Je reprendrai la parole sur la situation argenteuillaise quand les choses, et notamment les décisions du MoDem, seront stabilisées puis officielles, ce qui est encore à venir, à ma connaissance. Cependant l'actualité du parti donne à penser, et je me suis permis quelques commentaires ici ou là.

Activité bien vaine, d'ailleurs, selon l'Hérétique, pour qui nos débats n'atteignent absolument pas les électeurs :

Cette semaine, quelques cadres et élus du MoDem se sont ralliés à Anne Hidalgo à Paris. Cela a entraîné quelques cris de triomphe à gauche et des échanges aigre-doux sur les forums et groupes MoDem. Çà et là, on en discute comme d'une fin du monde et le premier des événements de la semaine. Il y a même eu quelques titres dans la presse. Eh bien sortez dans les rues de Paris et interrogez les passants, c'est bien simple : c'est passé complètement inaperçu. Tout le monde l'ignore.

Dans la foulée, il s'en prend aux propositions, tout aussi éloignées de nos concitoyens, que font des mouvements "citoyens" comme Nouvelle Donne.

Pour moi, Nouvelle donne, Nous citoyens, le FN, Mélenchon et Cie, ont un point commun : reconnaître et afficher que la France, en tant qu'État et système public, et même en tant que Nation (société, économie), est gagnée par la paralysie, l'impotence, la névrose de l'échec.

Et un deuxième point commun : s'appuyant sur cet échec de l'UMP et du PS, qui devient évident pour la majorité des citoyens, ces partis font passer pour solutions évidentes des "grands n'importe quoi"[1].

Leur rente de situation, c'est l'absence totale de relation entre la langue de bois des politiques de pouvoir ("crise" depuis 40 ans, "inversion de courbe…"), et la réalité que chaque citoyen vit au travail, dans sa famille, en société. Puisque les politiques de pouvoir sont aussi impuissants, et sont payés pour ça, pourquoi qualifier de fumistes les nouveaux arrivants ?

Le plus désespérant, c'est que, quand un grand Mouvement politique s'est créé avec une analyse décente de la situation, avec l'ambition d'y répondre par un changement politique, économique et social profond, avec des solutions à la fois ambitieuses et sérieuses, etc.,… les électeurs s'en sont amusés, dans leur grande majorité. Ils nous ont qualifiés soit d'opportunistes, soit de traîtres, soit de gens au positionnement flou — mais je plaisante : dans la grande majorité, ils n'en ont rien su ou presque, c'est le propos du billet de l'Hérétique.

Bien sûr, espérer qu'il en soit autrement, c'est peut-être se montrer "original" au sens ironique du terme, ou démago, ou naïf. Les électeurs sont blasés de la politique parce qu'ils en connaissent les limites. Ils ont vu trop d'échecs précédés des meilleures intentions. Beaucoup sans doute se disent que la seule solution raisonnable, c'est de se débrouiller chacun pour soi, et de mettre un bulletin "m…" dans l'urne, affaire de montrer qu'on n'est pas dupes.


Quelques commentaires ailleurs :

Le fond de ma préoccupation sur l'évolution du parti, je l'ai exprimé sur le billet de itsgoodtobeback "Avis de mort clinique de la fédération de Paris du Modem…" :

Je serais intéressé d’avoir l’info sur le nombre de sections MoDem qui ont eu l’investiture pour partir en alliance avec des partis de gauche, dans de grandes villes. Pour l’instant, dans ce que j’ai vu dans la presse, le compteur est bloqué à 1 (Dijon). En tant que statisticien, j’ai du mal à croire qu’un jugement indépendant et constructif puisse, dans presque tous les cas, conduire à soutenir la droite. Et sinon, pourquoi le parti n’en ferait-il pas partie, de la droite ? Bref, il me semble y avoir contradiction entre les termes que j’entends et les faits, pour le peu que je connais de ces derniers.

Les militants démocrates, poussière d'étoiles ou de comète, ou argile dont l'avenir tirera une nouvelle construction politique, une France démocrate, unie, confiante, entreprenante ? Suspense.

Notes

[1] Sous réserve d'analyse approfondie, que je n'ai pas faite pour les deux nouveaux venus !