Dans plusieurs discussions récentes entre amis ou militants de différents bords, le même refrain : il n'y a personne, parmi les candidat(e)s têtes d'affiche de la présidentielle, pour qui nous ayons envie de voter. Aucun(e) ne ressort clairement comme le/la Président(e) évident(e) pour 2017 et après.
Cela vaut la peine d'y regarder à deux fois !
Je m'étais donc promis de faire un banc d'essai, en passant en revue les différentes candidatures que je connais (dont, oui, la longue liste des primaires de la droite) avec les mêmes critères. Parfois ça fait ressortir des personnalités mal calculées par le discours médiatique.
Pour ça il faut commencer par les critères ! Voici mes 8 critères, et le pourquoi de chacun. Je les ai trouvés tout frais de ce matin. J'ai essayé de les mettre par ordre de priorité. Donc si on fait une grille ensuite, le 1er critère pourrait compter avec un coefficient 8, le deuxième avec un coefficient 7, etc.
Je veux bien monter à 10 d'ailleurs. Si vous avez des critères additionnels à proposer, ou un changement dans l'ordre de priorité ?
1. Indépendance par rapport aux lobbies et intérêts privés
La décision politique nationale est paralysée depuis 25 ans — 1991, je cite souvent cette date, celle de la fin du séjour de Michel Rocard à Matignon. Paralysée par les intérêts en place, qui capturent la décision publique : lobbyisent les parlementaires, préparent les conseillers de cabinet à pantoufler, réseautent voire financent les carrières politiques. Seul un chef d'État imperméable à tout chantage de ces intérêts privés — lobbies d'entreprises, syndicats, rentiers du pétrole, etc. — peut remettre le pays en route.
2. Vision mondiale et perception du changement
Remettre en route, mais si c'est pour tourner en rond… La classe politique française est bunkerisée dans un micro-milieu parisien, énarchique, analogique, tout-francophone, qui survit par l'argent de nos impôts, coupé du monde réel. Il nous faut un(e) Président(e) du grand large, qui voyage, qui communique, qui vit dans le présent, qui nous remette non seulement en route, mais dans la course mondiale.
3. Crédibilité face aux décideurs et aux médias
Un(e) Président(e) qui "nous" remette dans la course, c'est comme un sélectionneur d'équipe de France — si les joueurs ne veulent pas jouer, restent assis dans leur bus, c'est mort[1]. La crédibilité peut naître de qualités diverses — la compétence ou l'implantation, la violence ou le coeur, l'engagement ou l'ambition… En tout cas, notre leader devra donner envie aux Français(es), et notamment à ceux qui ont de l'influence, du pouvoir, de quitter leur siège et aller sur le terrain[2].
4. Priorité aux pauvres et aux majorités
Les succès que nous recherchons sont des succès pour l'équipe de France — non des buts contre notre camp. Le/la Président(e) doit se faire garant(e) de l'intérêt général, alors que dans le débat public, des intérêts très particuliers ont bien plus de poids. Le/la Président(e) doit donc porter, y compris contre ses interlocuteurs, l'intérêt des majorités, et spécialement les intérêts de ceux qui n'ont qu'une petite voix, les pauvres, les plus âgé(e)s, les enfants, les handicapé(e)s, les marginalisé(e)s.
5. Compétence sur les sujets politiques
Nous commençons ici la deuxième moitié des critères, c'est un peu moins important. La compétence s'achète, se recrute, se met en musique. Mais tout de même, ça aide d'avoir un leader qui sait ce qu'il/elle dit. Quelqu'un qui ne se contente pas d'arbitrer au feeling, au rapport de forces, dans les débats d'experts. Quelqu'un qui imprime des orientations sur le fond, donne de la visibilité sur ses intentions, garde en tête les situations à améliorer.
6. Solidité physique et psychique
On a connu des chefs d'État fragiles sur ces critères. Mais l'équilibre personnel, la capacité à encaisser une pression constante pendant des années, c'est précieux. La vie "de château" d'un chef d'État est en fait abrasive. Cherchons quelqu'un qui puisse y résister cinq ans.
7. Capacité à réunir un soutien populaire
Là encore, des Président(e)s sans cote d'amour, ça peut marcher. Mais un bon contact avec le peuple français, avec les foules, avec les mouvements partisans, apporte de la force dans les rapports avec les puissances étrangères ou intérieures.
8. Réactivité tactique, aisance à manœuvrer
Comme la compétence, la tactique peut être sous-traitée à des numéros 2, à condition de savoir les choisir — De Gaulle en est l'exemple le plus évident, avec Georges Pompidou. Mais le bateau résistera encore mieux, et ira plus vite, si le capitaine lui-même sent la mer à chaque instant.
Voilà ma grille de notation. Qu'y changeriez-vous ?
Bien sûr, un prochain billet, encore à imaginer, notera sur cette grille les candidat(e)s actuel(le)s ou pressenti(e)s. La discussion porte pour l'instant sur les critères de choix
8 juillet 2016
À la demande générale de Charly, je remonte le critère "7. Capacité à réunir un soutien populaire" en 3ème position. En effet un tel soutien apporte une crédibilité (critère 3 ci-dessus) et fait du chef d'État l'obligé de la majorité (critère 4). La "crédibilité", d'ailleurs difficile à noter, passe en 5, la compétence en 6, le physique/psychique en 7.
(excuse-moi de faire un premier commentaire si décalé, mais il semble que tu ne maîtrises pas bien l'anecdote du bus des bleus à la CDM 2010. Les joueurs avaient refusé de descendre du bus, refusant d'aller s'entraîner, et cela a donc été appelé "grève". S'ils étaient descendus, cela aurait signifié qu'ils acceptaient de suivre leur sélectionneur...)
Je trouve ces 8 critères excellents, clairs et... CONCIS. Bravo!
(j'essaierai d'y réfléchir un peu plus et de proposer d'autres idées dans les jours qui viennent.
)
oups !!! l'ignare en histoire du foot. Je trouvais bien que ça sonnait faux, en l'écrivant. Je corrigerai
Dans ce pays ou la peur du changement (quel paradoxe au regard des slogans de campagne) le reflex du NON et de l'immobilisme sont si puissants... la nécessité de réformes profondes et je crois d'une véritable évolution des esprits (râler un peu moins, croire un peu plus en ses chances et en ses possibilités, attendre un peu moins de l'état, accepter que nous ne sommes plus dans les 30 glorieuses...), le critère "Capacité à réunir un soutien populaire" me semble avoir sa place sur le podium.
Le plus honnête, le plus compétent, le plus visionnaire, le plus indépendant des hommes ne pourra rien faire sans soutien populaire durable.
@Fred,
Ai lu, je repasserai plus tard sur ce billet. La vie ne m' est pas simple ces derniers temps, mon dernier sous la coupe d'un secrétaire de sos racisme....
Je l'aimais bien ce fou du roi, mais pas humaniste pour un sou.
Je repasse, ai besoin de réfléchir, sur certains points je peux adhérer d' emblée, sur d'autres besoin de nuances.
@+
A propos de football, il y a un homme politique français passionné de foot, qui a montré son indépendance par rapport aux lobbies et aux partis, a une vision mondiale, au moins sur le football, l'écologie ou l'aide au développement, est un Européen plus que convaincu, parle vraiment couramment plusieurs langues, est un homme de gauche ouvert au libéralisme (le vrai, pas celui des banquiers), a une certaine expérience des manoeuvres politiques tout en étant resté populaire.
De plus, c'est la bête noire de Marine Le Pen .. et aussi de François Bayrou (pour ce dernier, ils ont le temps de se réconcilier)
http://www.dailymotion.com/video/x2...
http://www.dailymotion.com/video/x2...
Je cherche la version intégrale du film, je n'ai pas trouvé.
@ Charly : ok on change ça
@ Martine : c'est noté !
@ XS : je l'inclus dans le comparatif (que je viens de faire ce matin)… et scoop en avant-première, il arrive premier !
home care services in fort washington md
@ Fred,
Point 1 : J' adhère.
Point 2 : Je n' adhère que partiellement à cause du volet voyage, car on peut très bien voyager tout en restant ignorant des pays que l'on visite en restant dans son quand à soi.
Point 3 : Ok, je n'attendais que ça il y a plusieurs années en arrière.
Point 4 : J' adhère
Point 5 : Voui, et j'y ajouterai intelligences.
Point 6 : Cela va de soi
Point 7 : Je vous rejoins avec Charly
Point 8 : Assez d'accord mais pas top.
Bonne soirée Fred
En voyageant, savoir aussi s'affranchir des amis qui vous préparent les visites.
Voila
Nan ne suis pas parano, je connais la vie tout simplement.
Alors moi, dès qu'on parle critères de discernement, j'achète tout de suite.
Chouette grille, merci. En se mettant d'accord sur une grille, ou en tout cas en comprenant la grille de l'autre, on élève de beaucoup le niveau de la discussion et son efficacité. Intelligent de commencer par là.
Seul le critère "compétences" (5>>6) ne m'a pas tout de suite paru clair. "Il sait ce qu'il dit", autrement dit, il s'y connaît sur le sujet dont il parle. Dit ainsi, ça me paraitrait plus évident. Le flou perçu vient peut-être du fait que "politique" a un champ sémantique trop grand. Je crois qu'on peut toujours hésiter sur son sens, même dans ce blog (gestion de la cité... ou art de magnétiser les masses et manœuvrer entre ses concurrents ?).
J'attends avec impatience ton analyse des courageux gladiateurs de 2017.
@ Zig, le hug sera pour plus tard en fonction des circonstances.
Il est très difficile d'être "hype" en tout sujet, donc s'y connaitre déjà un peu plus que la moyenne sans être un expert.
Et surtout savoir reconnaître les compétences d'autrui qui parfois ne se résument pas aux seuls diplômes.
Pour le reste à titre d'anecdote il y a eu un candidat autrefois, qui se présentait comme le seul initiateur de l' introduction du web dans l'enseignement, combien a t il pu s'aliéner de soutiens via cette déclaration..
Voila et bon courage à MAK.
Bonne soirée et match
@ Fred,
"On attire plus de mouches avec du bonheur qu'avec du vinaigre"
Très proche d'un commentaire sous forme de citation(car quand trop c'est trop... ) j'avais déposé chez l' héré bien sur un tantinet ironique à l' intention d' une luciole qui me harcelait et essayait de propager de fausses rumeurs, ou de me faire mauvaise presse avec sa mère mirabelle: "on attrape plus de mouche avec du miel, qu'avec du fiel".
"Présider la République Française ne s'improvise pas. Il y faut une connaissance approfondie du pays, une passion pour ses habitants, des compétences administratives et juridiques exceptionnelles, une analyse rigoureuse des enjeux stratégiques du temps, une considérable capacité de travail, une grande mémoire, une immense résistance physique. Et aussi du caractère, une grande maîtrise de soi, une faculté d'adaptation, des repères moraux, une disposition à reconnaître ses erreurs et à changer d'avis ; enfin, et peut-être surtout, une vision de la France et du monde, et un projet suffisamment fort pour se permettre d'être indifférent aux critiques en acceptant, si nécessaire, une impopularité provisoire".
Jacques Attali "C'était François Mitterrand" Editions Fayard
Je pense Frédéric que ce texte que j'ai cité, répond entièrement à tes 8 critères.
@ Bernard : très beau texte, merci ! En effet je rejoins cette approche. Personne bien sûr ne répondra parfaitement au portrait. Un journaliste de l'Express prête à François Bayrou, vers 1998, un mot selon lequel la fonction de chef d'État est au-dessus des capacités de n'importe quel être humain. Cependant ce sont les bons critères, ceux à avoir à l'esprit quand nous ferons notre choix.