Décidément, mes amis démocrates prennent lourd.

Jean Lassalle est accusé publiquement "de mots ou gestes déplacés", rapporte entre autres le site francetvinfo.

Jean Lassalle répond

Je peux donner l'impression... Je suis très tactile. Je peux avoir une dose un peu supérieure à la moyenne de machisme (…)

Je ne sais pas comment je vais gérer la situation.

"Le député qui marche" n'est pas seulement tactile. Il est à fond avec tout le monde. Tout dans l'entraînement et très peu dans le frein.

Je me suis engagé dans sa campagne conscient que cette façon de se comporter pouvait comporter des risques ; même si je n'ai été témoin d'aucun geste qui m'aurait semblé déplacé envers des femmes (ni des hommes) ; au contraire, j'ai vu Jean se sortir avec honneur de situations piégeuses.


Je suis très heureux de ce débat français, et mondial, après les révélations sur le producteur Harvey Weinstein.

J'ai été tenté de participer moi aussi, avec un tweet comme

"#BalanceTonPorc Qui balancerais-je d'autre que moi ? #MeToo"

mais j'imagine d'ici l'équivoque.

Ce que j'aurais voulu dire avec ce tweet resté une idée, ce que je peux écrire plus longuement ici, c'est : voici enfin, au centre des discussions publiques, le comportement des hommes. Le "comment un homme doit se comporter". Jean Lassalle a bien raison de situer ces discussions sur le sujet de l'honneur.

Quel est un comportement honorable au plein sens du terme ? Vaillant et non fuyard, respectueux et non méprisant, ouvert et non replié, responsable et non lâche ?

La place des femmes dans la société a été retravaillée, remodelée, depuis 60 ans et plus, par d'innombrables débats, créations, histoires, lois, et autres genres de changements. C'est une révolution, et un progrès magnifique.

Les hommes, genre dominant de l'époque féodale comme de l'époque industrielle, ont subi cette révolution. Mais ont-ils fait la leur ?

Un collègue me présentait, il y a 20 ans, son travail sociologique sur l'émergence de 4 rôles-types de femmes, ce qu'il appelait "archétypes" en s'inspirant de Jung. Nous avions cherché ensemble si nous en observions d'équivalents pour les hommes. De mémoire, nous n'en avions trouvé qu'un, que j'avais baptisé le "casque bleu" ; d'autres l'ont mieux identifié et nommé comme le "cowboy". Il ne couvre tout de même pas 100% de la population masculine.

Je lisais quelque part des résultats d'une étude sur des hommes violents envers leur femme, au Mexique. Le point commun qui ressortait de ces cas individuels était la peur. Des jeunes hommes placés dans un rôle de chef de ménage, de supérieur d'autrui, d'amant, de responsable de famille, auquel rien ne les avait préparé. Et ils n'avaient personne à qui en parler, avec qui échanger. L'angoisse devant ce rôle hors de leur mesure poussait certains vers la violence. Une violence tolérée, dans une certaine mesure, par la société, et qui affirmait au moins une forme, primaire, de supériorité.

Peut-être qu'en France aussi, pas seulement au Mexique, nous avons besoin de redécouvrir, de réinventer le rôle des hommes.