cela m'a vraiment déprimé. On est mal engagé. Mauvaise nuit.
J'ai essayé d'attraper Twitter pour voir le véritomètre de Fred et les autres, mais Twitter saturait. Alors j'attends le billet rectifiant la vérité des chiffres et des faits !
@ tous sauf Martine : merci pour ces retours. Je n'ai pas eu le temps de voir le débat d'hier soir, mais il paraît qu'il y a eu un engagement nouveau, venant de François Hollande, et très nouveau pour nous : le contrôle par le Parlement des nominations aux hautes fonctions de l'Etat. Selon Authueil, cela charge la barque ; pour moi cela pourrait faire pencher la balance. http://www.authueil.org/?2012/05/03...
Excellent résumé du tableau. Un peu de baume au coeur (en prouvant qu'il reste quelques citoyens lucides dans ce pays), en ces temps sordides ce n'est pas du luxe...