Non seulement les principales valeurs fondatrices de l'école trouvent encore un écho dans la société, mais les Français estiment qu'en douze ans le fonctionnement de l'enseignement s'est amélioré. Ils n'étaient que 37 % en 1984 (après, il est vrai, d'importantes manifestations en faveur de l'école privée) à trouver que l'école allait bien ; ils étaient 42 % en 1988 (alors qu'explosaient les difficultés du système à mettre en oeuvre les objectifs du slogan « 80 % d'une classe d'âge au bac ») ; ils sont 52 % aujourd'hui. L'école reste l'institution fétiche de nos concitoyens.

C'est à elle qu'il faut consacrer le plus de moyens (67 % des personnes interrogées), devant la santé (51 %) ou l'aide sociale (47 %). Loin de penser que les fonctionnaires de l'éducation représentent de la « mauvaise graisse », 56 % des Français estiment qu'il faut s'attaquer en priorité au « nombre insuffisant d'enseignants ». Leur travail encourt peu de reproches, puisque 63 % des Français le jugent assez satisfaisant et 11 % très satisfaisant.

C'était à l'automne 1996, et c'est quelqu'un du MoDem qui a retrouvé l'article, dans Le Monde, sous la plume de Michel Delberghe et Béatrice Gurrey.

Ce sont des chiffres que j'ai cherchés en vain il y a quelques années : François Bayrou fait fréquemment référence à cette étude. Il y a là selon lui une leçon politique essentielle : les politiques qui donnent les meilleurs résultats ne sont pas les plus bruyantes.

Au sujet de l'école, les va-t-en-guerre de gauche et de droite multiplient les déclarations de guerre : non au collège unique ! non au financement public de l'école privée ! non à la dictature des maths ! non aux filières (G2, ES, etc. selon l'époque) ! non à la carte scolaire ! etc. Combats symboliques, voués à rester sans effet, sinon celui de souder un camp contre l'autre.

Mais ils sont d'accord entre eux sur un unique sujet : "François Bayrou n'a rien fait… Il a passé son temps à négocier avec les syndicats… Il n'y a aucune grande réforme qui porte son nom… et quand il a essayé de changer quelque chose (loi Falloux), ça a capoté dans les grandes largeurs".

Ce à quoi inlassablement François Bayrou répond : ce que j'ai fait a marché, et si ça a marché, c'est parce que j'ai négocié, parce que je n'ai pas prétendu faire une "grande réforme Bayrou", parce que je me suis intéressé (quitte à entrer en conflit avec les deux Présidents de la République successifs), non à la télé, mais à ce qui se passait dans les classes, aux attentes des parents, des élèves et des enseignants.

Et les réponses des parents à cette enquête en témoignent : ma politique scolaire a réussi.

En 2006, François Bayrou a demandé au conseiller-internaute que j'étais de retrouver… la source de cette enquête qu'il citait de mémoire, année après année. J'ai cherché, je n'ai pas trouvé, et j'ai même fini par me demander s'il n'avait pas un peu survendu un p'tit sondage qu'il aurait trouvé sur un coin de table, et qui aurait grandi d'année en année par les vertus du souvenir.

Au temps pour moi !