Le déchoukage express de Delphine Batho, et hier la lettre à-plat-ventriste[1] de Christine Lagarde, rappellent au citoyen de quoi la politique est faite : une lutte ininterrompue pour obtenir les moyens, l'argent, l'audience, la bienveillance du chef, les moyens de continuer à exister.

Ces épisodes me rappellent aussi mon histoire préférée de Thomas More — l'auteur de L'Utopie, juriste et homme politique anglais — et c'est de circonstance, car c'est aujourd'hui la saint Thomas[2].

Grâce à la faveur du roi Henri VIII, Thomas s'était enrichi. Il avait pu, en particulier, acheter une propriété en bord de Tamise. Un jour, le roi lui-même y vient lui rendre visite, et le prend à la bonne. Quand il repart, Thomas le raccompagne jusqu'à la barque royale ; le roi, qui était grand, marche le bras sur les épaules de Thomas.

Le roi parti, la maisonnée s'émerveille de l'affection qu'il a montrée au paterfamilias. Son gendre le félicite : quelle grande chose, que le Roi vous ait pris familièrement par le cou !

Thomas répond : si ma tête pouvait valoir au Roi un château en France, elle tomberait sur l'heure.

Notes

[1] "À-plat-ventrisme" est un néologisme de feu Thomas Sankara, si mon souvenir est bon. C'est de circonstance, donc.

[2] Un autre Thomas en l'occurrence, réputé avoir porté en Inde la bonne parole de Jésus.