Suite de l'édition spéciale ;-)

Blaise a fait son allocution après minuit, plusieurs heures plus tard que prévu. Signe de tractations extrêmement tendues à l'intérieur de son camp.

"J'ai entendu le message. Je l'ai compris et pris la juste mesure des fortes aspirations au changement" … "Je reste disponible à ouvrir avec vous des pourparlers pour une période de transition à l'issue de laquelle je transmettrai le pouvoir au président démocratiquement élu."

Les termes utilisés ("message", "pris la mesure", "reste disponible", "vous", "à l'issue"…) selon ce passage cité par la RTBF, sentent la lettre de motivation, pas le naam (la détention du pouvoir, "l'exercice de l'État").

L'armée burkinabé est de taille modeste. Elle s'est positionnée à l'ancienne (la forme du communiqué, lu par porte-parole, était similaire à celle de 1987), mais en 1987, Ouaga était déserte, le peuple était las après quatre années de gouvernement sympathique mais erratique ; en 2014, face à une révolution portée par des millions de personnes, l'armée ne pourrait pas tenir.

Arrivé à la tête de l'armée suite aux mutineries de 2011, le général Traoré est parfaitement conscient du danger d'une

"fracture au sein de nos forces armées, d’une part, (d'une) perte de confiance entre les militaires et les populations civiles d’autres part."

Journée de tractations obligatoire ce vendredi !

Et si je comprends bien, l'épicentre des négociations sera le palais du Moogho. Si des gens de l'Ouest (non-Mossi) comme les généraux Kouamé Lougué et Honoré Traoré s'y retrouvent et trouvent un consensus, le naam aura retrouvé son lieu.

Les émissaires auront pu faire antichambre, ou se débriefer, au bar-restaurant sur le bord de la route, avenue du Moogho Naaba. Paulin Yameogo, neveu de l'ancien président Maurice Yameogo (un moaga roturier, talga), l'avait ouvert en se rangeant de la politique et du journalisme après de dures expériences. Peut-être sera-t-il bien placé pour voir si son combat des années 90 obtient, vingt ans plus tard, des résultats.