Le JdD nous annonce "20 mesures clé" du programme socialiste.

Je les diviserais volontiers en 4 catégories :

  • 6 sont du foin,
  • 6 sont du pipeau,
  • 6 sont de la déco,
  • 2 sont à considérer (en fait 4 à moitié valables, ce qui ferait 2 ;-) ).

Mais avant d'aller dans le détail, disons tout de suite que 19 sur 20 sont de la diversion.

C'est un programme de ravalement de façade du service public français, alors que l'alternative est entre la restructuration et la faillite.

Michel Rocard, interviewé au sujet de la campagne présidentielle par un blog parisien en 2005, disait… (hélas, ce n'est plus en ligne, je cite de mémoire) : "dans l'état où sont les finances publiques, un projet présidentiel qui ne serait pas d'abord une stratégie de financement, serait simplement un mensonge".

C'est certes "une vérité qui dérange", mais la prendre au sérieux est notre seule chance d'éviter le pire. Et s'il faut pour cela une campagne publique (et non des arrangements d'appareil), les meetings, la télé, les primaires ouvertes, des conférences de citoyens, que sais-je, ça en vaut la peine.

Partant de ce critère, le programme socialiste ment à 19/20, soit 95%.

La mesure pertinente est la suppression "progressive" du paquet fiscal de 2007 (mais pourquoi donc "progressive" ?). Une fois le paquet fiscal totalement supprimé, cela économisera sans doute environ 12 milliards à l'État ; autrement dit, 12 milliards d'impôts en plus sur la moitié la plus fortunée de la population[1].

Malheureusement, pour éviter la faillite publique et ses conséquences, il faudrait trouver autour de 100 milliards par an[2].

Or aucun des 19 autres points du programme socialiste ne rapporte le moindre million.

La fusion entre CSG et impôt sur le revenu, serpent de mer techno-universitaire, ne rapporte pas un centime par elle-même.

16 autres mesures semblent être à budget constant, ou à coût modeste.

Les deux dernières mesures sont extrêmement coûteuses :

  • de l'ordre de 15 milliards par an pour "les nouveaux emplois jeunes";
  • de l'ordre de 3? milliards pour "l'allocation d'autonomie" pour les jeunes.

Il ne manque donc plus 100 milliards par an, mais 106, pour rendre une candidature présidentielle socialiste tout simplement crédible.

Et éviter que son vrai programme ne soit : "faites-moi confiance pour vous cacher les mesures d'urgence que je devrai prendre une fois la faillite déclarée".

Pourtant, les plus gros problèmes à résoudre sont connus de tous — par exemple, en voici dix. À part le plus facile, le paquet fiscal à abroger, le programme socialiste n'évoque aucun des dix.

Notes

[1] Pour la très grande majorité de ces 12 milliards.

[2] Je ne suis pas le seul à faire cette estimation. À titre de comparaison, le "non-remplacement d'un fonctionnaire sur deux partant à la retraite" aurait permis d'économiser 200 millions par an, soit 0,2% des besoins.