Je récupère de Facebook cette réponse à un post public de Christophe Grébert, qui écrit notamment, alors qu'il lit le livre (au titre regrettable) "Sodoma"[1] :

"C'est l'hypocrisie et le double discours qui sont intolérables. Mais qu'un prêtre, un évêque, un cardinal ou un pape soit gay ne me dérange pas."

Tout à fait d'accord. Mais je dirais "désolant" plutôt que "intolérable" — ou tout dépend du discours en question : que ces personnes (souvent âgées) aient dû passer leur vie dans le "placard" et l'hypocrisie, notamment en masquant leur sexualité… (j'ose à peine le rappeler, ne l'ayant pas vécu) c'était le lot commun de la majorité des personnes homosexuelles, et cela reste tragiquement le cas dans beaucoup de pays, notamment dans des milieux catholiques (ou protestants, ou etc.).

Ce que je trouve spécialement intolérable, c'est que certains de ces religieux se soient faits les relais, voire les promoteurs, d'un discours répressif ou culpabilisant envers l'homosexualité.

Que dans une mauvaise foi collective (très similaire à celles des dirigeants de grandes entreprises surprotégés qui vantent les vertus de "l'entreprise"…), l'organisation socio-culturelle qu'est l'Église catholique ait (comme d'autres) élaboré et diffusé un discours sur la sexualité qui, loin d'aider à vivre, égarait dans un jargon désincarné, desséchant.

Je me souviens (passage "oncle Paul" — déclameur : changement de sujet, il va s'agir d'hétérosexualité…) de mon cours de philosophie, donc en Terminale dans un lycée catholique, en 1981-82.

L'enseignant, fort sympathique au demeurant, nous avait fait travailler au moins 2 mois sur la "Lettre à un ami" du prêtre Marie-Dominique Philippe, livre dans lequel il prône "l'amour d'amitié". Lycéen de bonne volonté, j'avais essayé de piger le concept et de lui trouver un bien-fondé. Mais, après ces deux ou trois mois, le bon sens l'avait emporté : le truc ne tenait pas la route.

J'étais loin d'imaginer le comportement que ce discours habillait (pour rappel, esclavage sexuel organisé en famille… dans une ambiance générale d'abus d'autorité, et d'épuisement physique et psychologique de ses recrues).

Sur ces sujets très différents, mais tous liés à la sexualité, l'intimité, le "soi", s'ouvrent les portes des placards. C'est une grande, belle et bonne nouvelle. Une de celles qui me donnent espoir pour l'avenir de notre civilisation.

Notes

[1] Ce qui me semble être la meilleure critique sur ce livre — sans l'avoir lu — est ici, de Jean-Pierre Denis.