Mes excuses pour le peu de présence sur ce blog… Une campagne présidentielle, c'est un peu prenant :-)

L'affaire Pénélope Fillon m'a pourtant d'autant plus intéressé que j’ai moi-même été embauché pendant 3 semaines comme assistant parlementaire, à mi-temps, de Jean Lassalle ; heureusement que mon travail est réel et facile à attester ;-)

Voici sur cette affaire ce que j'écrivais le 30 janvier à un correspondant ; l'affaire a beau se développer vite, ça reste grosso modo mon point de vue douze jours après !

Dans l’affaire « Pénélope », il y a deux sujets de fait :

  1. Peut-on employer comme assistant(e), ou en cabinet, un membre de sa famille ? A mon avis, c’est même judicieux car l’emploi de cabinet est « politique », la confiance est indispensable. Cependant, au Parlement Européen, c’est interdit depuis quelques années, soit par crainte du favoritisme, soit par crainte d’emplois fictifs (je n’ai pas regardé la motivation).
  2. Tout emploi (quelqu’il soit, assistant parlementaire ou autre, dans le public ou le privé) suppose-t-il qu’un travail soit réalisé ? Oui bien sûr. L’emploi fictif est délictueux, soit au titre d’abus de bien social (sociétés), soit au titre du détournement de fonds publics (Parlement[1]) : Mme Fillon et ses employeurs (M. Fillon, puis son remplaçant à l'Assemblée, et Marc Ladreit de Lacharrière) sont visés aux deux titres.

Il y a bien sûr, des questions plus subjectives :

  • Y a-t-il des politiques qui ne vivent pas d’emploi fictifs ou qui n’en ont jamais vécu ou qui n’ont jamais utilisé ce mécanisme ? A l’UMP, au PS, au PCF ou au FN, à mon avis, ça va être difficile à trouver.
  • Un emploi « politique » (appui intellectuel à un parti…) est-il légitime dans le mandat parlementaire par exemple ? Le FN est poursuivi à ce titre par le Parlement européen : plusieurs de ses assistants parlementaires travaillaient pour le parti et pas spécialement sur les questions européennes. Le cas de Mme Fillon, qui a revendiqué publiquement n’avoir aucun activité politique, est plus simple.
  • Y a-t-il plus grave ? Oui certes… les dizaines de millions de Kadhafi à MM. Sarkozy et son équipe selon d'excellentes enquêtes, les millions d’€ de CA de cabinets « d'avocats d’affaires » de politiques qu’on ne voit jamais plaider (MM. Villepin, Copé, Strauss-Kahn etc.), les dizaines de milliers d’euros par « conférence » sans préparation ni contenu… suggèrent d’énormes possibilités de corruption de notre classe politique par de grands intérêts économiques nationaux ou étrangers. Au moins, piquer dans la caisse de l’Assemblée, si certains le font, ne rend pas dépendant d'un oligarque ni d'un syndicat.

Notes

[1] P.S. : c'est précisément ce que contestent maintenant les avocats des Fillon, inversant leur ligne de défense initiale. Pour eux il ne s'agit pas de fonds publics.