Bernard-Henri Lévy m’a récemment appris comment se perçoit la gauche en France, mais c’est André Bercoff qui m’avait appris ce comment se voit la droite. Avec son merveilleux

« …le pouvoir qui, osons le dire, nous revient de droit… »,

dans l’essai « De la reconquête » qu’il signa Caton. Essai qui fut unanimement attribué à un grand politique ou intellectuel de droite, horrifié par le mitterrandisme — c'était en 1983.

Autant dire que s’il reçoit mon candidat à la présidentielle, dans son émission "Moi président" sur Sud Radio ce 21 décembre, je l’écoute avec le plus grand intérêt.

Donc, là tout de suite, je l’écoute, en podcast depuis une chambre d’hôtel de Doha où un surbooking d’avion m’a envoyé… en prenant des notes, et en tremblant comme au cinéma quand le patron des services secrets attend derrière le mur le passage du héros. C’est parti.


André Bercoff présente « un candidat à la présidentielle comme je les aime : hors norme. Il est capable de dire ce qu’il fait et de faire ce qu’il dit. J’ai fait il y a quelques années une fiction politique pour un hebdomadaire : je me suis demandé qui pourrait diriger une insurrection pacifique, deux millions de personnes qui vont vers l’Élysée… Qui ? Il a marché plusieurs milliers de kilomètres : c’est Jean Lassalle.

Il n’est pas là pour amuser la galerie. Il a un programme très précis, dans un livre que je vous conseille vraiment de lire, « Un berger à l’Élysée ».

On a discuté avec des amis, eh bien c’était Jean Lassalle, qu’à l’époque je ne connaissais pas, mais j’avais suivi son parcours.

Vous vous présentez avec la conviction de réussir, d’aller jusqu’à l’Élysée, et pourquoi ? »

JL : "J’avais deux alternatives ou plutôt trois.

L’une était de continuer à suivre François Bayrou, mais depuis les deux derniers quinquennats, je voyais bien que notre projet ne correspondait plus à la situation du pays, pas plus que ceux des autres partis d’ailleurs.

J’avais la possibilité de me retirer, et il y a pire sort que d’être retraité député. Et en me regardant, je me trouvais une gueule de salaud.

Tu as traversé, grâce à la République, les 60 ans de paix qu’a connu notre pays, et tu t’en vas au moment où le ciel devient plomb, annonciateur de très violents orages ? À ce moment-là, les démocrates se taisent… et laissent le soin de parler à ceux qui ont des solutions faciles… dont on sait malheureusement où (elles) ont pu nous conduire.

Je ne pouvais pas faire autrement que d’exprimer ce que je ressentent ceux que je rencontre sur ma route."

AB : "Je comprends cette motivation, mais après il y a le problème des moyens, les partis, la machine écrasante… Vous avez jaugé les moyens ? Quand je suis allé il y a 8 mois suivre la campagne d’une certain candidat américain, tout le monde me disait « on parie pas un kopeck sur ce type ». Certes, lui était milliardaire… C’est pas votre cas ! Mais personne n’y croyait « : « il fait ça pour faire sa publicité, après il va disparaître… »."

JL : "Vous êtes le seul à qui j’entends dire depuis bien plus d’un an, que Trump serait Président et je vous ai entendu batailler contre des tablées entières. Dire « il sera le Président, parce qu’il a une attitude que recherchent les Américains aujourd’hui. » Et je vous ai vu faire mieux : vous êtes le seul à qui j’ai entendu dire que la présidentielle en France allait se tenir sans Juppé, sans Sarkozy et, ce que personne ne croyait, sans Hollande."

AB : "C’est très gentil, mais retournons à vous… il y a quand même des obstacles !"

JL : "On ne prend pas une décision de cette importance sans penser au terrible chemin qui m’attend, avec tous les dangers… et aussi à ce que je vais faire dès mon élection. J’y vais pour gagner, pour la simple et bonne raison que je n’ai jamais perdu, jusqu’à ce jour, je suis le seul des candidats en lice à avoir toujours été retenu par mes concitoyens. Et je suis le seul à avoir créé ma propre entreprise pour être indépendant. Je n’ai pas d’argent, mais faut-il 30 millions d’euros pour être élu Président ? La démocratie n’a t-elle pas besoin d’un peu plus d’humilité, de dignité quand la moitié des ménages a leur compte à zéro ?

Ce que j’ai voulu conduire, c’est une démarche qui, si je touche le cœur de ceux qui nous écoutent, me conduira à l’Élysée et me permettra de trouver les moyens.

Mon père, qui était berger, ne pouvait raconter que des histoires de berger : « Si tu restes au lit, tu ne vas pas trouver grand chose. Tu n’auras pas de gros embêtement, sauf risquer de te casser le col du fémur en en descendant. Mais si tu te mets en route, parce qu’une situation t’apparaît inadmissible, le chemin peut te conduire sur une verte vallée ou au fond d’une combe… Réfléchis jusqu’à exaspérer tes proches. Si la décision est oui, pars et ne te retourne pas. Creuse ta propre voie. »

C’est un système qu’il faut changer. On ne peut pas imaginer, en 2017-2018, faire tuer toute notre jeunesse, nos femmes…"

AB : "Pourtant ça nous pend au nez si on ne fait pas attention."

Philippe, auditeur : "Jean Lassalle représente une vraie démarche démocratique. Il écoute, il est allé au-devant des gens, sa Marche m’a séduit… il donne du relief à cette campagne. La possibilité d’avoir un député qui écoute, qui connaît les problèmes, j’y crois."

AB : "Tous les hommes politiques disent qu’ils écoutent !"

Philippe : "La différence c’est que Jean le fait ! La différence c’est sa personnalité, son épaisseur, qu’on ne retrouve pas chez d’autres politiques, et j’en ai rencontré quelques-uns."

André Bercoff : "Jean Lassalle, vous avez des soutiens, mais vous ne passez pas dans les médias."

Jean Lassalle : "Merci. Je ne pensais pas que le pays des droits de l’homme en était arrivé à ce niveau d’ostracisation des candidats qui ne font pas partie de la nomenklatura. C’est un signe que la France a peur d’elle-même. Bien que député, alors qu’Emmanuel Macron n’a aucun mandat, je suis le champion des rendez-vous décommandés 5 minutes avant par les très grandes stations."

André Bercoff : "Chez nous, Sud Radio, nous nous engageons à faire parler tous les candidats. Mais nous sommes une radio privée, c’est étonnant que le service public ne le fasse pas !"

Jean Lassalle : "C’est d’autant plus scandaleux. Quand on veut faire prendre le virage qu’il faut à ce pays… la République (ne donne plus de place) qu’à trois ou quatre candidats. Les partis apparaissent comme des mafias qui font et défont les carrières des élus. C’est vrai pour les grands intellectuels : des hommes qui font des millions de vues sur les réseaux sociaux, dont les livres se vendent par centaines de milliers, sont totalement interdits de télévision, de journaux !

Ce que je tente, c’est un peu ce que vous avez envie de tenter."

Arnaud, auditeur : "Les partis, des mafias ? Je partage absolument cette opinion. Je vais avoir 37 ans, je n’ai connu que la crise. Cette situation, on doit l’imputer au système politico-médiatico-financier en place. Le livre qu’a écrit M. Lassalle fait un diagnostic particulièrement poignant et particulièrement vrai. On ne peut pas se permettre, avec toutes les tensions dans la société, de n’avoir qu’un M. Fillon ou un M. Macron téléguidés par les clubs de milliardaires, ou une Mme Le Pen téléguidée par Moscou !"

AB : "C’est votre opinion Arnaud ! Vous avez été dans un parti politique ?"

Arnaud : "Au Parti socialiste quand Mme Royal a essayé de faire émerger la démocratie participative. J’ai cru comprendre que c’était ce que proposait Jean Lassalle et c’est pourquoi je suis de très près son parcours."

AB : "Jean Lassalle, à chaque présidentielle des gens arrivent et disent « mon ennemi c’est la finance, je vais résorber le chômage… »,… mais les chômeurs sont 6 millions, le dernier budget en équilibre c’était en 1974, la dette est de 2000 milliards, il suffit d’une hausse des taux d’intérêt pour qu’on soit dans le marécage."

JL : "Vous avez du mérite d’avoir trouvé mon livre ! Il a un diffuseur, Interforums, qui ne le diffuse pas ! Il envoie aux libraires le listing des livres qui ont sortir : tous figuraient sauf le mien, j’ai vérifié avec l’éditeur. Sud-Ouest fait un sondage Oxone (sic : Elabe ? Odoxa ?) sur les présidentielles, avec une vingtaine de personnalités dont la moitié n’est plus candidate… Mon nom n’y est pas… J’ai cherché à joindre Oxone, pas de téléphone. Il y a un mail ? Sans réponse. C’est tout un système qui ne va pas. Ce pays est devenu une dictature, sur fond d’URSS finissante. Je demande à ceux qui m’écoutent : réagissez. Pacifiquement. Ne laissez pas faire.

Il faut un changement total d’état d’esprit. Il faut retrouver le peuple. Nous avons tout fait sans lui depuis 30 ans. J’invite tous les candidats à dire la vérité, non pas à se battre sur l’écume des choses, mais : quelle est la nature de la dette ? Qu’est-ce qui est vraiment dû ? Qu’avons-nous à faire des fonds de pension américains, de l’immense Qatar ou de l’Arabie Saoudite ? Quelle est la nature des accords que nous avons avec eux ?"

AB : "Avant de revenir au programme, à vos pistes, j’ai été très frappé que, quand il s’est agi de fermer une usine, comme à Florange… vous, vous aviez une usine qui voulait partir, vous avez fait une grève de la faim, vous avez gagné. L’usine est toujours là. Qu’est-ce qui vous a amené à faire ça ?"

JL : "J’ai voulu, chaque fois que j’ai posé un acte symbolique de cette ampleur, alerter nos concitoyens sur un système qui nous brise. J’ai eu la chance d’avoir une couverture médiatique extraordinaire. J’ai posé un acte local sur un problème national."

AB : "Comment peut-on regagner la confiance des Français, quand ils ont l’impression que depuis des années, les politiques disent des choses et ne les font pas ? En disant « ce n’est pas nous, c’est la mondialisation, les terroristes, les Chinois, etc. »"

JL : "Les politiques ont perdu la dignité, l’honneur. Les Français disent : « vous êtes comme le chiendent, on vous bat comme député en juin, vous revenez sénateur en septembre ! ». Un Président continue à gouverner le pays avec 8% d’opinions favorables… ce ne serait possible dans aucun autre pays.

Comment la France, 5ème puissance du monde, apparaît enchaîné, ne peut prendre aucune initiative sans aller voir Mme Merkel, M. Obama ou Mme Lagarde ? N’est-elle qu’une petite région d’un monde conduit par la finance mondialisée ?"

AB : "Beaucoup de gens diront qu'on est une puissance moyenne, résignons-nous…".

JL : "Est-ce que l’on dit qu’Israël est un petit pays ? Que le Royaume-Uni est devenu une petite région ? Mais en France, nous avons laissé accréditer cette idée !

C’est un grand problème, en plus de la crise économique et sociale : ne plus savoir avec qui nous avons un destin commun à partager. Quand une famille ne va pas bien, le père de famille doit réunir la famille. On ira ameuter tout le quartier quand ça ira mieux.

Le peuple, instruit, reprendra des décisions. Je le consulterai fréquemment. (Mais) les citoyens aussi doivent se remuer. S’ils ont envie de continuer à gober… qu’ils ne se plaignent pas."

Extraits et reformulations ; la vraie version c'est le podcast.