"Quelle reprise en 2010 ?"

Quels seront les chemins de l'après-crise ?

Cette Une - "l'année 2010 vue par cinq patrons" - m'a fait acheter Le Monde.

1,30€ m'a dit la kiosquière, avant de se reprendre.

Ces mini-interviews sont intéressantes, m'enfin, leur 2010 ressemble énormément à 2009.

Logique : pour que l'Occident sorte du marasme, il faudrait un nouveau grand truc.

Sinon, avec l'appareil de production existant qui continuera à grignoter doucettement un peu de productivité et d'emploi (doucettement désormais, puisque l'internetisation est bouclée, et que tout le monde a déjà été viré des usines), que produirait-on de nouveau ?

Et où serait la croissance si on ne produit rien de nouveau ?

Produire plus de la même chose ? Mais ça, la Chine le fera bien mieux que nous, l'imitation y est l'un des beaux-arts.

Et plus de quoi, de toute façon ? De nouilles ? De surcoûts marketing sur l'emballage des paquets de nouilles ? De spots publicitaires pour les nouilles ? Rien de tout ça ne devrait être très convaincant pour le reste du monde. Et si nous n'intéressons pas le reste du monde, l'euro ne vaudra plus grand chose. On tombera de facto dans le Grand Protectionnisme : celui qui consiste à être bien obligé de se débrouiller seuls, faute de pouvoir acheter ce que fabriquent les autres.

Ce n'est pas exactement la croissance.

Il y a bien sûr la voiture basse consommation et l'isolation des bâtiments. OK, ça fait travailler. Ça coûte souvent, à court terme, plus cher que ça ne rapporte. C'est bien, faut le faire, c'est comme étayer les murs de la grange et refaire la toiture. Ça ne la remplit pas de grain.

Alors, quoi de nouveau ? quelle valeur de la décennie 2010 ? quel grain à moudre pour créer de l'emploi ?

Je n'en sais rien (je lis seulement Hugues Séverac qui m'inspire ce billet. Remarquez, il coûte moins d'1,40€ : il est gratuit).

Ce que je sais, c'est que le politique ne pourra pas créer cette valeur nouvelle à notre place. À la place des inventeurs, des développeurs, des ingénieurs, des marketeurs, des artisans, des clients.

Le boulot du politique en 2010, c'est de créer les conditions pour que la next big thing puisse arriver. De créer dans nos villes, nos régions, notre pays, notre continent, un environnement favorable à ce genre de progrès.

Créer un environnement économique, social, environnemental, où il fasse bon vivre, ouvrir les yeux et les oreilles, mettre la comprenette en marche, créer de ses mains, tester des idées, échouer cent fois, réussir une.

Une société de confiance : "C’est cette démocratie politique et sociale qui fera changer la France, qui construira le nouvel horizon européen[1]."


Comme, moi aussi, je tiens depuis longtemps à ces idées d'environnement et de régulation, j'avais eu l'occasion d'en parler lors d'une soirée, en 2007, à laquelle il est fait allusion sur le blog du démocrate. Voir aussi ici même : "Réguler par la démocratie l'économie et la planète (pas facile)" (nov. 2009).

Notes

[1] François Bayrou bien sûr, dans le discours en lien, en 1996.