Un ami-Facebook dit son inquiétude, un bad feeling, à 8 jours de la présidentielle.

Je me sens plus confiant que jamais — plus confiant en tout cas que je ne l'ai été depuis 5 ans.

Le scénario du pire serait une victoire de Le Pen ; ce qui serait très probable si elle était opposée à Fillon. Mais je ne vois pas d'où viendraient des électeurs additionnels pour Fillon. D'ici 8 jours, 20 ou 21% me semblent être son plafond imaginable (et je parierais plutôt sur 16-17%), et je ne vois pas comment il se pourrait qu'aucun de de ses concurrents plus à gauche n'obtienne autant.

Si Le Pen est opposée à Macron au deuxième tour, je ne parie plus sur Le Pen, comme je le faisais il y a deux mois. Maintenant que j'ai rencontré des électeurs à Saint-Denis - de "classes populaires" - qui défendaient farouchement Macron, le présentant comme une véritable alternative au « système », j'ai changé d'avis. Après tout, Macron est aussi crédible comme "anti-système" que Le Pen… ????

Donc, Le Pen présidente en 2017, je n'y crois plus.

Les trois autres qui ont les tripes pour gagner sont, sans changement, Macron, Mélenchon et Lassalle. Dans les trois cas, cela impliquerait des élections législatives très ouvertes, avec un FN sur la défensive, opposé à un certain nombre de nouveaux arrivants au lieu de ses suspects habituels. Et cela impliquerait une coalition, ce dont la France a tellement besoin après quinze ans de paralysie par les régimes de parti unique.

Ce serait une coalition de "crocodiles" dans le scénario Macron, ce qui impliquerait une tension sérieuse entre Paris et le peuple. Mais si le président Macron est vraiment un génie et montre le courage qu'il a sans doute en lui, s'il accomplit rapidement des changements radicaux contre les mafias en place (ce que j'ai cru pouvoir espérer de Hollande en 2012 ????), il peut gagner deux ou trois ans de confiance.

Une coalition rouge-rose-verte-orange-blanche dans le scénario Mélenchon, ce qui impliquerait quelques mois de grosse improvisation. Mélenchon n'a jamais su gérer quoi que ce soit, à ma connaissance. Mais le président Mélenchon s'en remettrait probablement au bout de quelques mois, comme Mitterrand en 1982, à un ministre des Finances dense et courageux, pour se replier sur la culture et l'international. Au moins, ce changement aurait ouvert des portes et des fenêtres sur notre politique moisie.

Une coalition d'entrepreneurs, de réseauteurs et de bons gars, dans le scénario Lassalle, ce qui étonnerait et fascinerait le monde. Le verso, le bon côté, du scénario Trump. Cela ne durerait probablement pas plus de deux ans avant que le business as usual ne reprenne, mais deux ans suffisent pour ouvrir une ère.