Sur le blog gerardmentor, Alexandre publie un long billet défendant et illustrant la sortie de Manuel Valls. Au passage, il envisage une suppression de la durée légale du travail comme proposé par Hervé Novelli.
je me demande (mais je n’ai encore aucune certitude) si ce serait une si mauvaise chose[1] que d’aller vers une suppression de la durée légale de travail. Ce pays souffre de sa rigidité, et un peu de libéralisme ne lui ferait pas de mal s’il veut renouer avec la réussite économique. A part la France, il n’y a que la Belgique et les Pays-Bas qui ont fixé une durée légale de travail. Partout ailleurs en Europe, c’est la législation européenne sur le sujet qui s’applique, c’est-à-dire une durée maximale de 48 heures, et une forme de « cas par cas » dans chaque entreprise.
Alexandre avertit : "ne me mangez pas tout-de-suite : je n’ai pas dit que j’étais sûr de moi. Il faut encore que mon idée sur la question mûrisse. Et je ne suis pas un spécialiste d’Économie." Bravo ! Parler de ce qu'on connaît mal, c'est tout le mérite des blogs, et je m'en vais de ce pas l'imiter.
"un peu de libéralisme ne… ferait pas de mal"
Oui, si c'est au sens de la liberté d'entreprendre, par exemple.
Les socialistes passent leur temps à imaginer de nouvelles contraintes, limites, impératifs,… pour les entreprises, tandis que la droite passe son temps à imaginer des défiscalisations, dérogations, subventions et exemptions : en ce sens le libéralisme obligerait à licencier la gauche comme la droite sans indemnités. Pour faute grave.
Mais si la durée du travail devenait librement fixable dans le cadre du contrat de travail entre entreprise et salarié (ou négociable par entreprise, ou par branche), je la vois d'ici grimper à très grande vitesse en commençant par ... les secteurs les plus exposés à la concurrence locale, nationale ou internationale... à peu près tous les secteurs en fin de compte sauf le secteur public, monopoliste (au sens où il a le monopole de sa ressource, fiscale) et syndicalisé ! Je ne vois pas où serait le progrès. Je doute donc que le "libre marché du temps de travail" soit optimal en quoi que ce soit.
L'argument "toute l'Europe sauf la France, la Belgique et les Pays-Bas" est un peu court : dans toute l'Europe du Nord, il n'y a quasiment pas de droit étatique du travail, le droit est le résultat du fameux "consensus social-démocrate" entre patronat et syndicats[2]. Il ne bénéficie donc qu'aux travailleurs syndiqués. Ce pourquoi les syndicats sont forts. Et c'est la même chose dans la grande industrie américaine, où les travailleurs peuvent être - de ce fait - bien plus protégés que dans la grande industrie française !
Le passage à un tel modèle "social-démocrate" me semblerait à la fois rétrograde (car la relation "de branche" ou "d'entreprise" patronat-syndicats nationaux avait une bien plus grande portée à l'époque où l'industrie avait un marché national, années 50 à 70) et contraire au principe français d'égalité des droits (entre salariés notamment).
En France, le droit du travail est un objet de débat public national, et je trouve ça très bien. Démocrate je suis plus que libéral - pas de doute !
Notes
[1] Avec un lien fort aimable vers un de mes précédents billets sur le sujet.
[2] Je simplifie dans une ignorance à peu près totale. Il y a UNE bonne source en français sur le Danemark, c'est ici.
Je plussoie.
Pour le Nord, un bon spécialiste est Alain Lefebvre :
http://cyrano.blog.lemonde.fr/2008/...
(mais depuis qu'il est revenu de Stockholm, son blog "Nouvelles du Nord" n'est plus accessible)
merci et merci pour le lien !
J'en profite pour en proposer un sur l'école en Finlande (dont les résultats PISA sont inversement proportionnels aux nôtres...) : http://www.canoe.com/infos/dossiers...
il y a pourtant un bon exemple : le smic. inexistant en Allemagne ou en Scandinavie. Ce ne sont pourtant pas des pays hébergeant des bataillons de travailleurs pauvres en nombre, en comparaison de la situation française.
Justement : ils ont des salaires conventionnels de branche tout à fait substantiels, négociés par les syndicats. Les salaires y sont bien moins inégaux qu'en France.
Il y a un bémol pour l'Allemagne.
En effet, les réformes Hartz IV on introduit l'ALG II (l'équivalent du RMI, mais à 350€ mensuel).
Les personne le touchant peuvent en plus exercer une activité, rétribuée à 1€ de l'heure ! : http://fr.wikipedia.org/wiki/Hartz_...
Le gouvernement (CDU) affirme que la personne touche en fait plus d'un euro du à des allocations supplémentaires.
On peut peut-être le comparer au dispositif RSA + PPE existant maintenant en France.
Pour les personnes qui ont un emploi régulier, il y a des syndicats de branche puissants, notamment IG Metall ( http://fr.wikipedia.org/wiki/IG_Met... ) qui couvre l'essentiel de l'industrie.
Les germanistes pourront aller là:
http://de.wikipedia.org/wiki/Mindes...
avec par exemple, un salaire horaire de 9,70€ pour les électriciens en ex-RFA, de 6,00€ pour le gardiennage en ex-RDA, mais ,hors-convention, de 3,82€ en Saxe pour les coiffeurs débutants.