Il y a au moins quatre façons de voir le système économique de l'après-crise[1].

L'une consiste à "rompre avec le capitalisme", ce qui signifie littéralement : Interdire à des personnes d'investir de l'argent dans des entreprises où travaillent d'autres personnes. Croyez-le ou pas, cette solution a des partisans.

Les trois autres supposent de maintenir le capitalisme.

Option a, le laisser en état. Business as usual. La crise est dans la nature des choses, destruction créatrice, hauts et bas de cycles, de toute façon on n'a pas mieux. Ce discours, dénoncé par Barack Obama par exemple, je l'ai pourtant entendu, certes tenu mezzo voce, par quelques financiers, et je m'attends à ce qu'il retrouve les faveurs de l'UMP dès le premier frémissement de reprise du PNB (c'est juste une prévision).

Option b, le moraliser, c'est-à-dire l'appeler à être moral. C'est ce que fait notre Président de la République. Et comme le dit François Bayrou, c'est compter sur le jour où les poules auront des dents.

Option c, le refonder, en créant les conditions politiques pour que l'activité économique des entreprises capitalistes soit le plus proche possible de l'intérêt général. C'est, à mon avis, le travail des démocrates, sur les deux rives de l'Atlantique comme ailleurs.

Il me semble que le G20 a pris plutôt la troisième option ; ce qui m'inquiète, c'est qu'il n'a fait que de tous premiers pas dans cette direction, et je doute que la volonté collective de refondation soit durable. Donc pour moi, c'est une question d'urgence.

Si c'est bien la refondation qu'on choisit - pas la contestation velléitaire, ni le laisser-faire, ni l'opium du peuple - il faut passer des parlottes de principe aux décisions concrètes. Et comme le politique ne le fera pas seul - lié par tant de relations avec tant des bénéficiaires du laissez-faire antérieur - il y a besoin de pression de l'opinion.

Déjà, il y a des élections en juin ! il y a au moins deux partis, les Verts et le MoDem, clairement engagés sur ces sujets !).

Il y a besoin d'argumenter des propositions concrètes, comme le fait Jean Peyrelevade.

Les Etats-Unis progressent alors que la France et l'Europe en sont aux parlottes. Par exemple la réglementation des ventes à découvert (annonce du 8 avril), ou la création d'une réglementation permettant de fermer des banques en faillite (Timothy Geitner, 24 mars).

Pour sortir de la crise, votons et faisons voter Démocrate !


Rectificatif, 18 avril : pour l'option a), il n'y avait pas besoin d'attendre un frisson de reprise, c'est dans Libération du 16 avril : « Il y a eu des excès, mais il faut ... faire repartir (la titrisation) ... La titrisation a permis le développement du monde depuis vingt ans » (Waoh ! propos attribués par Libé à Nicolas Sarkozy).

Notes

[1] Repris et augmenté, à partir de commentaires chez Hervé Torchet