Cher(e) ami(e),

Avec quelques mois de retard, c’est un plaisir de te dire ou redire combien j’avais été heureux de retrouver l’atmosphère, amicale et constructive, des Universités de rentrée à Guidel.

J’avais pu y échanger un instant avec le Secrétaire général Marc Fesneau sur nos démarches différentes avant cette présidentielle : différentes puisque lui soutenait Alain Juppé et moi Jean Lassalle, mais visant, je le crois, le même but.

J’imaginais Alain Juppé nettement battu au 2ème tour par Marine Le Pen ; Jean Lassalle voyait Alain Juppé battu au 1er tour de la présidentielle : nous avons tous deux eu tort, puisque sa candidature n’a même pas mobilisé 2 millions de Français. Ma voix ne lui aura pas suffi ;-) et la tienne n’y aura, ou n'y aurait, rien changé non plus.

Sans doute Alain Juppé, et son pourtant brillant conseiller Gilles Boyer, n’ont-ils pas perçu la force de la volonté de changement dans notre pays. Cette volonté de changement, nous l'espérions depuis le début des années 2000 (toi depuis plus longtemps peut-être !) ; elle est arrivée, mais orientée vers le FN, depuis 2009-2011 ; elle cherche, en vain pour l’instant, son champion.

Tu vois très bien à quel point François Fillon, qualifié à l’estime, est pourtant aux antipodes des attentes populaires. Tu perçois sans doute les faiblesses de Marine Le Pen, qui à force de tactique pourrait laisser s’étioler l’élan militant et sympathisant dont elle bénéficiait. Tu sais les limites de Jean-Luc Mélenchon malgré sa bonne volonté, et parfois sa volonté tout court. Sans parler des doublures de François Hollande, qui ne répondent guère qu'à leur attente propre.

Comme tu le sais si tu suis un peu ce blog, j’ai participé assez activement à la campagne de Jean Lassalle.

En contact avec lui depuis juillet, j’ai été constamment impressionné par le niveau d’exigence que lui et son équipe manifestent sur tous les sujets ; comme par la qualité de relation entre les gens, aussi différents soient-ils les uns des autres.

Depuis la candidature d’Emmanuel Macron et l’échec d’Alain Juppé, je dois reconnaître que Jean Lassalle s’est montré bien meilleur analyste politique que tous les autres dont moi-même. J’ai aussi dû reconnaître que sa référence au baromètre « Gov », dont beaucoup souriaient et dont la solidité me semblait douteuse, était statistiquement très bien fondée.

Sans doute certains au MoDem, usés par les marches ou les contremarches, sont-ils prêts à soutenir des candidats à l'opposé de leurs convictions profondes. Mais depuis neuf ans, j’ai pu constater la capacité des démocrates à apprécier sur le fond les personnes et les situations. À rebours, quand il le fallait, des conventions et du qu’en dira-t-on.

Les surprises de la fin 2016 ont pu déstabiliser bien des calculs. Au moins, la route a rarement été aussi ouverte pour réaliser les changements profonds dont le pays a besoin. Pour que la France retrouve sa place dans le monde. Pour chasser les spectres du nationalisme et des totalitarismes. N'est-ce pas la raison même de notre engagement démocrate ?

Je me réjouis que toi et moi ayons l’occasion de prendre part à ce combat pacifique, et je te souhaite de saisir cette occasion toi aussi !