Je continue à regarder tomber les favoris, de leurs partis et des sondeurs, la tête m'en tourne.

Primaire écologiste, je n'ai pas pensé assez tôt à m'inscrire, Cécile Duflot est tombée sans que je la pousse. J'aurais voté Michèle Rivasi au premier et au second tour. Yannick Jadot est très valable, mais lui-même ne se dit pas en course pour l'Élysée. Alors, à quoi bon ?

Primaire de droite, j'ai voté pour Alain Juppé au premier et au second tour, ça ne lui a pas suffi dites donc. Nous avons vu chuter l'ancien président Nicolas Sarkozy au premier tour — je n'avais pas vu venir ce scénario — et le favori Juppé au second.

Dans la foulée, le président sortant François Hollande, que même François Durpaire voyait au 2ème tour en mai, renonce piteusement.

Primaire de gauche. J'avais de bons souvenirs d'Arnaud Montebourg à l'époque où il travaillait avec Vincent Peillon et s'opposait au premier secrétaire François Hollande. J'ai l'impression vraie ou fausse qu'il s'est dilué depuis dans la nomenklatura, la comm' parisienne et un gauchisme chic. J'ai envisagé de voter Benoît Hamon à peu près pour les raisons évoquées par authueil. J'ai remis cela pour le second tour : le corpus réaliste-socialiste du projet Hamon me semble plus proche des totems idéologiques et des préférences intéressées de la "première gauche", que d'une re-création. J'ai voté pour François de Rugy, pour son projet écologiste très travaillé et excellent à mon humble avis, et malgré son alignement décevant des dernières années sur le gouvernement Hollande-Valls. L'ancien chouchou des sondages Montebourg a été balayé, et la candidature forcée de Manuel Valls est fort mal en point. Même sur la circonscription de son porte-parole, Argenteuil-Bezons, y compris dans la ville d'Argenteuil dont il a avait été Adjoint au Maire, il a recueilli aussi peu de suffrages qu'au niveau national.

François Bayrou, après l'échec de son candidat Alain Juppé, espère sans doute un vent favorable pour lui-même ou pour ses idées. Mais il n'a pas collecté la moindre promesse de parrainage, 3 mois avant le scrutin. Ça rend sa candidature très improbable.

Regardez les sondages, pas les vieux, ceux de 2016 : les candidats non extrêmes envisagés par presque toutes les enquêtes sont hors jeu. Les scénarios de second tour prévus dans presque tous les scénarios, sont morts.

Il reste deux des favoris de 2016 : Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon.

Marine Le Pen était pour moi la favorite de cette présidentielle 2017. J'en suis aujourd'hui moins sûr : je ne l'ai pas vue marquer un point depuis 6 mois. Elle continue à faire du sur-place en attendant que la concurrence s'effondre. Ce que la concurrence fait. Mais pendant ce temps, son propre camp ne devient guère plus convaincant.

Jean-Luc Mélenchon, comme à chaque présidentielle, a bossé, et représente une candidature sérieuse non seulement pour le premier mais pour le second tour. C'est là que le bât blesse : pouvons-nous voter pour un soutien de tant de dictatures pourvu qu'elles soient peintes en rouge ?

La même inquiétude vaut pour Donald Trump, fan des oligarchies, ce qui ne l'a pas empêché d'être élu, ou pour les Le Pen amis fidèles des dictateurs nationalistes.

Est-ce le genre de gens que nous voulons en France ?

Y aura-t-il en avril et mai 2017 une alternative démocratique, républicaine, constructive, réaliste, ambitieuse, populaire, écologiste… un(e) possible Président(e) pour remettre la France en route ?

François Fillon, hier ministre estimable, aujourd'hui coaché par le président du groupe Bilderberg, ancré dans un projet politique ranci depuis trente ans, me semble à l'opposé de ce qu'attendent au moins 80% des Français.

Emmanuel Macron, ministre tout aussi estimable, n'a pas montré, dans cette campagne, autre chose que du techno-jargon du milieu médiatico-financier parisiano-londonien. Je crois que lui aussi ne peut entraîner que 10 ou 20% des Français. Je l'imagine lui aussi écrasé dans un deuxième tour par Mélenchon comme par Le Pen.

(Ajout) : Un ami et ami-Facebook a écrit aujourd'hui que, dans cette présidentielle, "le bon clivage c'est chien versus jeu de quille. Il faut ressembler le plus à un chien et le moins à une quille."

En 2007, quand je faisais partie de la campagne Bayrou, celui-ci obtenait en janvier autour de 15% des intentions de vote, alors qu'il affrontait, de mon point de vue de l'époque, deux candidatures très fortes et porteuses de puissantes attentes populaires, celles de Mme Royal et M. Sarkozy, sans parler d'autres concurrents sérieux.

Pour 2017, je fais partie de la campagne Lassalle, que les sondages ne prennent pas en compte (sinon le baromètre de popularité Gov qui le classe premier), et je ne vois, comme concurrents du niveau de ceux de 2007, que Mme Le Pen et M. Mélenchon.

Inquiet. Sûr que le combat en vaut la peine, ô combien, mais inquiet.