Un portrait, paru récemment, du traducteur Arthur Goldhammer, m'a encouragé à me lancer dans l'exercice. Juste une fois, pour sentir le truc, comme on fait une grille de mots croisés. Ayant beaucoup fréquenté, il y a un tiers de siècle, les magnifiques traductions de Leonard Cohen par Graeme Allwright — Suzanne bien sûr, l'Étranger légendaire, Avalanche saisissant… — un pensum tout désigné était I'm your man : il n'en existait pas, à ma connaissance, de traduction chantée, ou chantable, en français.

M. Allwright, si vous passez par là et qu'elle vous plaît, je vous l'offre, bien entendu :-)[1]


Si tu veux de l’amour, je ferai
tout ce que tu me demandes
Et si tu veux un autre genre d’amour,
je porterai le masque
Si tu veux un partenaire, topons-là !
Ou si de colère, tu veux me cogner
Je suis là…
Je suis ton homme.

Si tu veux un boxeur, je monterai
sur le ring pour toi
Et si tu veux un docteur, j’examinerai chaque pouce de ton corps
Si tu veux un chauffeur, allez, grimpe !
Ou si tu veux me conduire… très loin,
Tu peux, tu sais…
Je suis ton homme.

Oh, la lune est pleine,
Elle tire la chaîne,
La bête ne va pas dormir
Je repasse dans ma tête
les promesses que je t’ai faites,
et que je n’ai pas pu tenir…
Oh, si un homme pouvait reconquérir
une femme en tombant à genoux,
je me jetterais par terre, je me roulerais à tes pieds,
et je hurlerais ta beauté comme un chien en rut,
et je grifferai ton cœur et je déchirerai tes draps,
Je dirai S’il te plaît…
Je suis ton homme.

Et si tu as sommeil un moment sur la route,
je prendrai le volant
Et si tu veux faire la rue seule,
je disparaîtrai…
Si tu veux un père pour tes enfants,
ou si tu veux marcher un moment avec moi
dans les sables
Je suis ton homme.


P.S. 22 décembre 2016 : je trouve dans cet article néo-zélandais tout récent, une évocation par Graeme Allwright du travail de traduction :

"I spent all night sometimes working his (Cohen's) texts," said Allwright, "searching for the right word to keep the rhyming and having it sing well. It's important (for the listener) not to feel that it's an adaptation or translation. The text must flow and breathe."

Cohen even regarded Allwright's versions as better than his own. While sounding very much like Cohen, Allwright had the better voice.

"I get inordinately happy when I hear my music or words on somebody else's lips," Cohen once said. "That is the way (Allwright versions) I would like to sing – in the French chanson tradition."

This doesn't require any translation.

Notes

[1] Facile à dire : cette traduction n'est pas une oeuvre originale, tous les droits sont, pour autant que je sache, réservés à l'auteur de l'oeuvre. Par exception aux conditions générales de ce blog. Il y a déjà des traductions de ce texte en français, comme celle-ci de Jean Guiloineau, celle-ci signée Polyphrène, celle-là non signée.