"Il veut bâtir au sein de la zone euro un programme de convergence fiscale et sociale sur cinq ans pour en finir avec les distorsions et réduire progressivement les risques de dumping social. Pour financer les infrastructures, il souhaite la création d’un fonds financé par le privé. Et il veut insuffler davantage de démocratie dans le dispositif institutionnel en donnant un droit d’initiative au Parlement et plus de pouvoir aux élus nationaux."

Et il sait ce qu'il fait : il connaît Bruxelles comme sa poche, il est même belge.

Au départ, j'avais des préventions contre l'idée de soutenir un candidat étiqueté "libéral". Mais en même temps, libéral au sens belge… Et Guy Verhofstadt est plus que cela. Il s'est montré capable des révisions déchirantes qui sont si étrangères (me semble-t-il) à beaucoup de libéraux.

Celui que l’on surnommait «Baby Thatcher» à cause de son «libéralisme offensif», comme il le qualifie, si peu conforme à la tradition du consensus mou en vigueur outre-Quiévrain, va profondément changer avec le génocide rwandais. «Jusque-là, j’étais un dur, raconte-t-il. Lorsque le génocide a commencé, j’étais dans le bureau de Yitzhak Rabin, le Premier ministre israélien, qui m’a demandé ce qui se passait. J’ai répondu : "Oh, une énième querelle ethnique."» En 1997, il obtient la création d’une commission d’enquête parlementaire sur le Rwanda. Il en est l’un des deux rapporteurs. Sa conclusion : la communauté internationale et la Belgique ont une grosse part de responsabilité. «En avril 2000, comme Premier ministre, j’ai présenté mes excuses au peuple rwandais. Pour mon pays, c’est l’équivalent de l’affaire Dreyfus, le triomphe de la raison d’Etat.» Il poursuit : «Après ça, j’ai commencé à faire de la politique autrement. Ça a marqué la naissance de ma conviction que la société doit être aidée par l’Etat, qu’il y a des souffrances à soigner.» Et Daniel Cohn-Bendit de glisser : «Maintenant, son passé thatchérien est l’un de ses sujets de plaisanterie favoris.»

En juin 1999, à 47 ans, Verhofstadt devient enfin Premier ministre, son graal. Il préside une coalition de libéraux, de socialistes et d’écologistes. En poste jusqu’à la fin 2008, il transforme au pas de charge ce royaume catholique : mariage et adoption homosexuels, procréation médicalement assistée, euthanasie, tolérance à l’égard des drogues douces, lutte contre les discriminations raciales et sexistes, etc. Car Verhofstadt, comme le souligne son ami Cohn-Bendit, «est un libéral sur le plan économique, mais aussi social et sociétal, une catégorie qui n’existe pas en France». (…)

Il s’oppose avec panache à la guerre en Irak, en compagnie de Berlin, Paris et Luxembourg. (…)

Après avoir transformé son pays, Verhofstadt aimerait changer l’Europe à la tête de la Commission. Il y croit, confiant dans la capacité des mastodontes socialiste et conservateur à se neutraliser.

J'espère que les électeurs accorderont leur bulletin de vote à Guy Verhofstadt et aux partis qui, avec lui, veulent faire bouger l'Europe !