top50banks.jpgLa capacité, pour une banque donnée, de contribuer à l'économie est limitée par sa taille, mais son pouvoir de destruction est illimité si elle est trop grande et "systémique".

Le président Obama a donc proposé de "limit the scope, limit the size".

Il a un autre argument : il constate que les banques continuent à gagner de l'argent sur la macro-spéculation plus qu'en contribuant à l'économie réelle "I see record profits at some of the very firms claiming that they cannot lend more to small business..."

Et c'est justement, selon moi, parce que certaines banques sont too big to fail qu'elles ont intérêt à se comporter ainsi, à jouer avec le système global plus que comme acteur micro.

Evidemment, le cours boursier des banques baisse après cette annonce : les investisseurs devraient retirer mentalement, de la valeur de leur investissement, cette garantie illimitée gratuite de l'Etat qui en faisait le charme.

Mais évidemment, la réforme proposée par Obama ne pourra être efficace qu'à une échelle globale, c'est-à-dire mondiale ou presque. Pour cette raison, me semble-t-il, il était bien obligé de l'annoncer avant qu'elle ne soit prête, de la mettre sur le tapis vert.

Espérons que nos gouvernements saisiront la balle au bond.

Il y a parmi les 50 plus grandes banques mondiales, les too big to fail, 6 banques françaises et 4 américaines.


J'écrivais sur ce blog le 18 juin dernier :

Le plan qu'a présenté le président Obama est apparemment une très sérieuse réorganisation des régulateurs financiers ... (mais) ne met pas en cause le fonctionnement global "du marché" ..., avec ses emballements systémiques, son manque de pluralité d'appréciations et de valeurs - ce panurgisme structurel qui me semble être le gonfleur de la bulle.

Trop peu de trop grosses banques, trop peu d'agences de notation et trop peu de critères de notation différents, etc. Trop facile pour un petit nombre de gens, pour un petit peu d'argent, de fausser le système pour rapporter très gros. … Ces … organisations … clés de voûte de l'économie mondiale … se voient "too big to fail", trop grosses pour être mises en faillite...

Le principe de l'économie libérale, c'est le risque, non ? Conséquence logique, si vous ne pouvez pas échouer, vous ne pouvez pas réussir. "Too big to fail" implique "too big to perform", ou pour faire joli "too big to sail".

Poussons un instant le paradoxe. Pour rendre plus sûr, plus fiable, digne de confiance, le système financier et économique mondial,... il ne faut pas le rendre plus transparent, il ne faut pas le simplifier, il ne faut pas le contrôler de façon plus centralisée. Il faut le fragmenter, il faut le diversifier, il faut freiner la communication et empêcher l'instantanéité. Small is beautiful.


Aussi sur les banques, sur ce blog ces six derniers mois :

  • MoDem, UDF et régulation économique : 15 décembre 2009
  • Faire que la mondialisation marche (Stiglitz retrouvé) : 30 novembre
  • Réguler par la démocratie l'économie et la planète (pas facile) : 19 novembre
  • La démocratie économique, clé d'une prospérité durable : 17 octobre
  • Appel pour la démocratie en économie : 28 septembre (interdire les paradis fiscaux)
  • Pour la taxe Tobin : 28 août
  • Comment la rémunération des traders est absurde : 23 août
  • Être suffirait (ma sortie de crise financière vue par wordle) : 7 août, une illustration de "La crise, ce pactole" (5 août)

Blogs de banquiers :

  • Jean Peyrelevade : "La prochaine crise mondiale est … en route (du fait de) l’impuissance des autorités publiques"
  • Georges Ugeux : "Pour ceux qui croiraient que Barack Obama est un faible, ce mois de janvier aura été une surprise...." (au sujet de son annonce précédente sur la taxe spéciale).