Extraits, résumés, de l'émission de France 3 Aquitaine ce 11 décembre.

Journaliste : Il s'est distingué par ses exploits, l'humour au service de ses idées est sa marque de fabrique…


Dimanche en politique : Jean Lassalle

Où en êtes-vous de vos parrainages ?

Jean Lassalle : 280 acquis, une vingtaine en discussion, ça vient par rafales. Les Maires sont en plein désarroi, ils ne savent pas ce que vont devenir leurs communes, et reçoivent tous les jours la misère humaine.

Vous partez en candidat libre, pas de parti, peu d'argent, qu'est-ce qui vous pousse ?

L'indignation devant l'état de notre pays. La misère dans les campagnes, dans les quartiers abandonnés. Ce matin la libraire me disait : ma clientèle a de plus de plus de difficultés à acheter ses petites courses, il n'y a pas d'argent !

Vous êtes le candidat des oubliés, vous écrivez dans "Un berger à l'Élysée" que les Français rejettent les médias, les partis… Le Président élu sera celui qui a un parti, tout de même !

Ce n'est écrit nulle part ! La loi impose d'en avoir un, donc j'achève la construction du nôtre, "Résistons !" avec un point d'exclamation ! Résistons à quoi ? À un modèle qui est en train de nous détruire.

La primaire de la droite et du centre a fait venir 4 millions de Français, et vous parlez de désaffection ?

Ceux qui ont été voter là font partie des 25% de Français qui votent pour les partis classiques de pouvoir, Les Républicains, les centristes, les socialistes… Pas de souci avec ceux-là ! C'est pour les 50% qui ne votent pas, ceux qui votent blanc, nul ou désespéré, Front National, depuis trop longtemps : qu'est-ce qui va se passer avec ceux-là ?

Vous êtes très estampillé France rurale, vous en avez fait un fonds de commerce, mais vous vous êtes heurté à la Realpolitik : vous avez fait cette grève de la faim, vous n'avez pas empêché qu'une grande partie de l'usine Toyal soit délocalisée ?

Non, une infime partie : il y a 6 salariés à Lacq et une centaine, 110 peut-être, reste dans la vallée d'Aspe. J'ai dénoncé un phénomène terrifiant dont personne ne parlait à cette époque là : la France a perdu 750000 entreprises disparues ou délocalisées. Regardez dans quel état se trouve l'industrie de notre pays ! La politique, c'est aussi de dire à un moment donné : Non ! Ce n'est pas possible de tuer des régions entières !

Lydie Campello, vous êtes maire de Lanne-en-Barétous, est-ce que vous vivez cette désertification rurale…?

Bonjour Lydie !

— (LC) Bonjour Jean ! Je suis maire depuis 2 ans. Il y a une volonté de revitaliser nos vallées. Il y a la lointaineté des villes comme Pau, mais des activités aussi sur le piémont oléronnais, une dévitalisation mais une volonté très forte des maires de ne pas se laisser abattre. Je ne suis surtout pas sur le désarroi ! On a un souci de désenclavement, de routes mais aussi de numérique. Beaucoup de jeunes voudraient s'installer mais ne peuvent pas ! Comment faire venir nos opérateurs ?

Merci d'abord très chère Lydie Campello et chère collègue de Lanne, siège des élus de la montagne. Mme le Maire de Lanne, présidente de la communauté de communes de Barétous, vient très bien de traduire ce sentiment d'être à l'écart, et en même temps cette volonté des élus. Qui finit par se heurter à un mur : nous n'avons pas été capable de faire une liaison Pau-Oloron digne de ce nom. Ce qui se pose, c'est qu'il n'y a pas une volonté (de l'État) d'encourager cette volonté des Maires de recréer une vie… On en parle mais on ne le fait pas !

Vous vous êtes prononcé contre la loi NOTRe, pourtant les intercommunalités peuvent apporter des solutions, la Nouvelle Aquitaine peut apporter un souffle…

Lorsque la première loi sur les intercommunalités est apparue, nous avons été en vallée d'Aspe parmi les tous premiers à créer une communauté de communes. J'y ai toujours été très favorable. Mais c'était à taille humaine ! Ce à quoi je m'oppose, c'est au gigantisme. Qui est une catastrophe dans le domaine économique, dans le domaine social, comme dans l'organisation du territoire.

— (LC) Nous avons des communes qui pourraient ne plus voir leurs classes ouvertes… Nos villages vivent grâce à l'école, s'il faut faire 1 heure 1/2 de trajet pour emmener les tout petits à l'école, c'est inconcevable ! Je m'adresse à Jean Lassalle comme futur Président de la République, que peut faire l'Éducation Nationale, à part des circulaires ?

Mme Campello a totalement raison. Ce qui manque c'est une véritable prise de conscience, et c'est l'objet de ma candidature.

Tout le monde l'a, cette conscience, qu'est-ce qu'il faut faire ?

Tout le monde ? Nous avons eu des heures et des heures sur les primaires, on nous a infligé des heures sur M. Macron y compris quand il collecte des fonds aux États-Unis… Qui parle de la réalité dont parle Mme Campello, du désenclavement, du numérique ? Moi je vais engager une campagne nationale en faveur des campagnes de France. C'est une richesse, les campagnes ! On l'a oublié, on pense que ça coûte au budget national, c'est pour ça que nous sommes les derniers à être équipés… Je vais être le porteur…

Ça a un coût, remettre des enseignants dans les villages, que la France ne peut peut-être pas se permettre… !

Pascal… je n'ai pas l'habitude de travestir les faits ni de m'engager dans des démarches populistes. Mais quand même ! Tous les CAC40 qui affichent des bénéfices exorbitants, sans parler de ce qui part dans les paradis fiscaux ! Les banques affichent des bénéfices horrifiants, et nous devons lutter des semaines et des semaines pour sauver une école ! Il faut revoir la manière dont nous traitons les banques. Revoir la participation des fonds américains venus uniquement pour faire des bénéfices. Revoir les bénéfices énormes des compagnies d'énergie ou d'eau, des autoroutes, bénéfices indignes d'un pays qui a 8 millions de pauvres et qui n'arrive pas à faire vivre ses campagnes !

Vous étiez proche de François Bayrou, vous le dites hors jeu aujourd'hui ?

Je n'ai pas l'intention de m'étendre sur François Bayrou. Je suis là pour parler de ma candidature et expliquer ce que je vais de faire.

Vous soutenez Nuit debout, vous rendez hommage à la CGT sur l'encadrement des salaires … Pourquoi ne participez-vous pas à la primaire de gauche ?

La Constitution dit que les partis animent la vie démocratique. Le Président, on ne lui demande pas de quel parti il est. On lui demande d'être clean et de trouver 500 signatures. Malheureusement les jeux de partis font qu'on a passer trois mois pour rien, à discuter si on devrait supprimer 100000 ou 500000 fonctionnaires ?!

Et vous, combien ?

Comment voulez-vous faire face aux hôpitaux, aux maisons de retraite, vous voyez avec quoi vivent les infirmières et surtout les aides-soignantes ? Quand nous aurons tous les deux 93 ans, nous aurons 3 minutes de toilette ! C'est terrible ! C'est ça, la vie quotidienne !

Beaucoup me posent la question "vous dénoncez le capitalisme…" Mais il y a des capitalistes qui ont fait beaucoup avancer la France et le monde ! M. Peugeot, M. Citroën, M. Schneider, M. Renault même, ont été des capitalistes ! Seulement, leur argent, ils l'investissaient entièrement pour qu'il y ait du progrès. Tandis que le capitalisme d'aujourd'hui est un capitalisme de spéculation.

Vous êtes sur la ligne d'Arnaud Montebourg ?

C'est peut-être lui qui est sur la mienne, peu importe, en tout cas vous êtes bien obligé de constater que c'est comme ça que ça se passe ! Et encore à France 3 ça ne se passe pas trop mal, j'ai vu la Présidente de France Télévisions, mais vous voyez les luttes qu'il faut mener… Ce n'est pas normal dans un pays qui prétend être la 5ème puissance du monde !

Mme Campello, on voit des initiatives de financement solidaire, comme la fromagerie des Aldus (?), qui permettent d'adoucir un peu les choses ?

— LC : Dans la vallée d'Aspe, Aspe-Solidarités fait beaucoup de choses, on essaye de faire la même chose sur Barétous. Il y a plein de projets de femmes, de jeunes, de moins jeunes. En-dehors des circuits classiques. Je ne partage pas toutes les idées de Jean, mais le constat sur le grand capitalisme, je le partage ! On est dans une société de mondialisation, et en même temps les gens se retrouvent de plus en plus aussi.

Vous avez donné votre signature à un candidat ? Vous avez choisi ?

— LC : non, pas du tout ! C'est secret !

Jean Lassalle, quelle serait, si vous étiez élu, la première mesure que vous prendriez ?

Attendez, on ne peut pas passer juste sur ce qu'a dit Mme Campello, parce que c'est très beau. Les initiatives… je pense qu'il y a une citoyenneté qui est de retour, pas seulement dans nos vallées, dans l'ensemble du pays. Regardez l'ensemble des mouvements citoyens ! Mais ils n'ont pas le droit de cité dans cette campagne des présidentielles, réservée aux trois grands partis de pouvoir. Si j'étais à Nuit debout c'est justement parce que je me retrouve dans cette démarche.

On vous voit chez Ruquier…

Ruquier ? Ça fait 6 ans. En 6 mois de candidature, j'ai dû faire 5 minutes à Europe n°1 et 3 minutes à Monte-Carlo, alors que j'y avais mes habitudes !

Et quelles sont les premières mesures que vous prendriez ?

J'invite d'abord l'ensemble de mes concurrents à faire, comme moi, un diagnostic précis. Ce n'est pas de savoir si on pleure M. Hollande ou M. Sarkozy, c'est : quelle est la nature de la dette ? Comment on la rembourse ? S'il n'y a plus d'agriculture, comme voulez-vous que Mme Campello puisse trouver ses fibres optiques ?

Vous dites qu'il n'y a plus d'industrie, comment relancer l'industrie française ?

Je crois qu'il faut prendre un nouveau virage, notamment sur l'énergie. Le moment du solaire est venu. Il est plus avancé qu'on le dit. On a la capacité de fabriquer une énergie toujours renouvelable qui refera de la France le numéro 1.

Quelle est dans cette élection, votre ambition ?'

C'est d'être Président. Je crois avoir l'expérience, la connaissance aussi de ce vieux peuple, pour lui donner l'enthousiasme, la force communicative qui permet les grandes choses.

Avec qui vous géreriez la France ?

Ne vous en faites pas ! Le monde politique est dans un tel désarroi… Je trouverai la majorité que les Français voudront pour me permettre d'aller au bout.