Avec son style délicieusement désuet en ligne, "La France en courant" a résisté à la manie actuelle de décortiquer en statistiques les performances sportives.
Mais comme c'est mon métier, j'ai cédé à la tentation de visualiser les classements et vitesses successifs de cette édition 2018.
Billet ouvert aux précisions, corrections, commentaires… des participant·e·s en particulier !
Le graphique rappelle d'abord que la "Team Défense" de l'Armée de Terre a dominé du prologue à la dernière étape… Il n'y a eu de suspense cette année que pour les places d'honneur.
On voit aussi que la moyenne était plus faible les trois journées dans les Alpes (étapes 5 à 7).
Beau sprint final aussi, sur l'étape 14. Mais les chiffres sur cette dernière étape sont atypiques, car la matinée a été un tel b… (entre parcours qui croisait celui de la veille, partie "neutralisée", etc.) que les arbitres en ont annulé les résultats. Seule la quarantaine de kilomètres de l'après-midi est comptabilisée ici. Je présume que les deux coureurs d'élite de Back Europe se sont réservés ce sprint final et ont tenté de tenir, à eux seuls, la dragée haute à la Défense, poussant celle-ci à en remettre un gros coup.
Notre équipe (département de l'Eure) s'est montrée très régulière, mais avec toujours plus d'1/2 km/h de décalage sur la Team Défense !
Les Russo-Ukraino-Moldaves de Divo Sibelco — "l'équipe russe la plus forte alignée depuis les débuts de l'épreuve" selon l'organisateur — ont accroché les militaires de plus près et ont aussi creusé un gros écart sur nous les 4 premiers jours, écart confirmé dans la montagne… La 7ème étape était aussi la dernière journée de montagne : l'après-midi, pour la première fois, nous avons doublé les Russes épuisés dans la montée du Vercors et sommes arrivés trois minutes devant eux à Villard-de-Lans ; mais il était trop tard pour le classement général. Même épuisés, ils nous ont encore devancés dans 4 des 7 dernières journées.
L'équipe Riou Glass, de niveau assez hétérogène, avec un coureur de niveau national, Christophe Morvan, mais aussi quelqu'un qui marchait plus souvent qu'à son tour, a eu des journées tout aussi hétérogènes. L'arrivée de deux remplaçants, à la 7ème étape, lui a redonné l'espoir de nous prendre notre place sur le podium, mais peu de temps. L'après-midi de la 8ème étape, pour une fois, nous avons fait un peu de tactique : notre coéquipier David a concocté une stratégie offensive calée sur le profil de la demi-étape, qui a empêché Riou de recoller et nous a rendu notre marge d'avance. Les jours suivants, Riou s'est mise en mode plus footing, pour remettre les boosters dans les deux dernières journées et décrocher des podiums d'étapes.
Le graphique montre aussi que plusieurs équipes (L'Eure, CPLV…) sont allées plus vite ces journées d'étapes vallonnées après les Alpes (étapes 8 à 10) que lors de la première étape avant la montagne (étape 1). Malgré la fatigue, et malgré les (mini-)blessures contractées dans les descentes de cols. Les kilomètres musclent !
La plus belle réussite est peut-être celle des Lesaffre, avec une majorité de non-coureurs au départ ! Malgré des blessures, qui les ont obligé à déclarer forfait pour quelques demi-étapes, ils ont recommencé à courir l'intégralité des six dernières étapes, avec des moyennes comparables à celles des équipes en 5ème à 7ème positions.
Enfin, un regard rétrospectif sur les vitesses des équipes gagnantes des dernières éditions montre que "Team Défense", et avec elle le peloton 2018, étaient dans une bonne moyenne, mais loin du record établi en 2015 par l'équipe URMA PACA New Balance, à 15,7 km/h.
Bravo Eure 27!
Au moins, même si vous n'avez pas été épargnés par la canicule, vous avez pu être protégés du battage médiatique parisien de l'affaire Benalla (pourtant né à Evreux).
Cela aurait pu leur faire un peu de bien de courir à ces "marcheurs";
… et sans arme, si possible …
Gros score, Eure27 ! Bravo. Et tout ça à l'eau claire.