Je n'ai rien publié ici[1] sur la guerre que mène notre armée en Libye : je ne connais rien au pays, et ai l'impression que l'essentiel a été dit et bien dit, notamment par les porte-paroles du MoDem.

J'avais appelé le 22 février à une intervention humanitaire immédiate.

Ma voix est bien petite :-( ... Les massacres, les bombardements de civils, la purge violente dans l'armée ont eu lieu les semaines suivantes. Les manifestations de Tripoli ont disparu. Les partisans du dictateur ont pu faire ressortir devant les caméras des foules porteuses de petits livres verts. Les mercenaires et soldats du dictateur ont repris la quasi-totalité du pays.

Alors, BHL est arrivé, et nos avions, canons, forces spéciales, hélicoptères, ont entrepris de transformer les résidus de la rébellion, en représentation légitime de la Libye, et, inch'Allah, en tempête du désert.

C'était honorable, mais prétentieux.

J'espère toujours que ça marchera, mais regrette, quelque soit le résultat, qu'il soit si cher payé, en particulier en termes de crédibilité du droit international. Le Conseil de Sécurité a été au minimum instrumentalisé, au pire arnaqué, et tout ce qui sape son autorité m'inquiète.

Bref… je découvre aujourd'hui que Ludovic Monnerat a repris son blog le temps d'un billet, le 20 mars. Dès les premières heures de l'opération, il livrait une analyse que rien depuis n'a démenti :

Libye : une odyssée sans fin ?

... Le déploiement en cours ... ne laisse aucun doute sur (la) capacité (de la coalition) à maintenir cette zone d'interdiction aérienne qui couvre une grande partie de la Libye. ... Les objectifs de l'opération - imposer cette zone de non-survol et empêcher l'écrasement des rebelles - semblent donc à portée de main.

(Mais de tels objectifs) visant à contenir un adversaire, ... lui cèdent par avance toute initiative et s'inscrivent nécessairement dans une dimension temporelle particulièrement extensible. Il suffit à Kadhafi d'être patient, de mener sa guerre de l'information, d'exploiter les frappes pour consolider son pouvoir, et ainsi d'user la résolution comme la patience des capitales occidentales. ...

Est-ce que les forces armées occidentales se sont engagées dans une odyssée sans fin ? ... C'est déjà la recherche d'une solution politique négociée qui semble la seule manière de l'éviter.

Notes

[1] Sinon des réflexions rétrospectives.