Nous venons d'entamer la discussion interne, à Engagés pour Argenteuil, sur les élections européennes. Mais le parti dont nous venons, le MoDem, ne nous a pas attendus ;-) et publie, avec son partenaire UDI, ses "12 propositions pour l'Europe". Je vais essayer de les commenter une par une en commençant par la première.

Nous proposons que la priorité européenne soit dorénavant l’investissement et le développement d’une politique industrielle ambitieuse et innovante : nous voulons favoriser l’offre, stimuler les activités créatrices d’emplois et favoriser l’essor de grands champions européens.

Tout à fait d'accord sur la priorité à l'investissement, c'est-à-dire à préparer l'avenir, à remettre l'Europe dans la course alors que le monde s'est transformé, un peu sans nous, depuis 20 ans.

Tout à fait d'accord aussi sur la création d'emplois.

Mais comment ?

Les mots de "politique industrielle ambitieuse et innovante", de "favoriser l'offre", de "grands champions européens", sonnent comme un mirage passéiste, celui d'un retour aux conglomérats des années 60 — mais dans les années 60, les industriels investissaient leurs bénéfices ; aujourd'hui, les milliards que prêtent la BCE aux banques vont grossir leurs bilans sans se transformer en investissement réel. Bref, ces termes sonnent comme la promesse de cadeaux aux gros au détriment des innovateurs, des consommateurs, des entrepreneurs.

Et les financements multinationaux de l'économie risquent de détourner les fonds, des projets les plus utiles, vers ceux les plus poussés par les lobbies transnationaux. C'est l'inverse de la subsidiarité, pourtant un principe fondamental de la construction européenne.

Et une fois le projet lancé, difficile de l'arrêter, tout le monde remet au pot ou au gouffre pour ne pas trahir la confiance commune donnée au présumé champion. L'A380, Galileo, l'Eurofighter, ITER… sont peut-être de bons exemples de ce type de gabegie.

Tout ceci étant dit, il peut être utile de sortir certains projets transnationaux des réglementations nationales pour faciliter leur réalisation pratique (sinon, les délais différents liés aux procédures différentes sont source de gaspillage). Réunir leurs financements dans un même fonds est alors utile.

Mais ce type d'initiative ne peut avoir qu'un rôle limité dans la politique économique.

Le rôle de celle-ci, c'est d'abord de créer les conditions pour encourager l'économie réelle, l'esprit d'entreprise, la création… l'investissement.

Pour cela, la politique économique doit :

  • combattre le ralentissement de l'économie par les cartels, monopoles et oligopoles privés ou publics ;
  • imposer aux acteurs économiques le respect des droits des personnes (accessibilité, non-discrimination, transparence…) ;
  • dissuader la pure spéculation financière et la création de fausse monnaie (à partir de produits dérivés…) ;
  • établir une taxation homogène entre pays et prévisible sur plusieurs années ;
  • revoir en permanence la formation des jeunes et des adultes au regard des mutations des outils de travail ;
  • fermer les frontières aux paradis fiscaux.

C'est cela, pour moi, une politique favorable l'investissement et à l'emploi.