Aussi mal que je connaisse la Tunisie, le récent billet de l'Hérétique me donne envie de répercuter cette suggestion entendue à la télévision.

La Tunisie est face à la difficulté de construire une démocratie (de permettre au peuple d'exercer effectivement un pouvoir) alors que les institutions d'État ont été profondément corrompues, et que les personnes de pouvoir ont toutes été contraintes de se lier profondément au régime sorti. Sinon, c'était l'exil, la prison, ou plus simplement l'absence de pouvoir.

Pour le dire autrement : comment faire, fabriquer, de la politique sans partis opposants ?

Que signifient des "législatives anticipées et libres" sans candidats crédibles, solides, organisés ?

Réponse d'un opposant-en-exil tunisien, dont j'ai oublié le nom, interviewé ce matin (sur BFM TV ?) à l'aéroport où il allait embarquer pour le pays : une Conférence nationale. (Je trouve sur lemonde.fr une interview en ce sens de M. Kamel Jendoubi : c'était peut-être lui).

Réunir non pas tant les partis, faibles et non représentatifs, mais toutes les "forces vives sans exclusive" : c'est-à-dire les représentants sociaux, religieux, économiques, sportifs, culturels… Toutes les personnes qui ont déjà à voir avec l'intérêt national.

Les réunir, faire fermenter, espérer que la pâte prenne et lève. En sortir une Constitution, une loi électorale, et certainement, de plénières en couloirs, des partis nouveaux.

Plusieurs pays, confrontés de la même façon à la chute brutale de dictatures, ont brillamment réussi de cette façon - le pionnier, resté l'exemple le plus célèbre, a été le Bénin.

Il y faut une intelligentsia : la Roumanie, qui en avait été privée par le régime Ceaucescu, n'aurait sans doute pas réussi son passage à la démocratie par ce moyen.

Il y faut une Armée plus attachée aux intérêts communs de la nation qu'à un clan particulier : le Congo (Zaïre à l'époque) n'avait pas cette chance. La conférence nationale "souveraine" a été sans portée.

La Tunisie a l'un et l'autre. Une Conférence nationale aurait toutes les raisons de marcher.