La bonne surprise de ce samedi soir : vu et aimé Parenthèse, le film, à l'UGC des Halles.

En résumé : un film de potes à la française sur des quinquas face à la quinquagitude — entre film à sketches pour les personnages masculins, et rôles à la Rohmer pour les personnages féminins. En particulier les deux vingtas face à la vingtagitude, et, magnifiquement filmée, une trenta face à la trentagitude.

Là-dedans, plein de choses nouvelles, d'idées un peu enfantines et qui marchent parce qu'elles sont prises sérieusement, des couleurs et un son qui raviront les quinquas comme moi.

J'ai découvert le cinéma et le forum des Halles rénové : superbe !

J'ai redécouvert le film : son réalisateur, Bernard Tanguy nous en avait présenté en 2014 un pré-montage. Bernard Tanguy est un polytechnicien, camarade de promo. Nous avons passé des dizaines, peut-être des centaines d'heures ensemble dans la vaste salle des Macs, presque vide les soirs et week-ends. À un bout, Bernard faisait de la composition musicale, sur un ancêtre de GarageBand, je présume ; à l'autre bout, je composais sur Jazz (l'ancêtre d'Excel) et sur MacWrite, un mémoire d'histoire contemporaine. On n'était pas potes en fait, on ne se parlait pas.

J'étais fan : Bernard était le leader du groupe de pop-rock de l'école, je trouvais très réussies ses chansons et l'univers adolescent qu'il y déroulait, un premier degré poétique, lyrique, parfaitement assumé…

Oui tout dans ma vie c'est n'importe quoi
J'me sens jamais bien j'ai pas fait l'bon choix

Bernard a donc présenté, pour les 30 ans de la promo, un pré-montage du film. Il y avait des jolis passages, des réparties et des gestes qui sonnaient vrai. Mais — Bernard nous avait prévenus — le résultat n'était pas encore ça. Pour tout dire, les scènes d'exposition au début du film ressemblaient aux scènes de liaison de… Il fallait que les héros embarquent sur leur bateau pour que le rythme vienne et que la mayonnaise prenne.

Bon, bref, je craignais, en voyant l'oeuvre finie, d'être aussi gêné par les défauts qu'admiratif des réussites.

Magie : les défauts sont partis ! Ce qu'il en reste est plus touchant que gênant. Les scènes d'exposition ont été compressées en deux minutes. Tout de suite on embarque. Suis-je si bon public d'habitude ? En tout cas je partage tout à fait la note 4/5 donnée par les 35 premières critiques de spectateurs sur allocine. La grande diversité des notes des critiques professionnels est logique : ceux qui attendraient le niveau Fellini[1] — ou Rohmer — ne l'auront pas trouvé ; ceux qui se réjouissent de la nouveauté, de la sincérité et de la justesse ont été du même avis que moi :-)

Un film qui remet du bonheur et de la réflexion dans ce mois de juillet, idéal pour celles et ceux qui s'apprêtent à partir en vacances — spécialement les quinquas, vingtas, trentas, et leurs parents et ami(e)s !

Le film se termine sur le mot "scénario", c'était le nom du groupe de Bernard&Co.

Bernard, je reste fan !

Notes

[1] Quelques corrections du 24 juillet. Ici j'avais d'abord écrit Hitchcock, en pensant à Fenêtre sur cour et à Mort aux trousses.