Quelques réflexions collectives de militants MoDem sur 3 des 8 thèses publiées par le siège national sur les retraites. Ça date d'un mois et la réflexion du MoDem 95 s'est poursuivie depuis ; mais puisque c'est d'actualité, je publie ces paragraphes avec lesquels je me sens tout à fait en accord.

2) Le régime par répartition

La retraite par répartition établit une solidarité entre générations. Les cotisations d’aujourd’hui auront une valeur dans 30 ans s’il y a en France, dans 30 ans, des emplois productifs et bien rémunérés. Une économie riche en emplois (voir sujet 6) doit donc être développée en France, non seulement à court terme pour faire baisser les chiffres du chômage, mais aussi dans une perspective de très long terme, pour garantir les retraites futures.

6) La question du travail

Le grand défi, pour l’équilibre financier des régimes sociaux dans leur ensemble, c’est bien celui de l’emploi en général, et de l’emploi des seniors en particulier.

Qu’est-ce qui encouragera demain les employeurs à garder leurs salariés seniors, les salariés seniors à poursuivre leur carrière en s’investissant dans leur entreprise ?

C’est un défi pour notre société, bien plus difficile que de changer une réglementation ou de faire une annonce au 20 heures. La contribution Delalande pénalisait les entreprises qui licenciaient des seniors. Elle a été supprimée, parce qu’on lui reprochait de décourager les embauches. Cette suppression a-t-elle atteint son but ? Les embauches de seniors sont-elles de retour ?

Les préretraites ont été nombreuses dans les grandes entreprises, pour tous les niveaux de la hiérarchie, pour alléger leurs coûts salariaux en France et développer leur activité à l’étranger. Quel a été, globalement, le bénéfice pour la société française ?

L’organisation des entreprises doit faire de grands progrès pour s’adapter aux personnes et faire le meilleur usage des talents de chacun. Parmi les salariés, les plus anciens sont précieux pour les entreprises qui veulent faire travailler leurs équipes de façon solidaire. Certains employeurs découvrent aujourd’hui le risque que représentent l’isolement des salariés, la dissolution du lien social entre eux.

Les salariés doivent être encouragés, y compris par le montant des pensions, à poursuivre leur carrière au-delà de 60 ans. Mais est-il raisonnable de repousser cet « âge légal de la retraite », d’interdire aux salariés de quitter leur emploi à 60 ans ? Dans beaucoup de métiers, on demande de plus en plus d’implication aux salariés, implication émotionnelle, intellectuelle, mise sous tension permanente. Plus les emplois évoluent dans cette direction, plus nombreux seront les salariés épuisés, à bout de forces ou d’envie, dès 60 ans. Par ailleurs, les projections du COR le montrent, repousser cet âge légal d’un ou deux ans contribuerait très peu à l’équilibre du système.

8) Une organisation durable

Aujourd’hui, beaucoup de Françaises et de Français craignent qu’il n’y ait tout simplement plus de retraites dans 40 ans. Ils sont blasés par tant de réformes successives, d’annonces contradictoires, de polémiques politiciennes dont les retraites sont le prétexte. Ils se demandent ce qu’un système national pourra garantir demain, alors que notre économie et nos emplois sont fragilisés par la mondialisation.

Ce que nous voulons pour l’organisation future du système, pour la façon dont les décisions seront prises demain sur les retraites, ce n’est donc pas seulement qu’il responsabilise les décideurs et assure l’équilibre financier à moyen terme. C’est aussi que cette organisation soit durable, c’est qu’elle inspire confiance, sur le long terme, aux salariés et aux jeunes d’aujourd’hui.

La confiance des citoyens dépend aussi de la justice avec laquelle cette réforme sera menée. Retarder les retraites des salariés ordinaires, tout en laissant intacts les régimes très avantageux financés par l’État pour quelques catégories privilégiées, serait inacceptable.


Le titre du billet est bien sûr d'après Jean Ferrat, il y a 49 ans.